Franceinfo - le mercredi 21 mars 2018
Harcèlement de rue, prescription, âge du consentement... Une large majorité de Français favorable aux mesures du gouvernement contre les violences sexuelles
Selon un sondage Ifop pour viehealthy.com, les mesures du projet de loi de Marlène Schiappa contre les violences sexuelles bénéficient d'un fort soutien dans l'opinion publique
Un soutien clair et net. Selon un sondage Ifop pour viehealthy.com, une forte majorité de Français soutiennent les principales mesures du projet de loi de Marlène Schiappa contre les violences sexuelles, que la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes doit présenter mercredi 21 mars. L'allongement du délai de prescription pour les viols sur mineurs, la pénalisation du harcèlement de rue et l'instauration de l'âge minimum du consentement sexuel à 15 ans recueillent respectivement 92,90 et 69% d'opinions favorables.
"Globalement, ce projet de loi fait l'unanimité dans l'opinion", constate François Kraus, directeur du pôle politique/actualité de l'Ifop. "Cela relativise l'impact des polémiques qu'il y a eu ces six derniers mois" sur le harcèlement de rue ou l'âge du consentement, ce seuil en-deça duquel un mineur ne pourra être considéré comme consentant à une relation sexuelle avec un majeur – permettant des poursuites pour agression sexuelle ou viol.
Consensus autour de la prescription et du harcèlement de rue
Dans le détail, 71% des personnes interrogées sont "très favorables" à l'allongement à 30 ans – au lieu de 20 – du délai de prescription pour les viols sur mineurs, 21% "assez favorables", 5% "assez opposées" et 3% "très opposées". Cet allongement avait été recommandé début 2017 par une mission coprésidée par un magistrat et par l'animatrice Flavie Flament, qui avait révélé avoir été violée dans son adolescence.
Conformément aux propositions d'un rapport parlementaire sur le harcèlement de rue, le gouvernement a décidé de créer une infraction d'"outrage sexiste" pouvant être sanctionnée d'une amende de 4e classe – allant de 90 à 750 euros – pour sanctionner les comportements déplacés. Pour la pénalisation de tels "faits de harcèlement subis par les femmes dans l'espace public", que ce soit dans la rue ou dans les transports en commun, 53% des Français sont "très favorables" et 37% "assez favorables".
Un soutien moins marqué pour l'âge minimum du consentement
Le soutien est moins franc pour "la fixation à 15 ans de l'âge minimum pour le consentement à un acte sexuel" : 31% des sondés sont "très favorables" à cette mesure, 38% "assez favorables", 17% "assez opposés" et 14% "très opposés". Ce point est au cœur du débat depuis plusieurs mois, après deux affaires très médiatisées, dans lesquelles des fillettes de 11 ans avaient été considérées comme consentantes par la justice.
Le Planning familial estimait qu'une telle mesure risquait de "limiter la liberté sexuelle des jeunes". Les principaux syndicats de magistrats ont également mis en garde contre "des condamnations automatiques" qui découleraient d'une "présomption de culpabilité". "Certaines craintes ont pu imprégner l'opinion publique", estime François Kraus, en évoquant le cas de parents d'enfants de 18 ans, inquiets d'une sentence "automatique" à l'encontre de leur progéniture en cas de relation avec une mineure de moins de 15 ans.
L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 014 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 1er au 2 mars 2018.
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