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L'AIR DU TEMPS

Aller sur Mars, est-ce bien raisonnable ? titre la Tribune - Le Progrès du dimanche 13.02.2011

 

La réponse est simple à apporter : non, car si, de l'avis de nombreux experts, les hommes - à commencer par les Américains - possèdent grosso modo la technologie nécessaire pour expédier quelques-uns de leurs congénères sur la planète rouge, il en va tout autrement des moyens financiers.

Surtout en cette période de crise qui conduit à revoir nos ambitions à la baisse, à l'image du budget de la Nasa sévèrement amputé au cours de ces dernières années.

Or, envoyer des hommes sur Mars aurait un coût à proprement parler astronomique. En 1989, les experts américains estimaient le prix d'un tel programme à la bagatelle de 450 milliards de dollars sur une période de trente ans. Chiffre, depuis, revu à la baisse mais toutefois estimé à, au moins, 50 milliars de dollars.

Un voyage très risqué

Sans parler du coût humain. Car, outre la durée des vols (500 jours) et les risques qu'elle représente si l'on pense aux possibles accidents provoqués par les vents solaires, les météorites, sans compter l'éventualité de pannes techniques, un autre facteur doit être pris en compte.

En effet, au cours du vol comme lors de leur séjour sur la planète rouge, les astronautes seraient soumis à des rayonnements et à des radiations susceptibles de mettre leurs vies en danger, sauf équipements spéciaux.

Un intérêt limité

Enfin, on peut aussi légitimement s'interroger sur l'intérêt de ces vols habités à ce moment précis de l'histoire de la conquête spatiale. Lors d'une conférence prononcée en juillet 2010, Jacques Blamont, membre de l'académie des sciences, constatait que la connaissance scientifique de notre système solaire ne nécessitait pas forcément la présence de l'homme dans l'espace.

"Le programme Appolo qui a envoyé 17 hommes sur la lune n'a produit que des images analogiques inutilisables par la science, alors que la sonde Clémentine lancée en 1994 et ne pesant que 250 kg a fourni une cartographie digitale complète permettant d'établir des cartes de la composition chimique du sol".

Sonde clémentine en 1993 avant son lancement

Mais rêver est aussi une nécessité

Reste que la part du rêve ne doit pas être négligée pour autant. Les politiques l'ont d'ailleurs bien compris qui, depuis l'origine, ont fait de la conquête spatiale un très efficace outil de propagande.

On se souvient, à ce propos, du spoutnik, des premiers pas de l'homme sur la lune ou, plus près de nous, du premier vol habité chinois.

22 ESPACE

En attendant, Mars continue de susciter des ambitions. Les Américains et les Russes n'ont pas abandonné l'idée et l'Europe, par le biais de son agence spatiale, l'envisage aussi. Mais à condition de partager les frais avec un partenaire.

Les Chinois se verraient bien aussi tenter l'aventure. De même que les Indiens. On devrait en reparler entre 2030 et 2050

 



14/02/2011
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