Généalogie - Articles
Franceinfo - le samedi 30 mai 2020
"C'est important, il me manque une partie de moi" : interdits et pourtant largement pratiqués, faut-il légaliser les tests ADN généalogiques en France ?
Les tests génétiques généalogiques dits "récréatifs" font partie des sujets en débat dans le cadre du projet de loi sur la bioéthique
Une illustration d'un kit de prélèvement pour un test ADN, à Washington aux Etats-Unis, le 19 décembre 2018. (ERIC BARADAT / AFP)
Catherine franchit le pas début 2020. Sur le conseil d’une amie, cette ancienne professeure de 65 ans, aujourd’hui à la retraite, décide de réaliser un test génétique généalogique. "Je ne connais pas la moitié de mes origines, confie-t-elle. Je ne connais pas l’identité de mon père biologique et je voulais savoir si je pouvais retrouver une trace de lui." Comme Catherine, ils seraient 100 000 à 200 000 personnes, indique l'Inserm, à effectuer ces tests génétiques dits "récréatifs" chaque année en France.
Pour un prix allant de 60 à 100 euros, des entreprises, toutes étrangères, proposent à partir d’un prélèvement ADN de retrouver des membres inconnus de sa famille, de découvrir ses origines géographiques ou encore les maladies qu'il est possible de développer en lien avec ses gènes. "Les technologies de séquençage de l'ADN se sont énormément développées ces quinze dernières années, explique Paul Verdu, chercheur en génétique des populations humaines au CNRS et au Muséum national d'histoire naturelle. Les prix ont chuté pour une qualité de séquence grande, très grande."
Cette pratique reste interdite dans notre pays, ce qui n'empêche pas une popularité grandissante. Les tests sont facilement accessibles sur internet, l’utilisation des données génétiques par des entreprises étrangères se réalise donc sans encadrement de la loi française. Faut-il légaliser cette pratique ? La question a déjà été posée au Parlement, et reviendra sans doute.
Une interdiction "virtuelle" en France
Selon l’Article 16 du code civil, l’examen de caractéristiques génétiques ne peut être réalisé qu’à des fins médicales, scientifiques ou dans le cadre d’une enquête judiciaire. Seul un médecin ou un juge peut demander que de tels tests soient effectués. En ayant recours à ce type de service en dehors de ce cadre, on s’expose à une amende de 3 750 euros. Une sanction pénale qui n’est jamais appliquée selon François Molins.
Le procureur général de la Cour de cassation l’a révélé lors de son audition début 2020 par la commission spéciale du Sénat en charge de l’examen du projet de révision de la loi de bioéthique. Ce texte doit mettre à jour la législation sur des questions médicales et touche notamment à la recherche sur l’embryon ou à la procréation médicalement assisté (PMA).
Retour sur les épisodes précédents : à l’Assemblée nationale, en septembre 2019, un amendement est déposé par le député MoDem Bruno Fuchs pour "rendre possible la réalisation de test génétiques par des particuliers sans avoir pour fin une recherche scientifique ou un examen médical". Lors du débat, le gouvernement s’oppose à toute légalisation. L'amendement est retiré.
La commission spéciale du Sénat sur la loi de bioéthique propose à son tour l’autorisation de ces tests. "Aujourd’hui, cette interdiction des tests génétiques en accès libre sur internet est totalement virtuelle, affirme le sénateur centriste Olivier Henno. Pour le rapporteur du projet de loi au Sénat, "les données de millions de Français qui utilisent ces tests sont dans la nature sans aucun encadrement." L'amendement est rejeté également par les sénateurs.
Le débat n’est pas de savoir s’il faut qu’ils existent ou si on doit favoriser leur existence, ils existent !
Le débat n’est pas resté cantonné aux bancs du Parlement. Le monde de la recherche est directement touché par cette question. Dans une tribune dans le journal Le Monde, en octobre 2019, un collectif de chercheurs s’oppose à un changement de la loi sur les tests génétiques et appelle "à ne pas céder à une 'évidence technologique" en remettant "en cause un principe fondamental de l’encadrement législatif de la génétique en France".
Un besoin de parenté qui fait débat
"On a une culture très ancienne de protection par rapport à ces questions-là, indique Erik Boucher de Crevecoeur, ingénieur expert à la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés). Les législations de l’Union européenne sont très hétérogènes". En Europe, la France est cependant l’une des plus sévères, avec la Pologne, sur les tests génétiques "récréatifs".
Pour réaliser ce type de tests, il faut donc se tourner vers des entreprises étrangères, en grande partie américaine tel que 23andMe (proche de Google) ou AncestryDNA, mais aussi israélienne comme MyHeritage. C’est sur le site de cette dernière que Catherine, notre retraitée qui ne connaît pas son père, achète un test. Peu de temps après, elle reçoit une boite contenant un coton tige qu’elle doit frotter dans sa bouche. "J’ai regardé une vidéo sur internet pour savoir comment faire, c’était rapide", explique-t-elle. Le prélèvement effectué, elle renvoie le test dans une lettre à MyHeritage qui, un mois plus tard, lui donne les résultats par mail.
"C’est important, toute sa vie on se construit sur une jambe. Il me manque une partie de moi." Catherine n’est pas la seule à espérer retrouver des parents inconnus en réalisant ces tests. C’est d’ailleurs la principale promesse de ces entreprises qui peuvent vous mettre en relation avec des personnes de votre famille, plus ou moins éloignées, qui ont elles aussi fait ces tests. Une commerçante d’Aix-en-Provence s’est découvert une grande famille aux États-Unis dont plusieurs frères et sœurs, alors qu’elle se pensait fille unique.
"Il y a aussi des histoires inverses, nuance Catherine Bourgain de l’Inserm, au micro de franceinfo le 27 janvier 2020. Pour la chercheuse en génétique humaine et sociologie des sciences, il existe "des gens qui ne pensaient pas du tout revisiter leur histoire personnelle et qui, par la simple biologie, se retrouvent face à des histoires beaucoup plus compliquées que ce qu'ils n'avaient espéré." Les "tests ADN à visée généalogique relèvent du droit de chacun à connaître ses origines", argumente de son côté la spécialiste des tests génétiques Nathalie Jovanovic-Floricourt dans une tribune dans le journal Le Monde.
La connaissance de ses origines est un droit, reconnu notamment par les conventions de New York de 1989, relative aux droits de l’enfant, et de La Haye, de 1993, sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale.
"Ces tests génétiques, je suis en faveur, mais il faut qu’ils soient encadrés et gratuits", estime Guillaume Vogt, chercheur à l’Inserm. Il voit l’interdiction française comme contre-productive : "Comme c'est illégal, soit dans cinq ou dix ans tout le monde rompra la loi, soit on va décider d'autoriser les tests génétiques parce que tout le monde le fait. Qu'est ce qui va se passer à ce moment-là ? Les seuls capables de traiter massivement et de qualité ce sont des sociétés étrangères." Un retard pris qui est irratrappable : "Même le jour où on aura le droit en France, quand une société française voudra le faire, elle n'aura pas le temps et des entreprises étrangères vont aller pomper nos données françaises."
Des données génétiques sensibles et marchandisées
Car les données génétiques personnelles sont riches en information. "Donner accès à vos gènes, c’est un peu comme laisser votre téléphone non verrouillé sur une table dans un restaurant. C’est-à-dire qu’il y a dessus des informations que vous n’avez pas forcément envie de partager", avertit Erik Boucher de Crevecoeur.
Dans les nombreuses publicités sur internet, ou même à la télévision, les entreprises vantent la possibilité d’accéder aux progrès scientifiques de la génétique. Elles oublient souvent d’expliquer que l’ADN fera partie des banques de données de la société. "Les personnes qui réalisent ces tests ne sont pas forcément bien informées de ce que vont devenir leurs données, rappelle l’ingénieur à la Cnil. Souvent, il y a un gros manque de transparence par rapport à la réutilisation des données."
On constitue le fichier d'individus à travers leur ADN ce qui pose énormément de questions parce que ce sont des entreprises privées qui les détiennent. Et leur business model, c'est de vendre des données. Donc, toutes ces données qui sont extrêmement sensibles sont marchandisées. à franceinfo
Pour Erik Boucher de Crevecoeur, "malgré ce qui peut être marqué dans les conditions d’utilisation, il est très difficile d’anonymiser ces données. On ne va pas forcément rattacher votre ADN à une adresse mail dans le serveur de la société mais la donnée est tellement individuelle, et elle révèle tellement de choses par nature, qu’on peut vous réidentifier."
Catherine, la professeure retraitée à la recherche d’informations sur sa famille paternelle, ne s’est pas interrogée sur ce risque. "Cette recherche personnelle était tellement importante que j’ai mis de côté les questionnements, explique-t-elle. Après réflexion je me suis dit c’est dangereux et à la fois, j’ai déjà fait des tests ADN pour une maladie. Je suis déjà fichée donc tant pis." Le marché des données génétiques est en pleine expansion en particulier aux États-Unis. Le MIT Technology review estime que plus de 26 millions de consommateurs avaient ajouté leur ADN à quatre grandes bases de données commerciales, au début de l’année 2019. Deux ans plus tard, si le rythme de progression continue, 100 millions de personnes pourraient avoir donné leurs gènes à des entreprises privées. Une vraie mine d’or. À l’été 2018, 23andMe a signé un accord avec GlaxoSmithKline (GSK). Ce géant pharmaceutique a déboursé 300 millions de dollars pour avoir accès à une très grande partie des données génétiques de la société qui a récolté l’ADN d'au moins 3 millions de personnes.
La promesse d'informations clés pour la santé
En plus de proposer des révélations sur la parenté et les origines, les entreprises de tests ADN tentent de développer une troisième promesse, celle de découvrir des prédispositions ou non de certaines maladies. Par exemple, l’entreprise 23andMe a obtenu en 2018 l’autorisation par l’administration américaine de pouvoir tester les ADN de ces clients sur des risques de santé notamment en matière de cancer, explique le MIT Technology review.
Guillaume Vogt reconnaît que sur certaines maladies rares les données génétiques des sociétés privées peuvent être intéressantes. Le généticien cite l’exemple d’Israël où "il y a des pathologies qu'ils ont commencé à éradiquer en faisant du dépistage massif, en proposant aux parents de vérifier qu'ils n'étaient pas porteurs de mutations qui pouvaient causer une maladie rare". Mais cette information médicale doit être prise avec des pincettes et encadrée par des professionnels de santé, avertit le chercheur.
Ce n'est pas la peine de stresser quelqu'un si pour une maladie, 10% de la population est atteinte et que l’on retrouve chez vous une prédisposition génétique portant le risque à 11%. Cela fait peur mais pour un généticien ou un médecin, ça ne veut rien dire. à franceinfo
La méthodologie de ces tests ADN peut aussi être remise en question. "Ils vont séquencer les variations les plus fréquentes, indique le chercheur. Les autres qui sont des variations de cancers familiaux par exemple, ils ne peuvent pas les voir. Et donc, à monsieur tout le monde, qui n'est pas généticien, ils vont vendre des informations en disant que vous n'avez pas de risque familial, et c'est faux." Même réticence pour le généticien Paul Verdu. "Pour énormément de maladies, on est en pleine recherche et dans le spéculatif, explique le chercheur au CNRS et au Muséum national d'histoire naturelle. Pour l'instant, il y a beaucoup d'articles, mais rien n'est tranché. Et on est très, très loin de savoir comment ça se passe".
Une quête des origines hasardeuse ?
Le manque de fiabilité n’est pas dénoncé que sur les questions de santé. Les entreprises de recherche généalogique proposent à leurs clients de rentrer en contact, le plus souvent par mail, avec des personnes considérées comme ayant un lien familial, et qui sont dans les banques de données des sociétés. Mais "si l’on veut plus d’information, il faut payer en plus, déplore Catherine. Je voulais savoir absolument pour mon père, j'ai donc payé pour obtenir d'autres adresses mails. J’ai écrit à ces adresses mais je n’ai pas eu de réponse, et cela reste des petits cousins très éloignés."
"Pour des frères et sœurs issus des mêmes parents, honnêtement, on est assez bons pour les trouver, indique le chercheur Paul Verdi. En revanche, plus on s'éloigne dans l’arbre généalogique, plus la prédiction va être de très mauvaise qualité." Catherine a aussi eu le droit à des informations concernant ses origines géographiques : "C’était drôle, je suis plus de la moitié d’Europe du Nord ce qui peut-être l’Allemagne ou l’Ukraine. Une partie aussi de l’Italie et une partie du Moyen-Orient, ce qui m’a surprise." Cette catégorisation géographique est pour Paul Verdu l'un des problèmes majeurs de ce type de tests. "On mélange des choux et des carottes. Dans ces labels, il y a peut-être des lieux de naissance ou peut-être des lieux de résidence. On retrouve des catégories qui sont nationales et d’autres continentales." Certaines entreprises "travaillent un peu plus proprement sur ce sujet", reconnaît le chercheur, "elles vont vous proposer des données avec des taux d’erreurs". Mais pour lui, "ce n'est pas de la vérité génétique puisque par définition, c'est une approche statistique. On vous parle des histoires possibles, on ne vous parle pas de la vérité scientifique".
La loi de bioéthique devait être adoptée vers la fin du mois de mars mais la crise sanitaire bloque le travail législatif. Quand le projet de loi reviendra à l’Assemblée pour être examiné en seconde lecture la question de l’autorisation des ADN généalogiques dits "récréatifs" peut encore ressurgir. Le gouvernement va-t-il conserver le statu quo ? Frédérique Vidal, ministre de la Recherche, a estimé que la question des tests génétiques était l'un des sujets "les plus éthiquement intéressants de cette loi". Mais elle a pointé un niveau d'information donné aux Français "totalement illusoire" sur ces tests, et des risques de "changements de comportements". Elle a ainsi évoqué des gens qui demanderaient "un test génétique avant de se marier" pour voir par exemple si leur futur conjoint risque d'avoir la maladie d'Alzheimer. "Où on va ?, a-t-elle lancé. Sous prétexte que les Français ont envie de connaître leur génome, que c'est récréatif et que ça se fait ailleurs ?", ou simplement en quelques clics sur internet.
Franceinfo - le lundi 28 octobre 2019
On sait désormais où l'homme moderne, Homo sapiens sapiens, est apparu précisément en Afrique
Selon une étude publiée dans la revue "Nature", l'homme moderne serait né il y a 200.000 ans au Botswana, dans une région aujourd'hui désertique qui était à l'époque humide et verdoyante
La première "patrie" de l'homme moderne vient d'être localisée. Il s'agit d'une région d'Afrique australe, dans le nord de l'actuel Botswana, où notre ancêtre commun a vécu il y a 200.000 ans avant de migrer 70.000 ans plus tard, selon une étude internationale publiée lundi dans la prestigieuse revue Nature.
Remontant aux racines de notre arbre génétique, l'étude affirme avoir localisé pour la première fois la "patrie ancestrale" de l'homme moderne, Homo sapiens sapiens. "Nous savons depuis longtemps que l'homme moderne était apparu en Afrique il y a environ 200.000 ans. Mais nous ignorions jusqu'ici où se situait précisément cette patrie", a déclaré l'Australienne Vanessa Hayes, auteure principale, lors d'une conférence de presse.
Sur quoi les chercheurs fondent-ils leurs affirmations?
L'équipe de chercheurs a fondé ses travaux sur la généalogie génétique, qui permet de tracer des modèles de migrations. Elle a analysé 200 génomes mitochondriaux, marqueurs génétiques de la généalogie maternelle, prélevés sur des populations vivant actuellement en Namibie et en Afrique du Sud, une région d'Afrique depuis longtemps considérée comme étant l'un des berceaux de l'homme moderne.
Les tests ADN ont révélé la présence rare du plus ancien lignage génétique maternel, appelé "L0", encore porté par ces populations. "En observant ce lignage, nous nous sommes demandés d'où venaient ces personnes, où vivaient-elles? Nous avons donc étudié la dispersion géographique de ce lignage", explique Vanessa Hayes. "Nous avons fait des analyses spatiales pour remonter le temps, car à chaque fois qu'une migration intervient, c'est enregistré dans notre ADN, qui change. Il est comme une horloge de notre histoire", poursuit la généticienne.
En comparant les génomes, les chercheurs ont réussi à isoler un ancêtre commun qui était un ancien Khoïsan, peuple de chasseur-cueilleurs vivant toujours aujourd'hui. Selon l'étude, tous les hommes vivant actuellement en Afrique et hors d'Afrique, partagent ce même ancêtre.
Les Khoïsans, première communauté humaine moderne
"Je crois que nous étions tous des Khoïsans à un moment donné", affirme Vanessa Hayes. Ces Khoïsans, première communauté humaine moderne, auraient vécu dans la même région pendant 70.000 ans, sans en bouger. Comme le sait-on ? Parce que le génome est resté identique, sans diverger, de -200.000 ans à -130.000 ans environ.
La communauté aurait prospéré dans cette région (grande comme la Nouvelle-Zélande), située au sud du fleuve Zambèze, qui part de l'actuelle Namibie, traverse le nord du Botswana et va jusqu'au Zimbabwe. Aujourd'hui désertique - appelée le Kalahari - elle était à l'époque humide, verdoyante et luxuriante. Des analyses géologiques combinées à des modèles climatiques ont montré qu'elle abritait un immense lac, deux fois grand comme le lac Victoria, appelé Makgadikgadi, disparu depuis.
Le climat a ensuite commencé à changer, à la faveur d'une "modification de l'orbite terrestre", détaille Axel Timmermann, océanographe, co-auteur de l'étude. Le lac s'est disloqué, la région s'est peu à peu asséchée, et les populations ont commencé à migrer via des "corridors verts", en direction du nord-est, puis du sud-ouest.
Des descendants des Khoïsans vivent toujours sur place
Ces premiers départs ont ouvert la voie à la future migration des hommes modernes hors d'Afrique. Mais certains sont restés, s'adaptant à la sécheresse. Leurs descendants y vivent toujours, et sont restés chasseurs-cueilleurs. Du fait de ce mode de vie ancestral, Vanessa Hayes se doutait que ces Khoïsans portaient en eux cet ancien lignage.
Autre signe: ils parlent un langage "à clic", qui fait claquer certaines consonnes avec la langue. "Or nous avons que le langage à clic est le plus ancien", souligne la chercheuse. "Les Khoïsans qui vivent ici n'ont jamais quitté la patrie ancestrale. Eux savent qu'ils ont toujours été ici, ils se le racontent de génération en génération. Moi, je devais le prouver scientifiquement au reste du monde", se réjouit Vanessa Hayes, qui a mis dix ans à mettre au jour cette généalogie génétique. "C'est comme si on regardait un grand arbre, dont les Européens et les Asiatiques seraient des toutes petites branches au sommet", conclut-elle.
500 000 générations....
NOS TRÈS LOINTAINS ANCÊTRES
■ -6 millions d'années : La fabuleuse aventure des pré-humains est en route. Bientôt ils seront parfaitement bipèdes. Leur cerveau grandit, leur conscience se développe. lis fabriquent des outils, domestiquent le feu, inventent le langage articulé, découvrent les sentiments, deviennent artistes.
Organisés en clans, nos lointains ancêtres partent vaillamment à la conquête du monde. Cinq cent mille générations nous séparent de ces origines. Si certaines espèces, tels les Australopithèques ou les Néandertaliens, se sont éteintes, d'autres ont évolué pour finalement donner naissance, il y a 50 000 ans, aux Homo sapiens, nos grands-parents directs.
Tout a commencé en Afrique, là où ont été retrouvées les traces de lointains ancêtres de l'homme. En 2000, au Kenya, l'équipe de paléontologues dirigée par Martin Pickford et Brigitte Senut découvre les ossements d'un préhumain. Baptisé Orrorin, ce préhumain grimpait aux arbres, marchait sur deux pieds et mesurait 1,50 mètre de hauteur. Il serait mort sous les griffes d'un léopard. Son âge : 6 millions d'années. Sa découverte exceptionnelle a été le point de départ d'une remise en cause des théories sur l'évolution de l'homme. On suppose que la première divergence entre les grands singes et l'homme remonte à 8 millions d'années…
le Progrès du mardi 16 août 2016
SANTÉ - TESTS GÉNÉTIQUES EN VENTE LIBRE SUR INTERNET
L'ADN peut-il faire parler le passé et prédire notre avenir ?
Des sociétés assurent identifier grâce à vos gènes vos ancêtres ou évaluer vos risques pour une maladie. Mais que valent ces promesses ?
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avoir grâce à un simple prélèvement de salive qui étaient vos ancêtres : c'est la promesse sur laquelle surfent depuis quelques années des sociétés commerciales basées aux États-Unis. En France, la loi interdit les tests génétiques pour "convenance personnelle" (ils ne sont autorisés qu'à des fins médicale, scientifique ou pour une procédure judiciaire. La loi est floue sur les risques encourus à faire pratiquer hors de France ces tests "récréatifs").
Cependant, à l'exception de quelques sites internet, la plupart ne voient aucun inconvénient à expédier un kit de prélèvement à un client français. Après y avoir glissé sa salive et réexpédier le tout par transporteur privé, vous recevrez quelques semaines plus tard, par mail, un lien pour découvrir des éléments de votre génome, plus ou moins détaillés, selon le type de tests et la somme déboursée.
"On ne peut pas dire que vous descendez de Charlemagne"
Mais n'imaginez pas apprendre que Napoléon est votre aïeul direct. "Les tests sont beaucoup plus fiables qu'il y a quelques années mais les informations restent limitées. On ne peut pas dire à quelqu'un qu'il descend de Charlemagne mais simplement qu'il partage un certain nombre de gènes avec Charlemagne", explique David Cox, chercheur en génétique.
En fait, ces sociétés pistent des mutations génétiques apparues chez certaines populations au fil des migrations et utilisent un modèle statistique pour rapprocher le profil du client à celui de telle ou telle population. Vous apprendrez ainsi à quel "haplogroupe" vous appartenez, chaque haplogroupe réunissant des personnes ayant un profil génétique similaire et donc un ancêtre commun.
L'humanité compte environ 25 haplogroupes, désignés par les lettres de l'alphabet. En France, la probabilité la plus forte est d'appartenir, côté paternel à l'haplogroupe R, issu d'un homme vivant il y a 28 000 ans en Asie centrale, et côté maternel à l'haplogroupe H, issu d'une femme remontée du Proche-Orient en Europe il y a environ 22 000 ans, avant la fin de l'âge de glace. Mais certains Européens sont des descendants d'esclaves enlevés d'Afrique par les Romains... Tandis qu'une étude sur l'ADN de 89 habitants de Valognes (Manche) a montré que, si les Normands avaient bien des marqueurs vikings, ils avaient aussi des marqueurs d'Afrique du nord jouant "un rôle plus important que prévu".
Mais ces interprétations statistiques sont parfois fausses, car elles sont basées sur une localisation géographique moyenne et que des populations sont surreprésentées : celles des pays développés et de quelques peuples isolés très étudiés en anthropologie. Un enfant issu d'un mélange maternel espagnol et paternel grec peut ainsi être localisé chez les Italiens. C'est pourquoi les amateurs de généalogie font parfois appel à deux sociétés pour croiser les résultats.
Cousinades planétaires
En fait, le plus grand intérêt de la démarche réside dans la possibilité de se découvrir des cousins plus ou moins éloignés. Une fois votre ADN dans sa base de données, la société vous proposera d'entrer en contact avec les personnes qui "matchent le plus", c'est-à-dire dont l'ADN est le plus proche du vôtre. "Le plus intéressant, c'est quand on a un cousin vérifiable dans les actes, et le plus amusant, c'est de prendre contact pour faire de la généalogie ensemble", explique le journaliste Guillaume de Morant, auteur de Retrouver ses ancêtres par l'ADN (Autrement, 2009), qui a lui-même découvert qu'il descendait bien moins des Vikings que ne l'affirmait la légende familiale.
"Finalement, c'est un complément intéressant à la généalogie et cela nous révèle que nos racines nous sont complètement inconnues", estime Guillaume de Morant. Pour lui, la pratique prend "son essor tout doucement", même si les Français craignent des sanctions - peu probables - et il garde l'espoir que la législation devienne plus claire en la matière. Sylvie Montaron
le Progrès du dimanche 27 septembre 2015
ENCHERES - Les descendants de Louis XIII vendent leurs trésors de famille. Comment partager entre dix héritiers 232 oeuvres et meubles d'exception, vieux parfois de plus de cinq siècles ? Pour résoudre le problème, les Orléans, descendants du roi de France Louis XIII, on décidé de vendre au enchères les trésors de la famille chez Sotheby's, les 29 et 30 septembre à Paris. Certains objets remontent à Henri IV, qui régna sur la France de 1589 à 1610. Selon les estimations, la collection des Orléans pourrait atteindre 3 à 4 millions d'euros, et plusieurs records pourraient tomber en raison de la prestigieuse origine et de l'aspect unique de certaines oeuvres.
le Progrès du mercredi 2 septembre 2015
Quand le présent rejoint le passé...
DEMOGRAPHIE - La France aime toujours les bébés. Stabilité des naissances ces dernières années, selon l'INSEE. La natalité ne faiblit pas malgré la crise. Les maternités font le plein : plus de 2 200 enfants naissent en moyenne chaque jour. Plus de 800 000 bébés ont vu le jour en France en 2014.
Le nom du père à 83 %
La loi autorise trois configurations :
- le nom du père
- celui de la mère (mon aïeule, côté paternel, à la 6ème génération, aurait été dans ce cas-là)
- ou depuis dix ans, le double nom
Basée sur les statistiques de l'état-civil, l'Insee révèle que si 83 % des bébés nés en 2014 portent le seul nom de leur père, cette proportion s'élève à 95 % pour les enfants nés au sein d'un couple marié.
A l'inverse, seuls 7 % reçoivent uniquement le nom de leur mère (Mon aïeule, en 1834, étant veuve, a eu un enfant d'une personne non nommée, elle a accouché chez son père et était donc une "fille-mère". De ce fait, elle a transmis son nom de jeune fille à toute la lignée. Moralité, mon nom de jeune fille n'aurait jamais dû être "MURE" mais j'aurai dû porter un autre nom, en l'occurrence celui de cet illustre inconnu où pas...) .
acte de naissance de mon aïeul Georges MURE (5e génération), fis de Jeanne Marie MURE (6e génération)
Aussi, un enfant sur dix porte les noms accolés de ses deux parents, notamment si ces derniers sont nés dans des familles originaires du Portugal, d'Espagne ou des Pyrénées. (Mes fillottes auraient pu être dans ce cas. Nées d'un père Espagnol (oups, Catalan et d'une mère française, elle aurait pu porter les deux noms si elles étaient nées, à l'époque sur le sol espagnol. Etant nées en France, elle ont pris le nom du père).
Les danses
QUELQUES DANSES DU MOYEN AGE
La bourrée : est une danse traditionnelle de couple du centre de la France. Elle apparaît au XVIe siècle. Le nom de bourrée provient peut-être des fagots de petit bois qui alimentaient le feu autour duquel la danse était pratiquée Au XVIIe siècle, la bourrée développe une forme savante qui sera présente dans les bals et au théâtre : de Lully à Rameau, de nombreux opéras et ballets contiennent des bourrées. Mais sa grande vogue est surtout due à l'intégration du pas de bourrée dans les contredanses du XVIIIe siècle.
La courante : est une danse binaire à 3 temps avec reprises précédés d'une levée, et de tempo assez vif (moins rapide toutefois que ce que suggère son nom).Dans la suite de danses baroque, la courante est ordinairement précédée par l'allemande et suivie par la sarabande. La Gaillarde danse et composition musicale à rythme rapide à 3 temps (3/4). Elle est vive et gaie, très à la mode au XVI ème et XVII ème siècle. Elle se dansait dans la suite après la pavane.
La gavotte : serait une danse originaire de la région des Gaves, dans le sud de la France. D'autres la prétendent originaire de Gap. Quoi qu'il en soit, le nom a recouvert des réalités très différentes, dans des régions très diverses. La gavotte est une danse française d'origine populaire, en chaîne ouverte, à rythme binaire, gaie et à mouvement modéré ou assez vif. Attestée dès le XVIe siècle dans différentes régions de France, elle est introduite à la cour sous la forme d'une danse de couple et devient une danse de bal et de théâtre à la fin du XVIIe siècle
La gigue : est la dernière danse à être intégrée comme élément de base de la suite baroque. Elle se joue en principe en dernier lieu, après la sarabande, mais avec la possibilité d'intercaler entre elles certaines danses optionnelles, telles que menuet, gavotte, bourrée, passe-pied, rigaudon, etc. Lorsqu'elle n'est pas la dernière danse de la suite, elle précède le plus souvent une chaconne ou une passacaille
La Pavane : danse et composition musicale noble et lente à 2/4 (ou à rythme binaire). Très répandue au XVI ème siècle, la pavane était suivie de la gaillarde. Le nom de cette danse vient de l'italien "padovana" signifiant "qui vient de Padoue". Elle fait partie d'une suite instrumentale. Une danse à rythme ternaire et rapide lui succède sur le même thème (saltarello, tourdion, gaillarde). La volte est une danse de couple vive et tournoyante, en vogue dans toute l'Europe du XVIe siècle jusqu'au milieu du siècle suivant. Pratiquée tant à la cour qu'à la ville, répandue dans l'Italie du Cinquecento, la volte est décrite par Thoinot Arbeau dans son Orchésographie (1589), puis par Cesare Negri dans son traité Le gratie d'amore (1602) sous le nom de volta. Certains prétendent qu'elle est à l'origine de la valse.
Le branle : Au XVe siècle, le branle est l'un des pas constitutifs de la basse danse, ainsi que le nom d'une famille de danses dont l'origine remonte aux rondes du Moyen Âge. Aux XVIe et XVIIe siècles, les branles se diversifient et désignent un ensemble de danses collectives en chaîne ouverte ou fermée, progressant latéralement à gauche, de mesure binaire ou ternaire.
Le Saltarello (en français la saltarelle) était une danse joyeuse et vivante qui s'est développée a partir de la gaillarde de Naples, dans le courant du XIIIe siècle en Italie. Les recueils de danses de Pierre Attaingnant et de Pierre Phalèse contiennent plusieurs saltarelles.
Ces danses ont été regroupées dans la suite baroque pour devenir des pièces concertantes et même, peu à peu, être intégrées dans le répertoire symphonique.
La Gaule et les Gaulois
Indications bibliographiques :
- Histoire des Gaules de Christiane Delaplace et Jérôme France, Armand Colin
- Histoire des Gaulois, Emile Thévenot, PUF
- La Civilisation celtique, Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Payot
- Ville, villages et campagnes d'Europe celtique, Hachette
- Les peuples gaulois, IIIe-Ie siècle av. J.C. de Stephan Fichtl, Errance
La France gallo-romaine
Cliquez sur le lien ci-dessus
Millénaires, ces monuments ponctuent la France d'un passé prestigieux. Vos photos de vestiges gallo-romains, du Midi à Paris, du pont du Gard aux arènes de Lutèce.
Nos ancêtres et la guerre des Gaules
Vercingétorix et la conquête des Gaules
Vercingétorix : aristocrate et chef de guerre
La guerre des Gaules
La plus grande insurrection est menée par Vercingétorix, qui réussit à battre les Romains à Gergovie, capitale des Arvernes, en -52. Pourquoi aurait-il décidé de combattre César ? Les historiens estiment que l'intervention de plus en plus fréquente de César dans la vie des peuples gaulois et l'ingérence des romains dans leurs décisions politiques auraient finalement convaincue Vercingétorix à prendre la tête de la rébellion.
La bataille finale d'Alésia
Les croyances des Gaulois
En quoi croyaient les Gaulois ?
Plus que la cueillette du gui
L'image d'Epinal d'un druide, tout de blanc vêtu, coupant du gui à la serpe dans une forêt profonde a longtemps résumé la religion gauloise, pourtant plus complexe. Les découvertes archéologiques récentes ont en effet mis en lumière une religion riche en croyances et rites élaborés, structurant la vie des Gaulois.
"Druides", "bardes" et "vates"
Sacrifice et divination
Lieux de culte
Les fêtes religieuses
Croyances
Nos ancêtres et les inventions de l'époque
Les inventions gauloises
La cervoise et son tonneau
Dérivé du latin "cervisia", la cervoise est un vin d'orge gaulois, un ancêtre de la bière, partie intégrante de l'alimentation gauloise. Sa popularité s'explique en partie par des raisons sanitaires car elle pouvait présenter moins de risque que l'eau. Pour remplacer les amphores en terre et garantir la conservation et le transport du vin, les Gaulois auraient inventé les tonneaux en bois.
Le savon lustrant
Ce produit de nettoyage était fabriqué à partir de cendres et de suif. Mais s'ils l'ont inventé, les Gaulois sont avant tout connus pour avoir exploité les vertus hygiéniques du savon pour lustrer leur longue chevelure.
La moissonneuse des champs
Alors que les Romains se servaient d'une faucille, les Gaulois utilisaient la moissonneuse pour leurs travaux des champs. L'ancêtre des machines agricoles était en fait une grande caisse à roues dentelées. Elle était tractée dans les champs par un bœuf, les épis arrachés tombant dans la caisse.
Le pantalon
Les Gaulois furent les premiers à adopter cette tenue appelée "braies". La principale partie de ce costume, le pantalon, était large et flottant, à plis pour certaines tribus gauloises, étroit et collant chez d'autres. Il descendait en général jusqu'à la cheville, où il était attaché.
La cotte de maille
Les Gaulois maîtrisaient la technique compliquée d'extraction du fer. Avec le fer, ils fabriquaient des clous, fibules, couteaux, ciseaux, haches et casques. Ils auraient inventé la cotte de maille des cavaliers, probablement au IIIe siècle av. J.-C.
Nos ancêtres et la culture
La culture gauloise
Les Gaulois communiquaient dans une langue celtique, présentant des différences de vocabulaire et de prononciation selon les régions, mais compréhensible par tous les habitants de la Gaule. Cette langue n'a pas été uniformisée par des lois, ni codifiée par écrit. Nous ne disposons donc pas aujourd'hui de textes rédigés par les Gaulois eux-mêmes, et seules les sources grecques ou romaines nous renseignent sur le "parler" gaulois.
Existait-il une littérature au temps des Gaulois ?
Peut-on parler d'un art gaulois ?
Les Gaulois exerçaient donc leur art sur des supports portatifs, que ce peuple de semi-nomades pouvait emporter partout avec lui : armement (casques, poignards), bijoux (gros colliers, bracelets, pendentifs, boucles de ceinture) ou objets de la vie quotidienne (rasoirs, miroirs...).
Les sources grecques ou romaines notent aussi la grande place faite à la musique dans la société gauloise. Religieuse ou militaire, elle accompagnait tous les rassemblements populaires.
Les Gaulois avaient-ils des pratiques scientifiques ?
Les Gaulois ont démontré un intérêt notoire pour le calcul, la géométrie ou l'astrologie, mais les connaissances scientifiques étaient le domaine réservé des druides. Les rares traces d'écriture gauloise révèlent aussi une vraie passion pour les nombres, qui s'exerça d'abord dans la comptabilité (recensement des populations, gestion financière, etc.). Des calendriers d'une grande complexité étaient également établis grâce à une pratique poussée de l'astronomie, qui permettait également de déterminer les lieux propices au culte.