LIBYE
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Franceinfo - le mardi 19 mai 2020
Libye : nouveau revers pour Haftar qui perd une base aérienne stratégique
Une nouvelle fois la couverture aérienne de la Turquie semble avoir apporté un avantage essentiel aux forces du GNA, le gouvernement de Tripoli
Les forces armées du gouvernement de Tripoli reconnu par l'ONU ont repris le 18 mai 2020 la base aérienne d'Al-Watiya tenue depuis 2014 par les hommes du maréchal Haftar. (MAHMUD TURKIA / AFP)
Cette fois, l'offensive des troupes du maréchal Haftar contre Tripoli semble avoir définitivement échoué. Le leader de l'Est libyen vient de subir un nouveau revers en perdant Al-Watiya, une base aérienne jugée stratégique au sud de la capitale.
C'est une vieille base aérienne construite par les Américains en 1942 pour lutter contre les forces allemandes, à 140 km au sud-ouest de Tripoli. Un immense complexe de 50 km², composé de hangars, de taxiways et de pistes. D'ici, les avions peuvent atteindre la Tunisie ou l'Algérie si nécessaire. Elle est considérée comme la base aérienne la plus importante de Libye après Mitiga, l'aéroport de la capitale. Entre 7 et 10 000 soldats peuvent y stationner.
Un lieu stratégique
Al-Watiya ouvre sur le désert, et depuis 2014 était tenue par les forces d'Haftar. Il en avait fait son "quartier général" pour les opérations militaires dans l'Ouest libyen. Selon les spécialistes, il s'agit d'une prise importante pour les forces du GNA, le gouvernement de Tripoli, peut-être capitale pour la suite du conflit.
Une équipe de l'agence de presse turque Anadolu Agency a pu se rendre sur place. Sur leurs images, on peut voir de vieux avions de chasse en partie démontés prendre la poussière dans les hangars. Hormis quelques carcasses de véhicules incendiés, les dégâts semblent modestes et la base paraît opérationnelle.
Le soutien turc déterminant
Toujours selon Anadolu Agency, il aura fallu près d'un mois, et une vingtaine d'attaques aériennes, au GNA pour s'emparer d'Al-Watiya. Une fois encore, le soutien des drones turcs a été déterminant. Ils ont permis de détruire trois systèmes de défense anti-aérienne Pantsir. Des systèmes de fabrication russe, fournis par les Emirats, soutien d'Haftar. L'agence n'évoque pas de combats au sol, se contentant de préciser que les soldats d'Haftar ont fui. L'assaut final n'a duré que quelques heures.
Cette nouvelle défaite pour la LNA (Armée nationale libyenne) sonne comme la fin de la tentative de conquête de l'Ouest libyen pour Haftar. Pour autant, le maréchal conserve le contrôle d'une grande partie de la Libye et en particulier les champs pétroliers de l'Est. Il a bloqué les exportations de pétrole, asphyxiant l'économie libyenne.
L'opération IRINI contestée
Parallèlement, l'Union européenne a lancé fin mars 2020 l'opération IRINI afin de faire respecter l'embargo sur les armes à destination de la Libye, décidé en 2016 par le Conseil de sécurité des Nations unies. Des moyens aériens, satellitaires et maritimes sont mobilisés et les navires peuvent être inspectés y compris en haute mer. IRINI a aussi pour objectif de casser le trafic des migrants.
Mais le GNA et son allié turc contestent à la fois la nature de la mission et la participation de certains pays comme la France ou la Grèce, opposés à la présence de la Turquie dans ce conflit. "Il n'y a pas de base légale à cette opération sans une demande du gouvernement libyen", a affirmé récemment le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar. Pour la Turquie, ce contrôle sert uniquement les intérêts de Khalifa Haftar."IRINI ne s'intéresse qu'aux mouvements maritimes. Ce n'est pas un embargo sur les armes, mais plutôt un embargo sur les activités du gouvernement légitime, qui n'a rien demandé", a ajouté le ministre.
Dans ce contexte, le GNA n'a pas la capacité de pousser son avantage et déloger Haftar. De nombreux observateurs estiment qu'aucun des deux camps n'a les moyens de l'emporter sur le terrain. La diplomatie quant à elle semble bien à la peine et une nouvelle période de ni paix-ni guerre pourrait ressurgir.
Franceinfo - le dimanche 19 janvier 2020
Opposition entre le gouvernement d'union nationale et les forces d'Haftar, rôle de la Russie et de la Turquie... On vous explique la crise en Libye
La Libye, qui dispose des plus importantes réserves africaines de pétrole, est minée par les violences et les luttes de pouvoir depuis la chute et la mort, en 2011, du dictateur Mouammar Kadhafi. Une conférence internationale s'ouvre à Berlin dimanche, visant à lancer un processus de paix
Une rue de Tripoli, la capitale libyenne, le 12 janvier 2020. (HAZEM TURKIA / ANADOLU AGENCY / AFP)
Tenter de lancer un processus de paix pour la Libye. C'est la mission fixée aux participants à la conférence qui doit se tenir à Berlin, dimanche 19 janvier. Plusieurs pays seront représentés, dont la Russie, la Turquie, les Etats-Unis, la Chine, l'Italie et la France. Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, doit également se rendre sur place, selon le département d'Etat américain. Le président russe Vladimir Poutine a annoncé sa venue. A l'occasion de cette conférence, franceinfo revient sur la situation chaotique en Libye.
Qui est aujourd'hui au pouvoir en Libye ?
Le pays est plongé dans le chaos depuis la chute et la mort en 2011 du dictateur Mouammar Kadhafi. Il est aujourd'hui divisé en deux. Dans l'Ouest, le gouvernement d'entente nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj basé à Tripoli, la capitale. Dans l'Est, un gouvernement et un Parlement acquis au maréchal Khalifa Haftar, chef de l'Armée nationale libyenne (ANL), qui contrôle une part importante des ressources énergétiques libyennes.
Fayez al-Sarraj est reconnu par l'ONU. Khalifa Haftar est soutenu par l'Egypte et les alliés de l'Arabie saoudite. Le premier est fragilisé depuis l'offensive sur Tripoli lancée en avril 2019 par les forces du maréchal Haftar.
Quel est le problème ?
Les relations entre les deux hommes forts de la Libye sont extrêmement tendues. Ils refusent de se parler. "Ils refusent même de se retrouver dans la même pièce", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le 17 janvier.
Le leader basé à Tripoli est d'autant plus fragilisé que, fin décembre, le président du Parlement libyen, Aguila Salah, a appelé la communauté internationale à retirer son soutien au GNA.
Où en est la situation ?
Les affrontements ont été particulièrement violents. Surtout, la bataille entre les deux camps se joue dans les airs. "La Libye est le plus grand théâtre de drones au monde", a rapporté France 24 lors d'un reportage, en novembre, confirmant les dires de Ghassan Salamé, l'émissaire des Nations unies pour la Libye.
Un cessez-le-feu a été accepté, à Moscou, par Fayez al-Sarraj mais le maréchal Haftar a refusé de le signer en quittant la capitale. Une cessation des hostilités est malgré tout entrée en vigueur depuis le 12 janvier et elle est globalement respectée.
En attendant une trêve durable, Tripoli vit sous les bombes. "Je n'ai pas le temps de travailler, parce que je dois être toujours à la maison, pour des raisons de sécurité", a raconté à franceinfo un Libyen, père de cinq enfants, qui habite la capitale.
Depuis le début de l'offensive sur Tripoli, plus de 280 civils et 2 000 combattants ont été tués, selon l'ONU. Quelque 146 000 Libyens ont dû fuir les combats. La Tunisie, pays frontalier de la Libye, a déclaré, le 17 janvier, s'attendre à un afflux massif de réfugiés en cas d'escalade.
Quel rôle joue la Turquie ?
La Turquie soutient le GNA et Fayez al-Sarraj. Le président turc et Fayez al-Sarraj ont signé, en novembre, un protocole "de coopération militaire et sécuritaire", provoquant la colère du maréchal Haftar. Ensuite, la Turquie a voté, le 2 janvier, l'envoi de militaires en Libye pour aider le GNA.
Mais Ankara a apporté un soutien logistique à Fayez al-Sarraj dès l'été 2019. Et le président turc estime que sans l'intervention de la Turquie, le maréchal Haftar aurait pris le contrôle de tout le territoire libyen.
"Nous n'hésiterons jamais à infliger au putschiste Haftar la leçon qu'il mérite s'il poursuit ses attaques contre l'administration légitime et contre nos frères en Libye", a prévenu le président turc Recep Tayyip Erdogan, le 14 janvier.
Outre la Turquie, Fayez al-Sarraj est également soutenu par le Qatar.
Et la Russie dans tout ça ?
La Russie le dément continuellement mais elle est soupçonnée d'aider Khalifa Haftar avec des armes, de l'argent et des mercenaires. Le journal américain New York Times (en anglais) affirme que 200 mercenaires ont été déployés par le groupe Wagner, une société russe de sécurité privée dont la présence a déjà été rapportée dans plusieurs pays d'Afrique et en Syrie.
Khalifa Haftar a remercié le chef du Kremlin, vendredi. "Mon cher ami (...), je vous adresse personnellement ma gratitude et ma reconnaissance pour les efforts de la fédération de Russie pour rétablir la paix et la stabilité en Libye", a-t-il écrit.
Officiellement, Moscou affirme être en faveur d'un processus de paix durable. "Il est important de mettre fin à la confrontation entre l'Armée nationale libyenne du maréchal Haftar et le gouvernement d'union nationale de monsieur Sarraj, a déclaré le président russe, le 11 janvier, rapporte RFI. Important d'instaurer un cessez-le-feu, de prendre des mesures pour un rétablissement du processus politique avec pour objectif ultime de surmonter la division à l'intérieur du pays et de former des institutions étatiques unifiées."
Mais la Turquie et la Russie ne sont pas les seuls pays à être impliqués en Libye. Le maréchal Haftar n'est pas soutenu que par la Russie. Il est également appuyé par l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite.
Comment se positionne la France ?
Emmanuel Macron a reçu à Paris Fayez al-Sarraj et le maréchal Haftar, à deux semaines d'intervalle, au printemps 2019. Une démarche de conciliation qui se veut neutre. Mais la France est accusée de soutenir le second après la découverte, en juillet, de quatre missiles antichars français dans un quartier général des troupes du général Haftar, ce que Paris dément formellement.
La France n'est "pas pro-Haftar ou pro-Sarraj", elle "soutient les efforts de l'ONU" et de son émissaire en Libye, Ghassan Salamé, a indiqué à l'AFP une source diplomatique française.
"Il n'y a pas de solution militaire à la crise", a déclaré Emmanuel Macron lors d'entretiens téléphoniques avec le président turc Recep Tayyip Erdogan et le président américain Donald Trump, a rapporté RFI. Le président français a également échangé avec Vladimir Poutine et les deux hommes se sont prononcés "pour une résolution pacifique de la crise". L'Elysée rapporte que le président français "a souligné la nécessité que le cessez-le-feu annoncé soit crédible, durable et vérifiable, ainsi que son souhait que la conférence de Berlin permette la relance du processus politique sous l'égide des Nations unies et du dialogue inter-libyen".
Que faut-il attendre de la conférence de dimanche à Berlin ?
Les négociations pour le cessez-le-feu ont eu lieu à Moscou, sans la présence de l'ONU. Il s'agit d'un premier pas vers la signature d'un accord formel pour une trêve entre les belligérants. A la suite de la conférence de Berlin, le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait avaliser ses résultats via une résolution et décider de la mise en place d'une mission d'observation du cessez-le-feu.
Selon des diplomates, une opération de maintien de la paix de Casques bleus n'est envisagée par aucun pays. Le contrôle du cessez-le-feu pourrait être confié à une mission d'observation similaire à celle qui existe au Yémen.