Franceinfo - le lundi 5 février 2018
"J'ai peur" : une enseignante et une lycéenne témoignent des violences au lycée Gallieni de Toulouse
Les professeurs ont lancé un appel au secours face au climat qui règne dans cet établissement de 950 élèves
Des poubelles incendiées, des bagarres entre bandes rivales, des agressions commises contre des élèves, mais aussi contre des professeurs. A Toulouse, le lycée Gallieni est en crise. Deux femmes – une lycéenne et une enseignante – ont accepté de témoigner, sous couvert d'anonymat, sur ce climat de violences qui règne dans l'établissement de 950 élèves. France 2 a recueilli leurs témoignages.
Il faut toujours qu'on soit accompagnées. Sinon, on ne sait pas si on peut se faire toucher. C'est compliqué. Surtout pour les filles.
une lycéenneà France 2
"On est dans un lycée où on a peur. On ne sait pas ce qui va arriver. A tout moment, il y a quelqu'un qui peut arriver pour nous taper, nous insulter, nous critiquer... On ne sait pas. C'est vraiment de la peur", confie la lycéenne. "Oui, j'ai peur systématiquement qu'il y ait quelque chose qui dérape. Quand ils se battent, ils vont décrocher les extincteurs pour s'éclater la tête", confirme l'enseignante qui relate l'agression dont elle-même a été victime. "Elle traverse la classe, elle se jette sur moi, me colle contre le mur, m'attrape à la gorge et, avec l'autre main, me tire les cheveux et ne me lâche pas. Et là je me dis : 'Elle va me tuer.'"
On a plus de la moitié de la classe qui ne peut pas suivre, qui n'est pas là pour ça. Et nous, on n'a pas été formés pour ça.
une enseignanteà France 2
Face à cette situation critique, des professeurs ont exercé leur droit de retrait, fait grève quelques jours et manifesté devant l'entrée de leur lycée. Ils ont aussi lancé un appel au secours sous la forme d'une pétition. Adressée à leur ministre de tutelle, celle-ci a déjà recueilli près de 10 000 signatures. Ils demandent un "dispositif d'éducation spécifique", avec une "véritable politique de recrutement" et une "dotation supplémentaire et pérenne de moyens" pour "permettre la réussite de tous et toutes".
Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé les premières mesures. Un nouveau proviseur a été nommé en urgence, en remplacement de son prédécesseur écarté à la demande du ministre. Et un "conseiller sécurité" doit prendre ses fonctions. Ce poste a été spécialement créé pour le lycée Gallieni. Cet établissement, devenu en quelques jours un des symboles des lycées français en difficulté, va ainsi devenir, selon le rectorat, un lycée pilote.
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