Franceinfo - le jeudi 4 avril 2019
Elections européennes : l'article à lire pour tout savoir sur le scrutin
Les électeurs des 27 pays de l'Union européenne se rendent aux urnes fin mai, afin de désigner les 705 membres du Parlement européen
Le scrutin est organisé du 23 au 26 mai 2019 dans les 27 Etats de l'Union européenne. (PETER ENDIG / DPA-ZENTRALBILD / AFP)
La date du 26 mai approche à grands pas. Ce jour-là, les citoyens européens connaîtront les noms des 705 députés qui les représenteront au Parlement européen, à Strasbourg et à Bruxelles. Enjeux, modalités, résultats… Voici un article pour tout comprendre sur les élections européennes, alors que les têtes de liste françaises s'affrontent pour un premier débat, jeudi 4 avril, sur France 2.
Les élections européennes, ça sert à quoi ?
Depuis 1979, les citoyens de l'Union européenne sont appelés tous les cinq ans aux urnes pour renouveler leurs eurodéputés. Cette année, les électeurs de 27 pays désigneront 705 députés européens, entre le 23 et le 26 mai. En France, le scrutin se tiendra le dimanche 26 mai.
Le Parlement européen est l'un des deux organes législatifs de l'UE. Représentant les peuples, il est chargé d'amender et de voter les textes dans la plupart des domaines, conjointement avec le Conseil de l'Union européenne (composé d'un ministre de chaque pays), qui représente les Etats.
Le Parlement européen participe aussi à l'élaboration du budget de l'Union européenne et contrôle l'action de la Commission européenne, l'organe exécutif de l'UE, dont il approuve la composition en début de mandat.
Il paraît qu'on peut élire des candidats étrangers ?
Sur le papier, c'est exact. Pour être candidat aux élections européennes en France, il faut être âgé d'au moins 18 ans et être citoyen de l'un des 27 Etats membres de l'Union européenne. Il n'est donc pas nécessaire d'être Français, mais dans ce cas il faut être domicilié ou résider en France depuis au moins 6 mois et jouir du droit d'éligibilité dans son pays d'origine. Mais en pratique, cette possibilité reste peu utilisée : les listes comptent quasi exclusivement des ressortissants français.
Chaque Etat membre de l'UE dispose au Parlement européen d'un nombre de sièges en rapport avec sa population. Ainsi, pour les élections de 2019, l'Allemagne, pays le plus peuplé, sera représentée par 96 députés, devant la France (79 sièges), l'Italie (76 sièges), l'Espagne (59 sièges), la Pologne (52 sièges), la Roumanie (33 sièges), etc.
Et le Brexit, ça change quoi pour ces élections ?
Le Royaume-Uni a décidé de sortir de l'Union européenne. Il ne devrait ainsi plus être représenté au Parlement européen lors de la prochaine législature et il n'y aura donc, a priori, pas d'élections européennes au Royaume-Uni.
Le Brexit va entraîner une modification de la composition du Parlement européen. Alors qu'il compte aujourd'hui 750 membres, il n'en comptera plus que 705. Certains des sièges occupés par les Britanniques vont être réattribués à certains pays qui étaient sous-représentés dans l'hémicycle. C'est pourquoi la France élira, le 26 mai, 79 représentants, alors qu'elle n'avait droit qu'à 74 sièges lors de la mandature 2014-2019.
Mais tout pourrait être chamboulé dans les prochaines semaines. Les députés britanniques ayant jusqu'à présent échoué à trouver un accord sur les modalités du Brexit, la suite des événements demeure très incertaine. En cas de report long, au-delà du 22 mai, les Britanniques seraient dans l'obligation d'organiser des élections européennes. La nouvelle répartition des sièges entre Etats s'en trouverait donc annulée.
Concrètement, comment fonctionne ce scrutin ?
Chacun des 27 Etats membres de l'UE doit organiser ces élections à la proportionnelle. Même s'il existe quelques variations (résumés dans cette infographie réalisée par le Parlement européen), les modes de scrutin sont comparables d'un pays à l'autre. Dans tous les cas, il s'agit d'un scrutin de liste à un seul tour, organisé entre le 23 et le 26 mai.
En France, les élections européennes de 2019 se déroulent dans une circonscription unique, ce qui signifie que chaque parti ne présente qu'une liste nationale. Une loi votée au printemps 2018 a en effet mis fin au système des circonscriptions régionales en vigueur lors des trois dernières échéances européennes (2004, 2009 et 2014). Selon le gouvernement, à l'initiative de ce texte, la circonscription unique vise à favoriser le pluralisme politique, renforcer le caractère européen du scrutin et le rendre plus compréhensible pour les électeurs.
Les candidats doivent se présenter sur une liste comportant 79 noms, déposée entre le 23 avril et le 3 mai, et composée alternativement d'un candidat et d'une candidate. Chaque liste ayant obtenu au moins 5% des voix se verra attribuer un nombre de sièges proportionnel à son score. Celles qui ne dépasseront pas cette barre ne seront en revanche pas représentées.
Qui sont les candidats en France ?
Il devrait y avoir du monde sur la ligne de départ. La plupart des partis ou alliances politiques français prévoient en effet de présenter une liste. La République en marche, alliée au MoDem, a choisi d'investir Nathalie Loiseau, qui occupait jusqu'à présent le poste de ministre des Affaires européennes.
Pour ces élections, plusieurs partis ont fait le choix de la jeunesse pour leur tête de liste. C'est par exemple le cas du Rassemblement national (ex-FN), qui a investi Jordan Bardella, 23 ans, de La France insoumise, emmenée par Manon Aubry (29 ans), des Républicains (LR), qui ont désigné François-Xavier Bellamy (33 ans), ou encore du PCF avec Ian Brossat (38 ans).
D'un côté de l'échiquier comme de l'autre, l'union ne sera pas le maître-mot de ces élections. A gauche, outre le PCF et La France insoumise, Europe Ecologie-Les Verts présente sa propre liste (emmenée par Yannick Jadot), de même que Génération.s, le parti de Benoît Hamon, ainsi que Place publique, le mouvement de l'essayiste Raphaël Glucksmann, derrière lequel s'est rangé le Parti socialiste. A l'extrême gauche, Lutte ouvrière a décidé de mener une liste autonome et de ne pas s'allier avec le Nouveau Parti anticapitaliste.
A droite, les Républicains pourraient être concurrencés par la liste Amoureux de la France, du souverainiste Nicolas Dupont-Aignan. D'autres partis, comme l'UPR de François Asselineau, Les Patriotes de Florian Philippot, Résistons de Jean Lassalle et l'UDI de Jean-Christophe Lagarde prévoient également de partir à la conquête des urnes.
Enfin, l'incertitude règne toujours à propos de la présence ou non d'une ou plusieurs listes "gilets jaunes".
Que disent les sondages en France ?
En France, sur la période février-mars, deux listes font la course en tête : celle de l'alliance LREM-MoDem (entre 22% et 25% des intentions de vote selon les enquêtes) et celle du Rassemblement national (19% à 22%). Loin derrière, Les Républicains sont crédités de 10% à 14%. Les listes Europe Ecologie-Les Verts (6% à 10%) et La France insoumise (7% à 9%) sont au coude à coude, devant Debout la France (5% à 6,5%), le PS (autour de 5%), Génération.s (2,5% à 5,5%) et une éventuelle liste "gilets jaunes" (3 à 4,5%). Les autres listes testées par les instituts de sondage (LO, NPA, UDI, Résistons, Les Patriotes, UPR…) sont toutes créditées de moins de 3%.
Et en Europe ?
Avec 27 élections à la proportionnelle dans autant de pays, difficile de dégager une tendance. Cependant, durant la campagne, les services du Parlement européen compilent les sondages réalisés dans chaque Etat et effectuent régulièrement une projection de la composition du futur hémicycle.
Selon le pointage réalisé le 1er mars, les deux principaux groupes politiques du Parlement européen subiraient un recul sensible. Le Parti populaire européen (PPE, centre droit) et les Socialistes et Démocrates (S&D, centre gauche), qui gouvernent ensemble le Parlement européen depuis son élection au suffrage universel en 1979, ne devraient plus compter assez de sièges pour former une majorité absolue. Des négociations seront donc sans doute nécessaires avec le groupe des libéraux (ALDE) ou celui des Verts.
Malgré la poussée des partis populistes en Europe, les groupes nationalistes et eurosceptiques pourraient ne pas grossir significativement leurs rangs lors de ces élections. Du fait du Brexit, le groupe Conservateurs et réformistes européens (ECR), auquel adhèrent 26 conservateurs britanniques, devrait subir un net recul. Avec le succès attendu de la Ligue de l'Italien Matteo Salvini, le groupe L'Europe des nations et des libertés (ENL), créé par Marine Le Pen, pourrait au contraire se renforcer. Quant au groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe (EFDD), il devrait bénéficier de la poussée de l'AfD allemande, mais pâtir du départ des Britanniques de l'Ukip, europhobe.
Et après le scrutin, que se passe-t-il ?
Après les élections, le mois de juin sera consacré aux négociations pour former les futurs groupes politiques européens. C'est notamment dans cette période qu'Emmanuel Macron, dont le parti espère plus d'une vingtaine d'eurodéputés, essaiera de favoriser l'émergence d'un bloc progressiste européen, avec ses alliés de l'ALDE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe) et en essayant éventuellement de débaucher des membres du PPE (Parti populaire européen) et de S&D (Alliance progressiste des socialistes et démocrates).
Le 2 juillet, aura lieu la première réunion plénière du nouveau Parlement, dans l'hémicycle de Strasbourg. L'une des premières missions des députés sera d'élire le futur président de la Commission européenne, qui succédera au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Son nom, proposé par le Conseil européen (l'instance qui regroupe les 27 chefs d'Etat et de gouvernement européen), devra être approuvé par les eurodéputés d'ici au mois d'octobre.
J'ai eu la flemme de tout lire. Vous me faites un petit résumé ?
Les électeurs européens sont appelés aux urnes fin mai, afin de renouveler pour cinq ans les membres du Parlement européen, dont le nombre passera de 750 à 705 si le Brexit a bien lieu avant le 22 mai. Chacun des 27 Etats élit ses eurodéputés lors d'un scrutin de liste à la proportionnelle. Le contexte politique actuel en Europe devrait avoir pour conséquence d'éroder les positions dominantes des deux principaux groupes parlementaires, le PPE (Parti populaire européen) et le S&D (Alliance progressiste des socialistes et démocrates), qui ne devraient pas disposer à eux seuls d'une majorité absolue dans l'hémicycle. Des forces d'appoint seront donc nécessaires pour voter les décisions au sein du nouveau Parlement, qui s'installera le 2 juillet.
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