Franceinfo - le mercredi 24 avril 2019
L'appel de maires face aux demandeurs d'asile : "L'Etat est dépassé par la situation, les collectivités doivent participer"
Raphaël Pitti, conseiller municipal délégué aux urgences sanitaires, sociales et humanitaires à Metz, appelle sur franceinfo mercredi les territoires à participer à la prise en charge de l'accueil des réfugiés
Raphaël Pitti, conseiller municipal délégué aux urgences sanitaires, sociales et humanitaires à Metz, le 13 janvier 2014. (/NCY / MAXPPP)
Plusieurs maires et adjoints aux maires de France s'associent pour dénoncer la situation réservée aux réfugiés en France. De Nantes à Bordeaux ou de Rennes à Strasbourg, plusieurs de ces élus se rassemblent mercredi 24 avril à Paris pour une conférence de presse commune autour d'Anne Hidalgo. Ils demandent à être reçus par le ministre de l'Intérieur et le ministre du Logement. "L'Etat est dépassé par la situation des demandeurs d'asile, et les collectivités doivent participer", estime mercredi sur franceinfo Raphaël Pitti, conseiller municipal délégué aux urgences sanitaires, sociales et humanitaires à Metz.
franceinfo : Pourquoi lancer aujourd'hui cette initiative commune ?
Raphaël Pitti : C'est intolérable de voir les conditions dans lesquelles ces personnes qui arrivent dans notre pays sont prises en charge. Elles sont laissées dans la rue dans des conditions indignes de notre pays, qui a une tradition qui se veut une tradition d'accueil. Le gouvernement tente de mettre en place des dispositifs mais ceux-ci sont encore insuffisants. Nous demandons à ce que les territoires participent à la prise en charge de cet accueil. Nous le faisons déjà d'une manière pragmatique, nous essayons de coordonner l'action des associations, à Metz, nous mettons à disposition un lycée, qui devait servir de sas d'accueil mais qui est devenu un centre d'hébergement. L'Etat est dépassé par la situation des demandeurs d'asile, et les collectivités doivent participer. L'Etat est défaillant depuis 2015 et même avant. Nous sommes l'ancienne région de l'Est, mais Metz reste le guichet unique. Tous les demandeurs d'asile arrivent sur Metz, ils sont 7 000 par an. Il y a à démultiplier les guichets uniques pour faire en sorte que ce soit également réparti entre tous. Il doit y avoir une action collective de manière à résoudre ce problème. Politiquement, il y a une solution à trouver.
Aujourd'hui, l'accueil des réfugiés est une compétence exclusive de l'Etat, c'est lui qui par exemple doit trouver des places d'hébergement et effectuer le suivi social et administratif. Vous aimeriez que ces compétences soient élargies aux communes et aux collectivités ?
Exactement. C'est nous qui sommes directement concernés car ces populations sont dans la rue. Elles vivent dans des conditions inacceptables pour les valeurs de notre pays. Il nous appartient de trouver toutes les solutions possibles. Comme cela se passe sur notre territoire et que nos concitoyens en ont les conséquences, notamment de voisinage, même si ces gens dans la rue soulèvent des élans de charité. Nous pouvons nous mobiliser pour aider l'Etat à faire face à cette problématique.
La loi asile et immigration votée par le gouvernement, qui prévoit de réduire à six mois la durée de traitement des demandes d'asile, ce n'est pas suffisant ?
C'est un problème dans l'accueil. Nous sommes un Etat de droit, l'enregistrement de ces personnes doit se faire et l'étude de leur dossier doit pouvoir se faire dans le temps nécessaire à l'étude de chacun des dossiers. Mais il nous appartient de nous donner les moyens d'accueillir dignement ces personnes. Le président avait dit en 2017 "plus personne dans la rue", ils sont des milliers sur le territoire national. Je serais très curieux de connaître la position du président de la République si dans la cour de l'Elysée, les demandeurs d'asile installaient des tentes et dormaient ainsi. Nos valeurs sont des valeurs d'accueil dans la dignité des personnes qui viennent demander l'asile en France. Demander l'asile ne veut pas dire le recevoir, cela veut simplement dire qu'on peut venir dans un pays, déposer une demande d'asile et voir son dossier étudié. Nous ne sommes pas dans un problème d'une migration qui vient nous envahir. Nous sommes dans un problème d'accueil. 80% des gens qui arrivent sur la zone de Metz sont déboutés du droit d'asile, n'empêche que ces personnes doivent être dignement hébergées.
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