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SYRIE - À JARABLOS. L'ARMÉE TURQUE CHASSE DAECH

Pour la première fois depuis le début du conflit en 2011, l'armée turque est intervenue directement en Syrie au sol. Officiellement pour combattre les groupes terroristes : Daech et milices kurdes.

ssiste-t-on à un tournant décisif dans la guerre en Syrie ? C'est en tout cas la première fois que l'armée turque entre officiellement sur le territoire syrien depuis le début du conflit en mars 2011. Soutenue par les forces de la coalition internationale, notamment américaines, elle a lancé hier une attaque sans précédent de l'autre côté de la frontière, à Jarablos, ville stratégique sur l'Euphrate de 30 000 habitants tenue par l'organisation État islamique, et comprenant une forte communauté turcophone.

Une dizaine de chars, des avions de combat ont participé à cette opération à cette opération, à laquelle plusieurs milliers de combattants de l'armée syrienne libre ont été associés. Cette opération-éclair nommée "Bouclier de l'Euphrate", favorisée par des conseillers américains, a permis de reprendre la ville en quelques heures seulement. En fin d'après-midi, les rebelles syriens affirmaient avoir déjà investi le quartier général des djihadistes de Daech, apparemment déserté.

Selon le président turc Recep Tayyip Erdogan, l'offensive militaire visait "les groupes terroristes qui menacent notre pays dans le nord de la Syrie", soit Daech mais aussi le PYD (Parti de l'Union démocratique Kurde). Problème : l'allié américain soutient militairement, depuis le début, les Kurdes, au grand dam d'Ankara.

Le jeu d'alliances américain

Hier, en visite dans la capitale turque, le vice-président américain Joe Biden a commencé à rectifier le tir devant les efforts consentis par la Turquie, membre de l'Otan, à s'engager pleinement contre Daech. "Nous avons dit très clairement que les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominée par les combattants kurdes) doivent retraverser la rivière et n'auront, en aucune circonstance, le soutien des États-Unis si elles ne respectent pas leurs engagements, un point c'est tout", a ainsi déclaré Joe Biden. Les Turcs voient avec anxiété toute tentative des Kurdes de Syrie de créer une unité territoriales autonome le long de sa frontière. Saleh Muslim, coprésident du PYD, a vivement dénoncé l'opération : "La Turquie dans le bourbier syrien, sera vaincue comme Daech".

La France "a salué l'intensification des efforts de la Turquie", tandis que la Russie, alliée de Damas, a affiché son inquiétude sur une possible "dégradation supplémentaire" du conflit. Le régime de Damas a condamné l'opération turque comme une "violation flagrante" de son territoire, même si depuis quelques semaines un assouplissement des relations est constaté entre la Turquie et le gouvernement Assad.

EI et Damas accusés d'attaques chimiques

Un rapport de l'ONU "dit clairement que le régime syrien et Daech (acronyme du groupe État islamique) a mené des attaques chimiques en Syrie" en 2014 et 2015, a affirmé mercredi l'ambassadeur adjoint français Alexis Lamek. Ce rapport, fruit d'un an d'enquête, a été transmis au Conseil de sécurité. Xavier Frère