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L'AIR DU TEMPS

FAMILLE

 

 

 

"Il coud, il brode, parfaitement bien", cette phrase, prononcée par la cousine de ma grand-mère à propos d'un de ses amis résonna en moi comme une évidence. Et si auparavant, cet homme-là avait été une femme, ailleurs, dans une autre vie ? Étais-je aujourd'hui chez elle, pour une espèce de rendez-vous comme beaucoup d'autres, à mon insu, dans ma vie ? Cette visite avait été organisée par une cousine de ma mère qui pensait que cette vieille tante serait contente de voir un peu de famille, même lointaine. Elle était veuve depuis peu et n'avait qu'un fils unique qui était bien occupé et de surcroit à l'étranger. 

 

 

Dès que je la vit, son visage m'évoqua de lointains souvenirs. Je me souvenais d'elle et de son mari qui était près d'elle en photo sur un petit guéridon. Elle était assise sur son grand fauteuil Voltaire, et c'est de là qu'elle nous accueillies. Elle avait du mal à se déplacer avec le poids de ses quatre-vingt-douze ans. Elle me questionna, pour savoir ce que je devenais. J'avais amené ma tablette tactile et j'ai ainsi pu lui montrer quelques photos de ma famille. J'avais apporté, également, avec moi deux énormes classeurs remplis d'actes d'état-civil de mes ancêtres, et pour parti des siens, puisque sa... était la cousine de ma grand-mère.

 

 

Elle était épatée par le travail accomplit. J'avais reconstitué le puzzle géant d'une partie de la famille depuis l'âge de 24 ans, âge auquel je m'étais retrouvée au service de l'état-civil de ma ville et où, au milieu de tous les registres, j'avais commencé cette belle aventure et ce voyage dans le temps, que représentait la généalogie. Au fil des années, j'ai avancé à mon rythme. Très vite au départ. J'avalais les années : 1900, 1800, 1700, je passais d'une époque à l'autre tantôt plongée en pleine guerre de 1914-1918, puis en pleine époque napoléonienne pour basculer dans le monde agité de la Révolution.

 

 

Mes ancêtres, en ces temps reculés de l'Histoire, étaient pour la plupart de simples paysans, avec tout ce que la vie représentait, à ces époques, de souffrances et de dureté. Il y a avait cependant, dans la branche paternelle des marchands dans le département du Rhône. J'avais l'impression en parcourant leurs actes respectifs de naissance, de mariage et de décès de marcher sur leurs propres traces, de partager leur joie lors d'une naissance ou d'un mariage, de prendre part à leur peine quand un maillon de cette longue chaîne trépassait.

 

 

Cette aventure, avant l'ère d'internet, m'a menée dans différentes régions avoisinant la Loire. Ainsi, du sang auvergnat, ardéchois, altiligérien et rhodanien coulait dans mes veines. Mais du plus loin que l'on puisse remonter le temps dans cette région Auvergne-Rhône-Alpes, il y avait de grandes chances pour que mes ancêtres soient sortis tout droit des grottes ardéchoises, comme entre autres, la grotte Chauvet, d'Auvergne où on été retrouvés, sur différents sites, comme Chilhac, Glozel, un grand nombres d'objets comme des galets aménagés, des pierres taillées, des poteries... La présence de ces vestiges indiquait la présence d'hominidé sur le site il y a eux millions d'années. Il me plaisait de me l'imaginer.

 

 

Je me trouvais donc au coeur du berceau familial, au sens large du terme, puisqu'il englobait des milliers de personnes. Cela m'impressionnait. En partant de ma seule personne, je me retrouvais, pour l'heure, avec plus de deux mille individus. Apparemment, ils s'étaient peu déplacés car me référant à la carte géographique de la région qui réunissait depuis peu l'Auvergne à la région Rhône-Alpes, le département de la Loire, dans lequel je vivais, était au coeur de tous les autres.

 



22/04/2016
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