Franceinfo - le mercredi 2 octobre 2019
"Marche de la colère" des policiers : "Un premier avertissement", prévient Alliance Police Nationale
À quelques heures de la manifestation prévue à Paris pour dénoncer leurs conditions de travail et le malaise qui touche les fonctionnaires, Olivier Hourcau, secrétaire général adjoint du syndicat, réclame des "actes forts" au gouvernement
Le secrétaire général adjoint du syndicat Alliance Police Nationale, Olivier Hourcau, a estimé mercredi 2 octobre sur franceinfo que la "démonstration que les syndicats de police" allaient faire serait "un premier avertissement pour le gouvernement", alors que quasiment tous les syndicats de policiers appellent à une "marche nationale de la colère", à la mi-journée à Paris, pour dénoncer leurs conditions de travail. Depuis le début de l'année, 52 policiers se sont suicidés. Les syndicats attendent un geste fort de la part du gouvernement.
C'est ce nombre effroyable de suicides chez les policiers qui vous pousse à descendre dans la rue aujourd'hui?
Olivier Hourcau: Oui, c'est une année noire, du jamais-vu depuis plusieurs années, donc depuis 2001 c'est la première fois qu'une intersyndicale se monte pour dénoncer les conditions de travail, les suicides, et la stigmatisation systématique des policiers. C'est un ras-le-bol. On a basculé dans une situation vraiment critique. Et aujourd'hui, tous les syndicats de la police nationale se rassemblent. Ça concerne tous les corps, de l'adjoint de sécurité au commissaire, en passant par les personnels administratifs, techniques et scientifiques, ça n'est pas anodin. Tous les corps de la police nationale se rassemblent justement parce qu'il y a un malaise profond. Aujourd'hui, la situation devient critique. Ramener cela uniquement à des revendications sur les salaires, non on ne demande pas que ça. On demande de la reconnaissance aujourd'hui pour les policiers et les policières.
Comment obtenir de la reconnaissance, si ça ne passe pas par une hausse de salaire?
La reconnaissance, ça doit venir de la population. Là, on a un soutien mais on a une minorité qui, systématiquement, stigmatise les policiers. On a des élus de la République qui viennent salir les policiers. On l'a vu la semaine dernière avec M. Mélenchon. Tout ça, toutes les images, tous les réseaux sociaux qui viennent faire des policiers des boucs émissaires, où tous les policiers sont responsables de tout. Ça touche les policiers, mais surtout leur famille et leurs proches. Donc on arrive à une vague de suicides. Même si les suicides ont des causes multifactorielles, les conditions de travail comptent beaucoup. On a besoin d'actes forts.
Que serait un acte fort du gouvernement ?
On a besoin, par exemple et puisqu'on parle en ce moment des retraites, d'être rassurés sur ce dossier. Les policiers l'attendent vraiment. Un acte fort, ce serait que le président République annonce que les policiers vont avoir leur statut spécial préservé. Il faut absolument qu'au gouvernement, et au plus haut sommet de l'Etat, ils comprennent qu'aujourd'hui les policiers attendent justement des déclarations pour rassurer les policiers.
Il y a eu la crise des "gilets jaunes", la mort de Steeve à Nantes, de nombreux blessés recensés, une doctrine du maintien de l'ordre qui a été beaucoup critiquée. Vous dites regretter qu'on vous mette tous dans le même panier mais il y a aussi des dérives que vous êtes capables de reconnaître ?
Oui, mais si un policier faute, il est sanctionné à hauteur de sa faute. Aujourd'hui, les policiers font leur travail avec professionnalisme. On peut tout mettre sur le dos des policiers, mais leur professionnalisme n'est absolument pas remis en cause. C'est vrai que les manifestations des "gilets jaunes", la pression du terrain, les collègues policiers qui sont stigmatisé "H24" ça pèse. Mais dans les manifestations qui se sont succédé, les unes derrière les autres, il n'y a pas eu de faute. Les collègues ont assuré. Bien évidemment, il est tellement plus facile qu'une minorité vienne appuyer là où ça fait mal, en disant que les policiers ne font pas leur travail.
Il n'y a plus de respect de l'uniforme mais comment changer les mentalités ?
Je pense que c'est une question d'éducation. Parce que là, les citoyens aiment leur police les citoyens soutiennent la police. Aujourd'hui c'est une minorité qui vient encore une fois mettre le bazar là où il n'y a pas lieu de le mettre. Des associations qui viennent enfoncer un petit peu le travail des policiers. Et c'est vrai que ça devient insupportable et je pense qu'aujourd'hui le ras-le-bol va se faire sentir. Je pense qu'aujourd'hui, la démonstration que les syndicats de police vont faire dans la rue est un premier avertissement pour le gouvernement. Il faut vraiment une réaction du gouvernement. Personne ne nous prend au sérieux. Mais c'est le début d'une action qui pourrait être amplifiée dans les prochaines semaines.
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