Franceinfo - le jeudi 15 novembre 2018
Tariq Ramadan obtient sa remise en liberté sous réserve du paiement d'une caution de 300 000 euros
L'islamologue suisse devra en outre remettre son passeport, ne pas entrer en contact avec les victimes et pointer une fois par semaine au commissariat
L'islamologue suisse Tariq Ramadan, ici à Abidjan (Côte d'Ivoire) en 2001, est incarcéré depuis le mois de février pour des soupçons de viols sur deux femmes. (SIA KAMBOU / AFP)
Tariq Ramadan pourrait sortir prochainement de prison. Mis en examen et incarcéré depuis début février pour des soupçons de viols sur deux femmes, il a obtenu, jeudi 15 novembre, sa mise en liberté sous conditions, indique à l'AFP son avocat, Emmanuel Marsigny.
L'avocat des plaignantes, Francis Szpiner, a détaillé sur Twitter les détails de ces conditions, fixées par la cour d'appel de Paris : "le paiement d'une caution de 300 000 euros dont 200 000 pour garantir le paiement des amendes et dommages-intérêts, la remise de ses documents d'identité et de voyage, pointer une fois par semaine au commissariat de son domicile, ne pas sortir du territoire et répondre à toutes les convocations de la justice".
La chambre de l'instruction a rendu cette décision, non susceptible d'appel, après avoir entendu Tariq Ramadan plaider lui-même sa cause avec énergie lors d'une audience en public jeudi après-midi. Un fait plutôt rare, puisque le huis clos est quasi systématique à Paris en matière de détention.
"J'irais fuir où ? Alors que tout va vers mon innocence. (...) Je vais rester en France et défendre mon honneur et mon innocence", avait déclaré Tariq Ramadan depuis le box sous le regard de sa fille et d'une dizaine de ses partisans, vêtus de T-shirt "Free Tariq Ramadan".
Une remise en liberté "logique" pour son avocat
Cette demande de mise en liberté, la quatrième après près de dix mois de détention, avait été rejeté la semaine dernière par les juges d'instructions et le juge des libertés et de la détention. Les magistrats craignaient notamment des pressions sur les plaignantes, Henda Ayari et une femme appelée "Christelle" dans les médias. Toutes deux avaient lancé l'affaire en dénonçant à l'automne 2017 avoir subi un rapport sexuel d'une extrême violence, en 2012 pour la première et en 2009 pour l'autre.
Cette nouvelle demande avait été déposée dans la foulée d'une audition, fin octobre, où M. Ramadan avait admis des relations sexuelles "consenties" avec ses accusatrices. Après un an de dénégations, la révélation d'échanges par SMS sans ambiguïté l'avait contraint à changer de version. "La remise en liberté de Tariq Ramadan est logique au regard des derniers développements du dossier qui démontrent que les accusations de viols s'effondrent", s'est félicité Me Marsigny.
"L'audience ayant été publique, tout le monde a pu entendre que la cour n'allait pas se prononcer sur sa culpabilité ou son innocence, mais sur la question de savoir si les conditions de son maintien en détention étaient toujours remplies", a réagi Me Éric Morain, l'avocat de "Christelle". "Il est évident que les aveux de M. Ramadan après neuf mois de mensonges ont joué dans cette décision", a-t-il estimé.
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