Franceinfo - le mardi 25 février 2020
Covid-19 : de nouveaux pays concernés, l'OMS évoque un risque de "pandémie"
L'OMS juge notamment "très préoccupante (...) l'augmentation soudaine" de nouveaux cas de contamination en Italie, en Corée du Sud et en Iran
Des personnes portant des masques pour se protéger du coronavirus Covid-19, le 25 février 2020 à Tokyo (Japon). (KUNIHIKO MIURA / YOMIURI / AFP)
Plus d'une trentaine de pays sont désormais touchés. L'épidémie de coronavirus Covid-19 s'est accélérée à travers le globe, lundi 24 février, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) évoquant un risque de "pandémie", sur fond de dégringolade des marchés financiers inquiets pour l'économie mondiale. L'OMS juge notamment "très préoccupante (...) l'augmentation soudaine" de nouveaux cas en Italie, en Iran et en Corée du Sud, même si elle observe un déclin en Chine, pays d'origine de l'épidémie de pneumonie virale. Mardi matin, Séoul a par exemple annoncé 60 nouveaux cas d'infection. Le pays compte désormais 893 patients contaminés.
De nouveaux pays touchés au Moyen-Orient. Lundi, cinq pays ont annoncé de premiers cas de contamination : l'Afghanistan, Bahrein, le Koweit, l'Irak et Oman. Bahrein a suspendu les vols en provenance de deux aéroports émiratis, et Oman ses liaisons aériennes avec l'Iran. Le gouvernement koweïtien a quant à lui décidé d'annuler les célébrations prévues mardi et mercredi à l'occasion de la fête nationale.
Un septième décès en Italie. Rome a annoncé lundi qu'une septième personne était morte. Le nombre de cas de contamination est passé de 6 à 229 en quatre jours dans le pays, qui a été le premier du continent européen à mettre en place un cordon sanitaire autour d'une dizaine de villes du nord du pays. La progression du virus a également perturbé plusieurs événements comme le carnaval de Venise, la semaine de la mode de Milan ou encore des matchs de football.
Vers un recul de l'épidémie en Chine ? Dans le pays où le Covid-19 est apparu en décembre, dans la métropole de Wuhan, l'épidémie a fait 71 morts supplémentaires, selon le dernier bilan quotidien annoncé mardi matin. Il s'agit du nombre de nouveaux cas le plus bas depuis plus de deux semaines. Au total, 2 663 personnes ont succombé au Covid-19 en Chine continentale.
Franceinfo - le lundi 24 février 2020
Covid-19 : du mystère du patient zéro aux contrôles à la frontière, 7 questions pas si bêtes sur la multiplication des cas en Italie
Avec 11 villes de Lombardie en quarantaine depuis dimanche, l'Italie est devenue le premier foyer de l'épidémie de coronavirus Covid-19 en Europe
Des voyageurs en provenance de Milan, en Italie, sont évacués après avoir été temporairement confinés dans un bus à la gare routière de Lyon-Perrache, lundi 24 février 2020. (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)
Le coronavirus Covid-19 frappe aux portes de l'Hexagone. Lundi 24 février, les autorités italiennes ont annoncé qu'une cinquième personne avait succombé à la maladie dans le nord de l'Italie. En Lombardie, la région la plus touchée, 165 cas ont été signalés, ce qui a conduit les autorités à isoler près d'une douzaine de communes peuplées au total de près de 50 000 habitants.
De l'autre côté de la frontière, en France, l'inquiétude grandit. Dès dimanche soir, le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti a demandé au Premier ministre "la mise en place d’un plan d’urgence pour le département des Alpes-Maritimes", "la mobilisation des centres hospitaliers et le contrôle renforcé de la frontière". "Le département des Alpes-Maritimes frontalier de l’Italie enregistre des flux quotidiens de dizaines de milliers de personnes avec l’Italie", a rappelé l'élu. Le ministère de la Santé français a d'ailleurs élargi ses recommandations de confinement à la Lombardie et à la Vénétie.
Faut-il vraiment s'inquiéter ? Une épidémie en France métropolitaine peut-elle être évitée ? Franceinfo répond à sept questions que tout le monde se pose sur l'évolution de la situation italienne.
1 - Connaît-on l'origine de l'épidémie sur le sol italien?
Les autorités sanitaires italiennes n'ont pas encore mis la main sur le patient zéro. Or, pour comprendre la propagation de la maladie, il faut impérativement retrouver le malade qui a introduit le Covid-19 sur le territoire italien, afin de remonter le fil de l'épidémie.
En Lombardie, région la plus touchée avec plus de 160 cas recensés, seul le "patient un" est connu pour le moment. Il s'agit d'un homme de 38 ans, Mattia, cadre de la multinationale anglo-néerlandaise Unilever. Sa contamination reste un mystère : il est exclu qu'il ait été contaminé par l'un de ses amis revenus de Chine en janvier, car celui-ci, "sur la base des tests effectués, n'a pas développé les anticorps", selon le ministère de la Santé italien.
2 - Comment expliquer cette épidémie en Italie, déconnectée des foyers de contagion chinois ?
Pour Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon et chercheur au Centre international de recherche en infectiologie, les cas italiens semblent indiquer qu'il y a "probablement une chaîne tertiaire qui s'est mise en place. Jusqu'à présent, ce que l'on voyait, c'étaient des patients chinois qui partaient de Chine en incubant la maladie, développaient des symptômes dans un pays où ils étaient venus en touristes et ensuite éventuellement contaminaient des personnes sur place.C'est une chaîne de diffusion primaire et secondaire", a-t-il expliqué à franceinfo.
"Mais là, ce qu'il s'est probablement passé, c'est qu'il y a une personne qui a été contaminée par quelqu'un qui venait d'une zone d'endémie, qui a transmis lui-même ce virus à d'autres personnes, ce qui rend aujourd'hui la compréhension de la chaîne de transmission beaucoup plus complexe et ça va être difficile d'identifier vraiment le patient source."
3 - Pourquoi tous les gens qui franchissent la frontière avec la France ne sont-ils pas contrôlés ?
Pour l'instant, il n'est pas question d'empêcher à quiconque de se rendre de part et d'autre des Alpes. Interrogé sur ce point dimanche et lundi, le ministre de la Santé, Olivier Véran, et le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, ont indiqué qu'une telle mesure n'aurait "pas de sens". D'ailleurs, à ce stade, l'Organisation mondiale de la Santé ne préconise pas le rétablissement de contrôles systématiques. "Un virus ne s'arrête pas aux frontières", a ainsi rappelé le successeur d'Agnès Buzyn.
Surtout, rétablir des contrôles aux frontières pourrait s'avérer sans aucun effet sur la propagation du virus, a encore expliqué Jérôme Salomon. "On est dans l’espace Schengen, donc c’est compliqué d’imaginer qu’on mette en place des contrôles aux frontières sur une frontière terrestre alors qu’il y a une frontière maritime, des échanges aériens et qu’on peut se rendre d’Italie en France en passant par la Suisse ou par l’Autriche. Donc on aurait vraiment du mal à avoir des contrôles significatifs", a-t-il précisé au micro d'Europe 1. Selon les experts, il convient donc plutôt d'identifier au plus vite les personnes infectées et de communiquer efficacement sur les comportements à adopter.
Ainsi, des voyageurs en provenance d'Italie ont fait l'objet de contrôles poussés en France et à l'étranger : à Lyon, à la gare routière de Lyon-Perrache, un bus de la compagnie Flixbus en provenance de Milan a été bloqué dès son arrivée, à 7 heures lundi matin. Selon France 3 Rhône-Alpes, le chauffeur, un Italien, a été évacué par ambulance afin d'être hospitalisé, présentant "des signes suspects", potentiellement lié au coronavirus. Les passagers ont été libérés et seront recontactés par l'agence régionale de santé si le chauffeur était finalement testé positif au coronavirus.
De même, les liaisons ferroviaires par le col du Brenner, un important point de transit entre l'Autriche et l'Italie, avaient été interrompues dimanche soir en raison de doutes sur l'état de santé de deux passagères, mais le trafic a repris après des tests négatifs.
4 - Qui peut demander l'établissement de contrôles aux frontières ?
Lundi, la Commission européenne a indiqué que le rétablissement de contrôles aux frontières à l'intérieur de l'UE devra répondre à des conditions strictes. "Le code Schengen sur les frontières autorise le rétablissement temporaire de contrôles, mais toute décision devrait être prise à certaines conditions", a déclaré le commissaire européen à la Gestion des crises, Janez Lenarcic, lors d'un point presse à Bruxelles. Ainsi, une telle décision, qui revient aux Etats membres, doit être "basée sur une évaluation des risques crédible et des preuves scientifiques", "être "proportionnée" et "prise en coordination avec les autres", a expliqué le Slovène.
De son côté, la commissaire à la Santé, Stella Kyriakides, a annoncé qu'une mission de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) se rendra mardi en Italie. La Commission a demandé à l'Italie de mettre à jour son évaluation des risques et les scénarios possibles, tandis que l'ECDC est en train de passer en revue les plans d'urgence des Etats membres. "Nous allons faire tout notre possible pour soutenir les Etats membres, pour faire face à la situation. Nous devons y faire face sérieusement, mais nous ne devons pas céder à la panique ou à la désinformation", a plaidé Stella Kyriakides.
5 - Est-ce qu'il faut annuler les voyages en Italie ?
Actuellement, l’OMS ne recommande aucune restriction de voyage ou de commerce avec l'Italie. Seuls "les voyages vers la Chine sauf raison impérative (...)," sont déconseillés pour cause de coronavirus, peut-on lire sur le site du gouvernement. Pour se tenir informé de l'évolution de la situation, le site France Diplomatie recommande plutôt de suivre les consignes des autorités locales (notamment sur le site du ministère de la Santé, en italien), de s’informer au numéro vert d’information 1500 et de consulter le site internet et les réseaux sociaux de l’OMS et de l’ambassade de France en Italie.
Quant au site du Center for disease control (lien en anglais), l'organisme sanitaire américain, il assure qu'il n'est pas utile de repousser ou d'annuler les voyages prévus dans la botte. Il estime en effet que l'Italie fait l'objet d'une simple surveillance de niveau 1 : les voyageurs sont ainsi invités à prendre les précautions habituelles (le niveau 2 "alerte" préconise un niveau plus élevé de vigilance, tandis que le niveau 3 déconseille tout voyage non essentiel). Les voyageurs qui se rendent en Italie sont invités à éviter tout contact avec des personnes malades, à se laver les mains souvent avec du savon et à utiliser un gel hydroalcoolique contenant au moins 60% d'alcool.
Sachez toutefois que si vous aviez l'intention de vous rendre dans l'une des 11 communes visées par des restrictions (Codogno, Casapusterlengo, Castiglione d’Adda, Maleo, Fombio, Bertonico, Castelgerundo, Somaglia, San Fiorano, Terranova dei Passerini, Vo Euganeo), mieux vaut opter pour une autre destination. Et pour cause : les manifestations publiques ont été suspendues, tout comme les activités commerciales (hormis celles de première nécessité), économiques ou sportives. Bref, si vous pouvez toujours vous y rendre par vos propres moyens (ces localités ne sont plus desservies par les moyens de transports publics), ces villes ont désormais des allures de villes fantômes.
6 - Et si je reviens d'Italie ?
Si vous revenez de Naples ou de Rome, rien à signaler. En revanche, si vous revenez de Lombardie ou de Vénétie, le ministère des Solidarités et de la Santé vous invite a être vigilants dans les 14 jours qui suivront votre retour, au même titre que si vous aviez voyagé en Chine, à Singapour ou en Corée du Sud : "Surveillez votre température deux fois par jour ; surveillez l’apparition de symptômes d’infection respiratoire (toux, difficultés à respirer…) ; portez un masque chirurgical lorsque vous êtes en face d’une autre personne et lorsque vous devez sortir ; lavez-vous les mains régulièrement ou utilisez une solution hydroalcoolique ; évitez tout contact avec les personnes fragiles (femmes enceintes, malades chroniques, personnes âgées…) ; évitez de fréquenter des lieux où se trouvent des personnes fragiles (hôpitaux, maternités, structures d’hébergement pour personnes âgées…) ; évitez toute sortie non indispensable (grands rassemblements, restaurants, cinéma…)", liste le site du gouvernement.
"Dans la mesure du possible", les travailleurs et étudiants sont invités à privilégier le télétravail, tandis que "les enfants, collégiens, lycéens ne doivent pas être envoyés à la crèche, à l’école, au collège ou au lycée, compte tenu de la difficulté à porter un masque toute la journée."
Surtout, en cas de signes d’infection respiratoire dans les 14 jours suivant le retour, "vous devez contacter le Samu Centre 15 en faisant état des symptômes et du séjour récent en Chine (Chine continentale, Hong Kong, Macao), de Singapour, de Corée du Sud ou des régions de Lombardie et de Vénétie en Italie", précise encore le site du gouvernement.
7 - Les frontaliers sont-ils plus exposés ?
Face à la propagation du coronavirus en Italie, Eric Ciotti, le député des Alpes-Maritimes, a annoncé avoir a écrit au Premier ministre, Edouard Philippe, pour lui demander la mise en place d'un plan d'urgence pour le département des Alpes-Maritimes, la mobilisation des centres hospitaliers et le contrôle renforcé de la frontière.
La ville de Menton, située à la frontière franco-italienne, a quant à elle demandé la mise en place d'un plan sanitaire d'urgence, ainsi qu'un renforcement des contrôles sanitaires à la frontière. Enfin, une réunion d'urgence s'est tenue lundi avec le préfet des Alpes-Maritimes afin de faire un point sur les moyens déployés dans le département pour faire face au virus.
Si aucun plan d'urgence n'a été annoncé pour l'instant, des réunions quotidiennes avec les spécialistes de santé et les représentants de l'Etat, ainsi que l'ouverture d'une cellule d'information pour renseigner la population, ont été annoncées, rapporte France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur. "Un spécialiste infectiologue sera présent jour et nuit au CHU de Nice qui peut, dès aujourd'hui, accueillir des patients atteints du Covid-19", écrivent nos confrères.
Par ailleurs, les pouvoirs publics ont annoncé que des tests menés sur deux patients, à Nice, se sont révélés négatifs. Un troisième possible cas avait déjà été écarté la veille. "Personne dans la région n'est affecté par le virus Covid-19", a annoncé lundi midi sur franceinfo Philippe De Mester, directeur général de l'agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte d'Azur.
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