Franceinfo - Mis à jour le jeudi 1er mars 2018
Violeur présumé de Pont-sur-Sambre : "Cette personne reconnaît les faits" et estime son nombre de victimes à "une quarantaine"
Selon le procureur de la République Jean-Philippe Vicentini, l'individu interpellé "agissait sous le coup de pulsions"
Le village de Pont-sur-Sambre (Nord), le 27 février 2018. (BELLOUMI / MAXPPP)
Le mystère du violeur en série de Pont-sur-Sambre (Nord) touche à sa fin. Le procureur de la République Jean-Philippe Vicentini a indiqué, mercredi 28 février, que l'individu interpellé avait reconnu des viols : "Cette personne reconnaît les faits qui lui sont reprochés et agissait sous le coup de pulsions qu'elle ne contrôlait pas." Confondu par des traces ADN, l'homme a évalué le nombre de ses victimes "à une quarantaine".
L'homme, arrêté lundi près de Maubeuge (Nord), a été mis en examen. Le suspect a été repéré dans le cadre d'une coopération franco-belge. Il est soupçonné d'avoir commis de nombreux viols dont le premier date de 1988. C’est l’enquête sur une agression sexuelle commise en Belgique la semaine dernière qui a permis de l’interpeller. Son ADN, inconnu jusqu’à son interpellation, le relie à plusieurs autres viols.
Ce que l'on sait de l'affaire du "violeur de la Sambre", qui reconnaît avoir fait "une quarantaine" de victimes
Le suspect, un ouvrier nordiste âgé de 57 ans, père de famille, a été arrêté lundi, dans sa voiture. Il a été mis en examen pour "viols et agressions sexuelles"
Pont-sur-Sambre, le 27 février 2018. (MAXPPP)
C'est le dénouement d'une longue affaire, qui durait depuis près de trente ans. Un homme a été mis en examen, mercredi 28 février, pour des dizaines de viols et agressions sexuelles commis ces dernières années, dans le bassin de la Sambre (Nord). Le premier date de 1988 et l'homme a reconnu "une quarantaine" de victimes. Franceinfo revient sur ce que l'on sait de l'affaire.
Comment la police a-t-elle confondu le suspect ?
L’affaire a été relancée le 5 février dernier, alors "qu’une mineure qui se rendait à l’école le matin", a subi une agression sexuelle, à une dizaine de kilomètres de Maubeuge, à Erquelinnes (Belgique), a appris franceinfo par la police belge. L'agression a eu lieu "vers 7-8 heures", précise la police belge.
L'exploitation des images de vidéosurveillance a alors permis aux policiers belges de repérer le véhicule de l'auteur de l'agression, une "Peugeot 206 grise, immatriculée en France" selon Le Parisien. L'information est alors transmise à la PJ de Lille, qui fait rapidement le lien avec une série de viols, commis dans la région selon le même mode opératoire. D'après RTL, les enquêteurs "avaient fini par donner un nom de code au dossier : le 'violeur de la Sambre'."
La jeune fille qui a été agressée en Belgique a également pu donner des détails sur la description physique de cet homme, âgé d'une cinquantaine d'années. Son ADN est alors comparé "et il s'avère qu'il est concordant" avec des traces retrouvées sur plusieurs autres victimes de l'affaire des viols de la Sambre, a expliqué le procureur de la République de Valenciennes, Jean-Philippe Vicentini, lors d'une conférence de presse. Lundi, la police française l'interpelle alors à son domicile, alors qu'il part travailler, et le place en garde à vue.
Qui est le violeur présumé ?
Le suspect, Dino S., marié, père de trois enfants et grand-père depuis peu, est domicilié à Pont-sur-Sambre. Interrogé par France 3 Hauts-de-France, le maire de Pont-sur-Sambre décrit un homme "sociable (...) presque le gendre idéal." Lui qui connaît le suspect depuis "plus de vingt ans" se dit médusé, comme les habitants de cette petite commune de 2 550 habitants, située près de Maubeuge : "Les gens disent 'ce n'est pas possible que ça soit lui'."
Cet ouvrier d'entretien pour un sous-traitant de l'usine Jeumont Electric est décrit dans Le Parisien comme un homme "très attentionné, bricoleur, s’occupant quotidiennement de son beau-père malade et gros travailleur." D'origine italienne, il était très engagé dans la vie associative de la commune. "Ancien joueur de bon niveau, qui jouait en défense, ex-entraîneur et président du club de foot local, il avait dû démissionner à la suite de divergences avec d’autres dirigeants du même club", rapporte un "très proche" au quotidien. Le trésorier du club affirme auprès de France 3 n'avoir "jamais remarqué un geste ou une parole déplacés", notamment à l'égard des joueuses qu'il supervisait.
Le procureur de la République de Valenciennes évoque lui aussi un homme "qui a toujours beaucoup travaillé" et qui "n'attirait pas l'attention".
Comment le suspect agissait-il ?
Devant les enquêteurs, l'homme a "globalement reconnu" les faits qui lui étaient reprochés. Il a admis avoir commis "une quarantaine de viols", dont le premier date de 1988. La plupart ont été commis dans le bassin de la Sambre. Une collégienne, une infirmière, une agente de service ou encore une professeure figurent parmi ses victimes. Mais il y avait surtout une "grosse proportion de lycéennes", précise la police judiciaire à franceinfo.
Jean-Philippe Vicentini décrit un mode opératoire similaire pour toutes ses agressions : "Les femmes étaient attaquées de dos, très tôt le matin quand il fait encore noir, avec un auteur qui utilisait des gants et qui avait le visage masqué”, a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse. Toutes se rendaient à leur travail à pied. L'homme menaçait souvent ses victimes avec un couteau, a appris franceinfo. Les agressions ont eu lieu dans un rayon d’une trentaine de kilomètres autour de Pont-sur-Sambre. La dernière agression en France a été commise en 2012, précise la PJ.
Selon le procureur, le suspect a indiqué agir "sous le coup de pulsions qu’il ne parvenait pas à contrôler." Le procureur précise qu'il "a souhaité collaborer activement à l’enquête dès le moment de sa garde à vue." L'homme a été entendu par un juge de la détention et des libertés, qui devrait décider de l'incarcérer. Il risque quinze ans de prison pour viol sur mineur et sur majeur.
Pourquoi a-t-il fallu autant de temps avant de l'arrêter ?
Le mode opératoire du violeur présumé a rendu son identification difficile, puisqu'il faisait toujours en sorte de ne pas être reconnu par ses victimes. De plus, le suspect ne figurait pas dans le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) qui regroupe toutes les empreintes ADN des personnes qui ont été condamnées pour des infractions sexuelles ou certains crimes.
Par ailleurs, le suspect n'ayant pas de casier judiciaire, son ADN n'avait jamais été prélevé. Le procureur Jean-Philippe Vicentini a évoqué, mercredi, une "longue enquête, compliquée, basée sur des éléments assez sommaires". La PJ s'est efforcée de contacter "le plus grand nombre de victimes possible. Elles étaient particulièrement touchées, elles n'y croyaient plus", a commenté le patron du SRPJ de Lille Romuald Muller. Le procureur s'est félicité que "cette affaire ait été résolue"
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