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L'AIR DU TEMPS

La tribune du dimanche 2 novembre 2014

 

 

 

BURKINA FASO Ouagadougou : un jour, trois chefs d’Etat. Un jeune officier va assurer la transition après la chute de Blaise Compaoré. Le nouvel homme fort du pays s’appelle Isaac Zida : c’est lui que l’armée à choisi, au terme de plusieurs heures de confusion, pour conduire la transition post-Compaoré.

 

 

Le pouvoir a horreur du vide. Nouvelle preuve hier à Ouagadougou, qui a connu trois chefs d’Etat en 24 heures, sous les yeux d’une opposition mécontente. C’est d’abord le général Traoré, chef d’état-major des armées, qui s’est autoproclamé successeur de Blaise Compaoré, démissionnaire vendredi. Avant que le lieutenant-colonnel Isaac Zida, numéro 2 de la garde présidentielle, ne se déclare à son tour. Et c’est finalement ce dernier, le challenger, qui s’est imposé hier. Ce leader d’un groupe de jeunes officiers se présentant comme les « forces vives » de la nation a promis que « les aspirations de la jeunesse au changement démocratique ne seront ni trahies ni déçues ».

 

 

Un fauteuil pour deux

 

Pourtant,  pendant plusieurs jours, c’est le général à la retraite Kouamé Lougu que la foule a acclamé. Mais l’homme aurait finalement refusé de conduire la transition démocratique, selon les médias burkinabés. Aussi, vendredi après-midi, à peine la démission de Compaoré signée, le général Nabéré Honor Traoré s’empressait d’annoncer qu’il assumait « la responsabilité du chef de l’Etat », en agissant « conformément aux dispositions constitutionnelles ».

 

 

Problème, ce n’est pas ce que prévoit la constitution du Burkina Faso : en cas de vacance du pouvoir, l’intérim doit être assumé par le président de l’Assemblée nationale. Sauf que celle-ci a été dissoute jeudi… Face à ce coup de force militaire, les manifestations reprenaient. Les opposants reprochaient au général Traoré sa trop grande proximité avec Blaise Compaoré. Au milieu de cet imbroglio, Izaac Zida, le troisième homme, bloquait la télévision publique pour décréter la « suspension » de la constitution et, en toute simplicité, une « prise de pouvoir ».

 

 

« Une transition apaisée »

 

Alors qu’un affrontement entre les deux camps était à craindre, la « haute hiérarchie » de l’armée a annoncé hier midi avoir choisi le jeune officier pour mener la transition démocratique. Signe d’apaisement, le communiqué annonçant le triomphe d’Isaac Zida était signé par son rival, le général Traoré. Mais l’opposition ne se satisfait pas de cette « confiscation du pouvoir » : elle a appelé à un rassemblement ce matin à Ouagadougou et exige une transition « démocratique et civile ». R.B.

 

 



04/11/2014
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