la tribune du dimanche 28 décembre 2014
TECHNOLOGIES - Applications mobiles : ce qui vous attend en 2015. Le temps passé sur smartphone augmente, en conséquence le marketing s'adapte pour mieux cibler cette audience nouvelle. De la banque aux jeux, en passant par le shopping, elles sont partout. Souvent gratuites, les applications mobiles attirent de plus en plus l'attention des grandes marques.
28 C'est en millions, le nombre de smartphones que possèdent les Français. Plus d'un utilisateur de téléphonie mobile sur deux est donc équipé. Et le basculement s'accélère: en 2014, les trois-quarts des téléphones mobiles vendus étaient des smartphones.
L'arrivée en 2015 de nouveaux terminaux, le développement du commerce mobile et le croisement des données entre nos différentes applications va changer de manière dont nous percevons notre smartphone. Renaud Menerat, Président de l'association MMAF
"La prise de pouvoir du mobile est d'ores et déjà entérinée d'où la ruée des marques vers les applications", explique Renaud Menerat, le président de la Mobile Marketing Association France (MMAF), qui regroupe les professionnels du secteur. Quelques chiffres pour mieux s'en rendre compte : les Français possèdent 28 millions de smartphones (soit à peu près un Français sur deux qui est équipé), environ 30 applications utilisées en moyenne, pour un total de 30 heures passées par mois devant ces petits logiciels, si pratiques, que ce soit pour vérifier son compte en banque, payer ses impôts (impots.gouv), justifier ses retards au travail (Fake An Excuse) ou prêter ses toilettes (AirPNP).
Des écrans partout
Nouveauté de 2015, les applications vont sortir des smartphones et des tablettes. En effet, la vague des objets connectés gonfle discrètement : bracelets, montres, lunettes et casques. L'arrivée de l'Apple Watch, la montre connectée d'Apple, devrait marquer le grand essor de ce nouveau marché. Et chacun de ces écrans contiendra bien sûr... des applications. Connectées entre elles.
En ce domaine, le futur s'appelle Apple HomeKit, une application qui permet de contrôler tous les objets connectés de la maison : ouverture des portes, allumage des lampes, réglage du chauffage, programmation de la cafetière...
L'essor du m-commerce
L'e-commerce lui-même est dépassé. Place au m-commerce. Les smartphones vont se muer en terminaux de vente. La SNCF et les compagnies d'aviation ont déjà dématérialisé leurs tickets. Dans les hôtels, le "checking digital" et le keyless (les clés numériques) se développent.
Plus étonnant encore, la multiplication des codes QR, ces codes barre renvoyant vers internet, en magasins. On ouvre son application, on flashe un code et l'on sort du magasin sans passer à la caisse ! La marque Comptoir des Cotonniers est précurseure en ce domaine. Le service Apple Pay devrait bientôt permettre de généraliser le procédé.
Des pushs tout le temps
Pour l'heure, seules les applications de la presse ou celles des réseaux sociaux envoient des notifications à leurs usagers. Bientôt, le "marketing prédictif" va en faire la règle. Exemple : vous possédez l'application d'une marque bien connue de fast-food ? Vous recevrez un message push chaque fois que vous approcherez d'un de leurs restaurants. Et si vous en franchissez la porte, ce sera un push de bienvenue, puis un autre sur les menus disponibles, les promotions...
Mieux, les applications ambitionnent de se muer en "assistants personnels", et anticiper vos besoins. Une expérience étonnante, que Google Now propose déjà. Grâce à l'agrégation des contenus de diverses applications Google, l'application sait ce que contient votre agenda. Dès lors, avant un rendez-vous, elle vous envoie une notification pour vous avertir de partir, calcule votre temps de trajet, anticipe les bouchons, etc. C'est la magie de l'accumulation des données. En 2015, votre smartphone voudra tout savoir sur vous, pour mieux vous guider. Effrayant ? Peut-être. En tous cas, bienvenue dans le futur. Ryad Benaidji
Le monde professionnel n'y échappe pas
Incontournables, les applications se font aussi une place au travail. Là encore, il s'agit de conjuguer des ressources de la mobilité et du digital pour accélérer les flux d'information. C'est ce que l'on appelle les "applications métier". Pour les commerciaux, les "applications métiers" sont utilisées à des fins marketing à destination des futurs clients. Elles servent aussi à améliorer les outils de suivi. Pour les équipes techniques, elles offrent la possibilité de traiter en direct les alertes et urgences sur le réseau, sans repasser par un quelconque QG.
Mieux, le groupe Vinci utilise une application qui, grâce à une code QR, donne accès aux techniciens à toutes les informations antérieures sur la pièce qu'ils doivent réparer. Autre ressource appréciable, l'utilisation de photos pour signaler les dommages. Un système utilisé notamment par la SNCF. Enfin, les "applications métier" sont aussi utiles dans l'aide à la décision. Ainsi, demain avec les lunettes connectées, les techniciens auront accès à une notice... en 3D, avec couleurs différentes pour les pièces défectueuses et pictogrammes pour aider à la manoeuvre.
--------------------------- Questions à Bruno Doucende -----------------------
Consultant, fondateur et PDG de Synertic
"Une révolution dans la révolution du Web"
Les applications mobiles vont-elles vraiment changer notre quotidien en 2015 ?
C'est une révolution qui est déjà en marche depuis un moment. Le mobile a bouleversé l'information, l'accès à l'information, la production d'information. Etre en permanence connecté change le rapport au réel, mais aussi au web. L'information est contextualisée, filtrée, prescrite. Les applications sont une révolution dans la révolution du web.
Nous serions donc déjà dans l'ère post-ordinateur ?
Cela fait quelques mois déjà que le web mobile a dépassé le web "classique" sur bien des sites, dont nombre de sites de presse. Mais il faut penser selon les terminaux. Les objets connectés vont bientôt arriver en masse : lunettes, casques, montres. Ca va être un nouveau bouleversement. Le web mobile sera beaucoup plus diffus.
Que pensez-vous du rapport de la Cnil sur les abus en termes de confidentialité ?
N'oublions pas que le consentement de l'utilisateur est requis avant que nombre de tâches ne soient effectuées : géolocalisation, envoi de push, etc... Parfois, l'application ne demande le consentement qu'une seule fois, parfois celui-ci est implicite. Mais il faut sensibiliser les utilisateurs : combien lisent vraiment les conditions d'utilisation ? Il faut aussi se poser de bonnes questions :
- qui a fait cette appli ?
- en ai-je vraiment besoin ?
Je pointe par ailleurs un vrai problème : l'arrivée des objets connectés va décupler la masse d'informations disponibles sur un utilisateur. Son poids, son rythme cardiaque, ses recherches web, son agenda, ses contacts. On saura à peu près tout sur tout le monde. Un des enjeux sera de savoir qui va contrôler ces informations. Propos recueillis par R.B.
Des mouchards dans nos poches
Nos poches, ce nid d'espions. Edward Snowden, l'ex-employé de la NSA, l'avait dénoncé et depuis, rien ne s'est amélioré. Ainsi, fin novembre, Twitter a publiquement annoncé qu'il allait scanner les applications mobiles de ses utilisateurs. Grand seigneur, le réseau social américain précise qu'il "collectera" la liste des applis sans mettre son nez dans le contenu.
La manoeuvre, inutile pour faire fonctionner l'appli, s'avère très lucrative. Le géant du web peut ainsi affiner les "profils" des clients, mieux cibler les publicités et améliorer ine fine ses revenus. Du moins Twitter a-t-il la politesse de prévenir avant d'espionner. Une délicatesse partagée. Selon la Cnil, la plupart des applications "mouchardent" déjà, mais se gardent bien de l'afficher.
Dans son étude Mobilitics, la Cnil pourfend ces "boîtes noires" : sur 121 applis étudiées sur Android, 50 à 60 % des applications ont accédé à des identifiants, 24 % à des données de géolocalisation de l'utilisateur. Sur iOS, 8 % récupèrent même le carnet d'adresses.
Le piège de la gratuité
Loin d'être des pratiques marginales, l'utilisation des données est une facette du modèle économique des applis. Puisqu'elles sont pour la plupart gratuites, trois alternatives existent pour se financer :
- être adossées à un autre service (les banques)
- susciter des achats in-apps (les applis de jeux)
- ou vivre de la récupération des données
Trois modèles économiques "complémentaires", affirme la Cnil. De quoi méditer le célèbre axiome, effarant de brutalité : "Si c'est gratuit, c'est que vous êtes le produit".
Retour sur les applications les plus marquantes de 2014
WhatsApp, la plus chère
Une messagerie instantanée qui vaut 17,5 milliards d'euros. C'est ce montant exorbitant que Facebook a payé pour s'offrir WhatsApp. Mark Zuckerberg ne s'est pas caché que cette somme vaut surtout pour les 600 millions d'utilisateurs actifs de la plateforme.
Dubsmash, la plus drôle
C'est le buzz de cette fin d'année. Dubsmash permet de doubler des extraits de chansons, séries ou films, et de publier ensuite le résultat sur réseaux sociaux. Fou rire garanti, grâce à un catalogue divers (de Star Wars aux Tontons Flingueurs, de Booba au giscardien "au revoir") et à une grande facilité d'utilisation.
2048, la plus casse-tête
Dans le métro, au bureau, chez soi... Ce jeu a captivé les internautes. Le but : additionner des multiples de 2 jusqu'à atteindre 2048. Sauf que ce Graal n'est pas si facile à atteindre. Des heures de jeux n'y suffisent pas toujours. Casse-tête et addictif à la fois.
Yo, la plus bizarre
Une application qui ne sert qu'à envoyer des "Yo" (salut), ça peut vraiment marcher ? Eh bien oui. Et les internautes ont même réussi à donner un sens à ces notifications étranges. Pendant la coupe du monde, les fans de football envoyaient ainsi un Yo à chaque but marqué.
Happn, la plus sensuelle
Le coup de foudre, version digitale. Happn vous propose de retrouver ceux que vous avez croisés dans la journée, et qui vous ont séduit, grâce à un service très précis de géolocalisation. En un an, Happn a conquis 1,2 million d'utilisateurs, surtout chez les jeunes. Un vrai succès pour cette start-up française.
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