la Tribune du dimanche 5 octobre 2014
TERRORISME - Aux mains de Daesh, vingt otages sont dans le couloir de la mort. Après l'exécution d'un cinquième occidental. Au moins une vingtaine de personnes aujourd'hui détenues par l'Etat islamique sont sous la menace d'une décapitation. Le dernier otage français Serge Lazarevic n'en est pas à l'abri.
Quand est-ce que cette mise en scène morbide s'arrêtera-t-elle ? Jusqu'où les bourreaux de Daesh (l'Etat islamique - EI) vont-ils aller ? Dans la nuit de vendredi à samedi, le travailleur humanitaire britannique Alan Henning a été exécuté par le groupe EI.
L'ex chauffeur de taxi au grand coeur de Manchester reconverti dans l'humanitaire était la cinquième victime occidentale de l'Etat islamique ou de ses affidés, après les deux journalistes américains James Foley (décapité le 19 août) et Steven Sotloff (2 septembre), le travailleur humanitaire britannique David Haines (13 septembre) et le guide français Hervé Gourdel (24 septembre).
Dans la dernière vidéo des terroristes annonçant le décès d'Alain Henning, la prochaine victime a déjà été annoncée. Comme toutes les menaces terroristes ont jusqu'à présent été mises à exécution, on peut craindre pour la vie de l'Américain Peter Kassig, un ancien militaire des forces spéciales travaillant aujourd'hui pour des organisations humanitaires.
La funeste liste pourrait s'allonger. L'Etat islamique détiendrait une vingtaine d'otages occidentaux, un nombre très difficile à estimer, des pays refusant de communiquer sur ce sujet pour ne pas mettre en danger leurs ressortissants kidnappés ou pour ne pas faire monter les enchères en cas de négociation de rançon.
Un autre journaliste indépendant américain, Austin Tice, disparu depuis août 2012, serait actuellement détenu par l'EI. Toute l'Europe est concernée. Des Italiens, Allemands, Danois... vivent sous la menace des terroristes. Deux jeunes Italiennes, Greta Ramelli, 20 ans, et Vanessa Marullo, 21 ans, originaires de Varèse dans le nord de la Péninsule, ont disparu début août dernier alors qu'elles accomplissaient une mission humanitaire apportant des médicaments dans un camp de réfugiés dans le nord de la Syrie. Elles auraient été enlevées en compagnie d'un ressortissant danois et japonais. Le père italien Paolo Dall'Oglio enlevé en juillet 2013 serait aussi détenu par les mêmes ravisseurs.
Officiellement, aucun Français ne serait tombé dans les mains de l'EI. "Mais on ne peut pas écarter qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui détient Serge Lazarevic depuis novembre 2011 monnaye le dernier otage Français au Mali. Il conserve une valeur marchande. Comme l'Etat français ne souhaite pas payer, Aqmi pourrait le proposer à l'EI", s'inquiète Pascal Lupart. L'ancien porte-parole du comité de soutien à Serge Lazarevic craint pour la vie de celui dont on a plus eu de nouvelle depuis juin pour une autre raison.
"Cette semaine, Aqmi, qui jusqu'à présent n'avait jamais organisé de décapitation de ses ennemis ou otages, a inauguré ce mode opératoire sanguinaire en exécutant de cette façon des Touaregs suspectés de donner des informations aux renseignements français", relève-t-il. Patrice Barrère
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