la Tribune du jeudi 28 août 2014
PROCHE-ORIENT - Gaza : pourquoi la paix est fragile. Le bilan s'élève à ce jour à 2 100 morts et 475 000 réfugiés. Après cinquante jours de conflit meurtrier, le cessez-le-feu "illimité" peut-il être respecté ? Israéliens et Palestiniens souhaitaient un répit, mais de nombreux points de divergence demeurent.
Le contraste est saisissant : d'un côté des scènes des liesse à Gaza-ville, de l'autre un calme voire une amertume sourde du côté de Jérusalem et Tel Aviv. Le cessez-le-feu, conclu sous l'égide de l'Egypte et entré en vigueur mardi soir, s'annonce fragile. Rien, pour l'instant, ne laisse entrevoir un rapprochement entre Israéliens et Palestiniens même si les négociations (indirectes) doivent se dérouler sous un mois. Des questions restent en suspens.
Après plusieurs cessez-le-feu tous violés par un camp ou l'autre, le dernier se veut "illimité". Pourquoi celui-ci serait-il respecté ? "Il y a une volonté plus sérieuse de la partie palestinienne de rentrer dans cette logique. Le Hamas affiche cette fois une volonté durable", diagnostique Alain Diechkhoff, directeur du CERI (Centre d'études de relations internationales de Sciences Po) et spécialiste des relations israélo-palestiniennes joint hier. Le bilan lourd (plus de 2 100 morts, 475 000 réfugiés) ainsi que les destructions ont pesé. "Le Hamas espérait obtenir davantage par la poursuite du conflit ; en réalité, il n'a rien obtenu de plus qu'à la mi-juillet. Leur stratégie a montré ses limites".
Les chefs de la "résistance" palestinienne, sortis pour la première fois en public depuis le 8 juillet, début de l'opération "Bordure protectrice" menée par Israël, ont revendiqué la victoire. Pour M. Dieckhoff, "objectivement, il n'y a ni vainqueur, ni vaincu. Les choses qu'espérait obtenir le Hamas ne sont pas là, mais plutôt dans la négociation à venir qui sera très difficile". Israël, pour sa part, a sans toute atteint plusieurs de ses "objectifs" militaires, comme la destructions de tunnels, de rampes de lancement de missiles. Mais, politiquement, relève Alain Diechkhoff, Benjamin Netanyahou, le Premier ministre, "n'est pas dans une situation extraordinaire et beaucoup de ses ministres jugent qu'on s'est arrêté au milieu du gué".
Israël réclame toujours la démilitarisation de Gaza, tandis que les Palestiniens exigent notamment la levée totale du siège, la construction d'un port et d'un aéroport, la libération de prisonniers. Il apparaît "compliqué" de trouver une future convergence. "C'est un accord a minima pour l'instant", retient le chercheur, "l'ouverture des voies de passage qui n'ont en réalité jamais été fermées. Les autres points ne seront pas abordés si le Hamas ne désarme pas". D'autant qu'un possible "compromis" ne se fera pas en direct, mais par des intermédiaires. "L'Egypte en course au début du conflit, a ainsi disparu ensuite au profit des Qataris et des Turcs, avant de revenir dans le jeu et se montrer incontournable". Pourquoi cette médiation égyptienne ? Parce que, rappelle Alain Dieckhoff, "c'est le seul pays à entretenir encore des contacts avec les trois parties : Israël, l'Autorité palestinienne et le Hamas". Xavier Frère
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