la Tribune du mercredi 8 octobre 2014
Budget : bras de fer entre Paris et Bruxelles. La Commission européenne pourrait être amener à rejeter la loi de Finances de la France. Menace sur le projet de budget, qui sera transmis à la Commission d'ici une semaine : le gouvernement français pourrait être contraint à un effort supplémentaire sur les impôts ou les dépenses.
3 C'est le nombre de fois où la France n'a pas respecté ses engagements budgétaires envers l'Europe. En 2003, avec Jacques Chirac, en 2007 avec Nicolas Sarkozy, en 2013 avec François Hollande... et donc peut-être à nouveau en 2015 avec François Hollande.
------------------- Question à Yves Bertoncini --------------------
Directeur de l'Institut Jacques-Delors
"La France a épuisé son crédit"
Faut-il craindre un conflit Paris-Bruxelles sur le budget ?
Oui, car il y a d'un côté des règles européennes, plutôt renforcées avec la crise de la zone euro, et de l'autre côté la France, l'un des rares pays à ne pas respecter ses engagements budgétaires depuis que le pacte de stabilité a été adopté.
Les conditions d'un conflit sont donc réunies, qui serait coûteux pour l'Union européenne en France et pour la France en Europe.
Pourquoi coûteux pour la France en Europe ?
C'est déjà coûteux de ne pas tenir ses engagements, et c'est ce qu'est en train de payer Pierre Moscovici, dans sa candidature à la Commission. La France est sans doute crédible en matière de politique extérieure et de défense, mais elle a épuisé son crédit auprès de ses partenaires sur les questions budgétaires. Et ce scepticisme la gêne dans sa demande de "réorienter l'Europe" et modifier les règles : elle apparaît un peu comme le chauffard qui prétend réformer le code de la route.
Et mauvais, dites-vous, pour l'Europe en France ?
Oui, car cela conforte l'image d'une Europe punitive, coercitive. Une fraction de l'opinion française pourra trouver sain que l'Europe nous force à respecter les règles. Mais je crains que, face au choc symbolique d'un budget rejeté par l'Europe, la réaction dominante ne soit souverainiste, sur le thème : de quel droit l'Europe nous dicterait-elle nos choix... Sauf si le rappel à la règle n'est pas trop rude. Et s'il est équilibré par un effort européen sur l'investissement. Ce serait alors ajouter la relance à la rigueur, et la carotte au bâton. Recueilli par F.B.
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