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PROCHE-ORIENT - Pourquoi les Kurdes résistent. Installés au Nord de l'Irak, ils combattent l'Etat islamique.  Alors que l'armée irakienne est dépassée par les événements, les occidentaux aident les Kurdes d'Irak pour protéger le pays, ainsi que ses minorités. Un peuple habitué à la lutte armée.

Depuis le début de l'offensive de l'Etat islamique en Irak, le peuple kurde apparaît comme sauveur des minorités, et comme le seul rempart pour contrer les djihadistes. C'est à eux que les Etats-Unis et la France livrent des armes. Pourtant, les Kurdes n'ont pas toujours été aussi reconnus.

Leur histoire, vieille de plusieurs millénaires, est complexe, et leur peuple est réparti aujourd'hui entre quatre pays différents : la Turquie, principalement, mais aussi l'Iran, l'Irak et la Syrie. Les Kurdes, environ 40 millions, ont en commun une langue, mais pratiquement des religions différentes : Islam sunnite à 80 %, christianisme, judaïsme...

Depuis la fin de la Première Guerre mondiale et l'éclatement de l'empire Ottoman, les Kurdes luttent pour leur indépendance. Le cas le plus emblématique est celui des Kurdes de Turquie, où en 30 ans, le combat a fait plus de 40 000 morts. Mais en Irak, où ils sont environ 6 millions, les Kurdes gouvernent depuis 2005 une région au nord du pays avec un président et un Parlement après avoir subi une répression cruelle sous Saddam Hussein.

De ces années de guerre, les Kurdes irakiens ont retiré l'expérience de la lutte armée. Leurs combattants, les Peshmergas, qui comptent aujourd'hui environ 100 000 à 150 000 hommes et femmes, combattent aujourd'hui les djihadistes de l'Etat islamique. Depuis quelques jours, ils ont également été rejoints par des combattants du PKK, le parti des travailleurs Kurdes, une organisation nationaliste, connue pour son opposition armée avec la Turquie.

"En Irak, les Kurdes se battent avant tout pour protéger leur communauté et surtout leur région autonome, estime Karim Pakzad, chercheur à l'Institut des relations stratégiques (IRIS) et spécialiste de l'Irak et des Kurdes. Cette région est prospère, développée, et les autres Kurdes comptent sur cette entité pour les aider".

Les Kurdes ont de bonnes relations avec les différentes minorités d'Irak. C'est pourquoi les minorités terrorisées par l'avancée de l'Etat islamique se sont réfugiées chez les Kurdes. Parmi elles, les Yézidis. Au nombre de 150000 environ, cette communauté religieuse, kurdophone, pratique le yézidisme, une religion bien antérieure à l'Islam avec des croyances assez surprenantes, qui leur interdisent par exemple de manger de la laitue, ou bien encore de porter des vêtements bleus. Les Yézidis sont tout particulièrement persécutés par les islamistes qui les considèrent comme des "adorateurs du diable". Leur survie est aujourd'hui entre les mains de l'Occident et des Peshmergas kurdes. Florence Tricoire

Des armes françaises

Comme les Américains et les Britanniques, la France acheminera dans les heures qui viennent des armes en Irak. "Pour soutenir la capacité opérationnelle des forces kurdes engagées contre les jihadistes de l'Etat islamique (EI) qui progressent vers Bagdad", a annoncé l'Elysée hier dans un communiqué.

François Hollande n'aura pas attendu la réunion des ministres des Affaires Etrangères de l'Union européenne sur l'Irak tant réclamée par le Français Laurent Fabius et enfin programmée vendredi. De toute façon, un accord des 28 était impossible sur le sujet, les pays nordiques s'opposant à toute intervention militaire. Les discussions devraient donc porter sur les largages humanitaires et l'éventuel accueil de réfugiés des minorités chrétiennes et yazidis.