www.l-air-du-temps-de-chantal.com

ÉCONOMIE - UNE COMMANDE RECORD DE L'AUSTRALIE POUR LES INDUSTRIES D'ARMEMENT FRANÇAISES ET LEURS SOUS-TRAITANTS

Sous-marins : les dessous du contrat du siècle

Le groupe français DCNS a remporté face à ses concurrents allemand et japonais une commande estimée à 34 milliards d'euros en vue de la construction de la prochaine génération de sous-marins australiens.

Contrat du siècle, méga-commande, déferlante de dollars australiens et d'emplois dans les arsenaux navals français, succès de l'excellence et du savoir-faire français... Le choix du groupe français DCNS par l'Australie pour renouveler sa flotte de sous-marins a déclenché une marée de cocoricos et de superlatifs en ces temps de basses eaux politiques pour le gouvernement.

34,3 milliards d'euros pour 12 sous-marins Barracuda, c'est en effet le plus important accord commercial conclu par la France avec un pays étranger.

Cela correspond à 90 Airbus A380, 33 paquebots au chantier naval STX, 138 avions Rafale, 14 ans de... champagne sur le marché mondial. Après les Rafale, les hélicoptères et les frégates l'industrie militaire française engrange son plus beau succès.

Transfert de technologie

C'est le principal argument face aux Asiatiques, la France accepte le transfert de technologie, autrement dit une partie de la fabrication dans le pays. Dix des douze sous-marins seraient construits sur place. "Sans cela pour l'automobile, l'aéronautique comme pour la défense pas de contrat" relève Sarah Guillou experte à l'OFCE. Malcon Turnbull a bien insisté hier : "L'argent public de cette commande sera investi dans l'acier australien et créera des milliers d'emplois sur les chantiers à Adélaïde". Lui avance plus de 5 000 emplois. La CFDT et l'UNSA du groupe DCNS, qui prévoit des réductions de postes à Cherbourg notamment, s'inquiétaient de voir les emplois de ce contrat filer ailleurs.

30 % du contrat aux Américains

Jean-Yves Le Drian évaluait les retombées en France de 3 000 à 4 000 emplois en France. Plus prudent, le patron de DCNS Alain Morvan n'avance pas de chiffres. Déjà 30 % du contrat sera capté par l'industrie américaine de l'armement qui fournit les systèmes de combat (lanceurs, torpilles, leures).

Jean-Yves Le Drian se rendra en Australie pour établir la feuille de route du projet qui débutera début 2017 pour une livraison en 2027. Il va entrer dans les détails. Ceux qui se mesureront en emplois pour 10 ans.

UNE QUESTION DE SOUVERAINETÉ DANS LE PACIFIQUE

C'était un enjeu géopolitique majeur. La commande record passée avec DNCS va permettre à la marine australienne d'asseoir son influence dans le Pacifique. Vecteurs d'information et de dissuasion, ces douze sous-marins seront des instruments de puissance face à la Chine pour surveiller une zone où transite la majeure partie des flux commerciaux du monde.

Il fallait pour le gouvernement australien Malcolm Turnbull, le premier ministre a d'ailleurs justifié le "doublement des sous-marins par l'environnement maritime compliqué dans la région".

"En 2020, la Chine comptera plus de 70 sous-marins [...] et d'ici à 2035, environ la moitié des sous-marins au monde opéreront dans la région indo-Pacifique, où l'Australie a le plus d'intérêts à défendre", expliquait Canberra dans un Livre blanc sur la défense publié en février.

Et dans cette bataille, le Barracuda présenté par DNCS comme "le sous-marin à propulsion conventionnelle le plus avancé du monde" sera leur arme majeure.

D'abord distancés par les Japonais et dans une moindre mesure par les Allemands, les Français ont été au final les seuls en mesure de proposer aux Australiens un sous-marin fabriqué sur place et capable d'évoluer sur des longues distances en plongée prolongée dans l'océan Pacifique. O.M.

En 2015, la France a battu un record de ventes d'armement à l'exportation, totalisant 16 milliards d'euros. Le double du chiffre réalisé l'année précédente, talonnant la Russie sur le podium derrière les États-Unis.