le Progrès du dimanche 21 mai 2017
Depuis la base de Gao, le président Macron a dit vouloir poursuivre voire intensifier l'action de Barkhane. Alors que la menace terroriste n'a pas faibli au Mali, d'autres pistes doivent être explorées.
En presque cinq ans d'intervention au Mali, les opérations Serval puis Barkhane ont stoppé la contagion djihadiste, neutralisé plusieurs centaines de terroristes. Ce succès est indéniable en termes de contre-terrorisme, Emmanuel Macron l'a valorisé sur la base de Gao, où il effectuait vendredi sa première sortie hors d'Europe en tant que président.
"L'ennemi, c'est l'islamisme radical", a-t-il martelé en présence du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, exceptionnellement venu dans le nord de son pays, où il est très contesté. Avec Barkhane et ses 4 000 hommes, la France apporte son soutien militaire au G5 Sahel (Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), qui tente d'éradiquer la menace djihadiste transfrontalière et de ramener la stabilité régionale. La récente unification des groupes djihadistes par le Touareg Iyad Ag Ghali montre que la partie est loin d'être gagnée et d'autres champs sont à explorer, y compris par la France.
■ Quelle voie politique ?
À Gao, Emmanuel Macron a rappelé son soutien à la mise en oeuvre des accords d'Alger (2015) pour la paix au nord. Ces derniers mois, le chaud et le froid souffle entre les différents groupes armés signataires et les autorités maliennes. "Un climat de tension et d'insécurité peu propice aux avancées", traduisait vendredi un observateur militaire français. L'attentat le plus meurtrier qu'a connu le Mali (77 morts en janvier à Gao), ciblant un MOC (Mécanisme opérationnel de coordination), a sans doute joué un rôle néfaste dans la réconciliation. Sans compter les tensions internes qui agitent le pouvoir à Bamako, et le jeu parfois trouble de l'Algérie voisine.
■ Quelle coopération militaire ?
"Ce qui a été fait en cinq ans, aucune autre nation européenne n'aurait pu le faire", a déclaré le président à Gao. Les forces françaises ont combattu, mais également formé par les armées du G5 Sahel, tout en poursuivant un partenariat privilégié avec la Minusma (Nations Unies). Avec Jean-Yves le Drian, désormais en charge de l'Europe et des Affaires étrangères, présent également vendredi, Macron dispose d'un VRP de luxe pour convaincre les autres pays européens de rejoindre l'effort français dans la bande sahélo-saharienne. Notamment l'Allemagne, qui mobilise déjà 800 soldats dans le Sahel et notamment à Gao.
■ Quelles pistes pour le développement ?
C'est l'axe sur lequel le président Macron, accompagné en terre malienne de Rémy Rioux, directeur de l'Agence française de développement, veut faire preuve d'"un grand volontarisme". 470 millions d'euros sont déjà attribués pour le développement de la région, a rappelé le chef de l'État. Cette voie du développement sera sans doute la seule, bien au-delà de l'option militaire, à garantir la paix dans la durée. Pour Emmanuel Macron, "c'est le meilleur antidote à la propagation du terrorisme". Xavier Frère
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