le Progrès du dimanche 23 octobre 2016
SÉCURITÉ – FRANÇOIS HOLLANDE RECEVRA LES SYNDICATS EN DÉBUT DE SEMAINE
Police : tensions sur la légitime défense
Ulcérés par la montée des violences contre eux et l'attaque de Viry-Châtillon, les policiers réclament plus de possibilités de se défendre avec leurs armes. Pour eux, le concept de légitime défense doit être élargi.
La colère des policiers ne retombe pas. Nuit après nuit, les manifestations continuent. Débordés par leur base, les syndicats doivent rencontrer François Hollande en début de semaine. Une intersyndicale a appelé à des rassemblements silencieux devant les palais de justice tous les mardis de 13 h à 13 h 30. Elle demande un assouplissement des règles de la légitime défense et la « mise en place de peines plancher pour les agresseurs de membres des forces de l'ordre et services de secours », créés sous la droite et abrogées sous François Hollande.
« Si nécessaire et proportionné »
À l'heure actuelle, selon le code pénal (article 122-5), les représentants des forces de l'ordre n'ont le droit d'utiliser leur arme que lorsque leur vie est en danger. Concrètement, les policiers qui se sont retrouvés pris au piège dans leur voiture à Viry-Châtillon, dans l'Essonne, auraient pu tirer sur leurs agresseurs, armés de cocktails Molotov (cette attaque a été qualifiée de tentative de meurtre et deux juges d'instruction ont été nommés pour enquêter sur le dossier).
La loi du 3 juin 2016 contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement a assoupli les conditions d'ouverture du feu. Les policiers ont désormais le droit de faire usage de leur arme si cela est « absolument nécessaire et strictement proportionné dans le but exclusif d'empêcher la réitération, dans un temps rapproché, d'un ou plusieurs meurtres ». Aujourd'hui, donc, il n'y a pas de critères strictement définis par la loi et la notion de légitime défense est laissée à l'appréciation du juge.
« Insuffisant », estiment les policiers. Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat Alliance : « Ce qu'on demande, c'est que l'autorité de l'État redevienne une vraie autorité, où le policier est respecté. Comment peut-il être respecté ? Par des mesures efficaces. Cela fait des années que l'on demande à revoir le principe de la légitime défense. Aujourd'hui, il n'est pas normal que les policiers aient le même cas de légitime défense que le simple citoyen. Nous avons affaire à de la violence quotidienne. Il faut que la police fasse peur à ces délinquants pour éviter qu'ils passent à l'acte. Et faire peur aux délinquants, c'est changer les règles de la légitime défense ».
Le FN veut une « présomption de légitime défense »
Les policiers poursuivent ainsi les manifestations nocturnes, sous les applaudissements d'habitants parfois, soutenus aussi par des politiques. Hier, Bruno Le Maire, candidat à la primaire de droite, a visité un commissariat de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) en soutien à leurs revendications. Le vice-président du Front national, Florian Philippot a réclamé pour sa part une « présomption de légitime défense ».
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