le Progrès du dimanche 3 janvier 2016
ARABIE SAOUDITE - Peine de mort. Une exécution qui fâche l'Iran. Le royaume wahhabite a fait exécuter hier 47 prisonniers. Parmi eux, des membres d'Al-Qaida, mais aussi un dignitaire religieux chiite. Une mort qui amplifie les tensions au niveau intérieur et avec l'Iran.
Il s'appelait Nimr Bager al-Nimr, avait 56 ans, et était l'une des figures de proue de la contestation à la dynastie sunnite des Al-Saoud, au pouvoir en Arabie saoudite. Il a été exécuté hier, à l'abri des regards, dans une prison, comme 46 autres prisonniers, dont plusieurs djihadistes sunnites proches d'Al-Quaida. Tout un symbole et un avertissement, le deuxième jour de l'année 2016.
La sentence concernant ce cheikh chiite, accusé d'avoir mené un début de révolte en 2011, dans la foulée des Printemps arabes, avait été confirmée en octobre dernier. Le pouvoir lui avait également reproché "une désobéissance au souverain", et "un port d'armes". Cette exécution a été totalement assumée par Riyad, soutenue par les monarchies sunnites de la région (Bahreïn, Emirats Arabes Unis...).
Nimr Bager al-Nimr
Risques de révolte ?
Dans le royaume, les chiites sont deux millions sur les vingt millions d'habitants (à majorité sunnites) que compte le pays. Mohamed al-Nimr, le frère du cheikh, a estimé hier que cette exécution allait "provoquer la colère des jeunes", notamment dans le secteur de Qatif, l'est, où vit l'essentiel de la minorité chiite. Dans ce secteur proche du Bahreïn et riche en pétrole, les chiites se disent "marginalisés". Hier, des troupes de l'armée ont été envoyées dans la région pour éviter les débordements, mais des incidents ont eu lieu hier soir, après les manifestations. Au Bahreïn voisin (75 % chiites, 25 % sunnite mais au pouvoir), une dizaine de manifestations ont eu lieu.
Riyad "paiera un prix élevé" selon l'Iran
Riyad "paiera un prix élevé" pour cette exécution, a averti dès hier le ministre iranien des Affaires étrangères, accusant également le royaume wahhabite de "soutenir les mouvements terroristes et extrémistes". La mort de Nimr Baqer al-Nimr intervient au moment où le cessez-le-feu se termine au Yémen, où la coalition menée par l'Arabie saoudite tente de briser l'insurrection des rebelles chiites houtistes, soutenus par l'Iran.
La rivalité sunnite-chiite s'exacerbe chaque jour un peu plus. Hier soir, à Mashad (Iran), un consulat saoudien a été incendié. Alors que le risque d'embrasement de la région est réel, quels seront dans les prochains jours, l'attitude des Occidentaux, de la France et des USA notamment, avec leur "allié" saoudien, de plus en plus incontrôlable et encombrant.
A découvrir aussi
- le Progrès du lundi 25 mai 2015
- le Progrès du samedi 25 juillet 2015
- le Progrès du jeudi 30 juillet 2015
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 59 autres membres