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ALGERIE - Djihadisme. Face à Daech, l'Algérie se barricade. Le danger que laisse planer Daech en Libye inquiète tout particulièrement l'Algérie qui renforce sa sécurité et craint la déstabilisation de tout le Maghreb par une intervention occidentale. Les Algériens vivent depuis un quart de siècle avec le péril terroriste. D'où leur extrême vigilance. Celle-ci a conduit les forces de sécurité à s'interroger sur le grand nombre de jeunes Marocains qui s'embarquaient à Alger dans des vols à destination de Tripoli. La compagnie Air Algérie était l'une des dernières à assurer une liaison avec ce qui fut la capitale libyenne.

Cela explique que les réseaux de recrutement djihadistes aient largement utilisé cette filière pour renforcer les rangs de l'Etat islamique. Selon le Soir d'Algérie, "547 sujets marocains ont été interceptés à Alger durant l'année 2015". 250 ont été interpellés pour le seul mois de décembre. Une fois arrêtés, ces jeunes hommes ont été renvoyés dans leur pays. Les autorités algériennes ont évidemment informé le royaume chrétien et fait part de leur préoccupation.

Non à une offensive occidentale

Les candidats marocains au djihad dans les rangs de Daech ne représentent de loin pas la seule inquiétude algérienne en matière de terrorisme. Les militaires ne cessent de renforcer leurs effectifs et leurs moyens matériels le long de la frontière qui sépare leur pays du chaos libyen. Selon la presse algérienne, des moyens d'observations sophistiqués complètent l'érection d'un mur de sable et les patrouilles héliportées ou à pied. Récemment, le patron de la gendarmerie algérienne a inspecté la région de Djanet afin de tester l'efficacité de ce rempart.

Pour Alger, il ne s'agit nullement d'une nouvelle version du Désert des Tartares. L'expansionnisme de Daech est en lui-même suffisant pour motiver une telle mobilisation. Surtout, l'Algérie craint le déclenchement imminent d'une offensive militaire occidentale. La presse comme les officiers algériens mettent en garde contre le risque de déstabilisation des pays voisins qu'une telle action pourrait entraîner. Leurs pays et la Tunisie seraient particulièrement fragilisés.

Le récent bombardement de positions djihadistes par l'aviation américaine a persuadé l'Algérie de l'imminence d'une offensive généralisée. Cette analyse est amplifiée par les différentes informations qui font état de l'intervention de troupes d'élite française ou britannique en Libye. Qu'il s'agisse d'entraîner les soldats "loyalistes" ou, déjà de neutraliser des chefs terroristes ou de baliser les cibles, ces opérations secrètes sont de moins en moins niées à Londres ou à Paris. Raymond Couraud