le Progrès du jeudi 16 février 2017
ARCHÉOLOGIE - DÉCOUVERTE. LA BIODIVERSITÉ N'A JAMAIS DISPARU DE LA SURFACE DE LA TERRE
La découverte de fossiles exceptionnels, dans l'Idaho (États-Unis) vient contredire la thèse de disparition prolongée de la biodiversité après un grand bouleversement climatique survenu il y a 252 millions d'années.
Une équipe internationale de paléontologues, sédimentologues et géochimistes, dont plusieurs laboratoires du CNRS localisés en région Auvergne-Rhône-Alpes et en Bourgogne ont établi la présence d'un écosystème marin complexe. "Seulement un ou deux millions d'années" après d'immenses éruptions volcaniques en Sibérie, il y a 252 millions d'années. On pensait jusqu'à présent que cette biodiversité avait disparu pendant au moins 5 millions d'années.
La plus grande crise de la vie sur terre
Le sort des animaux et végétaux de cette époque charnière intéresse particulièrement les scientifiques. "Il s'agit de la plus grande crise de l'histoire de la vie" souligne Gilles Escarguel, paléontologue spécialisé dans l'étude de la biodiversité (Université Claude Bernard Lyon 1). "Il y a 252 millions d'années, d'immenses éruptions volcaniques éradiquaient 90 % des espèces, alors que pour la disparition des dinosaures, il y a 65 millions d'années, c'est 60 % des espèces qui ont disparu". Physiquement et chimiquement, la planète est très perturbée. "La moyenne annuelle de température alors 40° à l'équateur, ce qui empêchait certaines protéines de fonctionner à l'intérieur des cellules" précise par exemple le scientifique.
De nouvelles découvertes à prévoir
Les fossiles étudiés de l'Idaho contredisent la théorie d'une longue période de survie post-crise en faisant apparaître un écosystème complet. Le calendrier est également bousculé en ce qui concerne certaines espèces. "Par exemple une sorte d'éponge qu'on croyait définitivement disparu il y a 450 millions d'années ou des calmars qu'on croyait nés au début du jurassique, 50 millions d'années plus tard", indique Gilles Escarguel.
De manière générale, cette découverte ouvre une nouvelle hypothèse : on a peut-être conclu à une faible biodiversité en raison de la difficulté de retrouver des fossiles de cette période et celle-ci n'a sans doute pas fini de livrer tous ces secrets. Muriel Florin
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