le Progrès du jeudi 17 décembre 2015
ESPAGNE - Législatives. Le scrutin de tous les changements. "El cambio" (le changement) est au programme de tous les partis, et déjà dans une campagne bousculée par les nouveaux venus, la gauche de Podemos et le centre de Ciudadanos. L'élection la plus importante depuis la mort de Franco et la "Transition" démocratique, à la fin des années 1970 : ainsi sont présentées dans toute la presse espagnole les élections législatives de ce dimanche. La participation s'annonce ainsi la plus forte depuis les élections de 1982, autour de 80 %.
"Il y a chez les gens un formidable espoir de changement", résume l'économiste Jorge Hernandez. "Tout le monde s'intéresse à la campagne. Depuis trente ans, il n'y a que deux partis qui se succèdent au pouvoir. Et tout d'un coup, tout devient possible, personne ne sait ce qui va se passer!".
Crise et corruption
Les deux partis en question sont le Partido popular (PP, conservateur) de Mariano Rajoy, qui préside le gouvernement depuis 2011, et le Partido socialista obrero espagnol (PSOE) de Pedro Sanchez. Ils se sont durement affrontés lundi soir lors d'un face-à-face télévisé de deux heures : Sanchez a accusé son adversaire de n'être pas "décent", pointant la corruption du PP, Rajoy l'a contré en le traitant de "méchant, misérable et pas fiable"... Le débat a attiré plus de neuf millions de téléspectateurs, mais moins que les duels des précédentes élections.
Comment expliquer ce paradoxe, pou un scrutin si attendu et indécis ? Ecoutons Thomas, ingénieur informaticien de 35 ans : "Je ne sais pas encore pour qui je vais voter, mais j'ai une certitude : ni PP, ni PSOE !". En cause, la corruption, dont les socialistes ne sont pas indemnes, et la crise économique. L'Espagne commence à peine de sortir d'une récession d'une brutalité qu'on peine à imaginer de notre côté des Pyrénées, avec encore près d'un quart de la population au chômage.
C'est pourquoi le désir de changement est davantage incarné par deux nouveaux venus sur la scène politique : le Podemos ("nous pouvons") de Pablo Iglesias, hériter des communistes et des "Indignés" qui avaient pris la rue au plus fort de la crise, en 2011 ; et les Ciudadanos ("citoyens") d'Albert Rivera, des centristes qui surfent sur la lutte contre la corruption, mais aussi contre les indépendantistes de Catalogne et du Pays basque.
Les derniers sondages, interdiction légale oblige, ont été publiés lundi. Ils donnaient les conservateurs du PP en tête (25,3 %), mais avec peu d'avance sur les trois autres, dans un mouchoir : PSOE (21 %), Podemos (19,1 %) et Ciudadanos (18,2 %). C'est dire que le pouvoir passera sans doute par la coalition d'au moins deux partis - une nouveauté de plus, dans ce scrutin de tous les changements. A Madrid, Francis Brochet
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