le Progrès du jeudi 1er septembre 2016
GABON - PRÉSIDENTIELLE. ALI BONGO RÉÉLU IN EXTREMIS. LIBREVILLE ET PORT-GENTIL S'EMBRASENT
Le ministre de l'Intérieur a annoncé hier la réélection du président Ali Bongo Ondimba, devant l'opposant Jean Ping. Des heurts violents ont alors eu lieu dans la capitale.
Le président gabonais Ali Bongo a été réélu pour un deuxième septennat, avec 49,80 % des suffrages, devant l'opposant Jean Ping (48,23 %), lors du scrutin à un tour tenu samedi. Le ministre de l'Intérieur, Pacôme Moubelet-Boubeya, a proclamé hier, avec près d'un jour de retard, les résultats officiels provisoires.
Jean Ping, ancien cacique du régime du président Omar Bongo, le père d'Ali, au pouvoir de 1971 à 2009 a aussitôt rejeté ces résultats et s'est proclamé vainqueur.
L'Assemblée incendiée
Des affrontements entre force de l'ordre et manifestants criant "Ali doit partir" ont aussitôt éclaté dans la capitale juste après l'annonce.
Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes pour repousser les manifestants qui voulaient s'approcher du siège de la Commission électorale (Cénap). Mais ils n'ont pu les empêcher d'incendier dans la soirée l'Assemblée nationale gabonaise. À l'heure où nous mettons sous presse, il était impossible d'évaluer l'étendue des dégâts.
Armée, forces de police anti-émeute, gendarmes cagoulés ont bloqué la circulation sur la voie express, l'un des principaux axes de la capitale, avec des camions lance eau et des blindés légers.
Malgré les lacrymogènes, des centaines de personnes tentaient tout de même de converger sur la voie express. Des hélicoptères tournaient dans le ciel et des colonnes de fumée s'échappaient de plusieurs quartiers populaires.
Des troubles ont également éclaté à Port-Gentil, la capitale économique du pays, où des violences avaient déjà marqué la première élection d'Ali Bongo, en 2009.
Dans ce scrutin très serré, le président sortant devance son rival de 5 594 voix, sur un total de 627 805 inscrits. Le taux de participation a été de 59,46 %, avec 356 890 suffrages exprimés. M. Bongo recueillant 177 722 voix et M. Ping, 172 128.
Une province fait exception par son taux de participation, celle du Haut-Ogoué, berceau de la famille Bongo, où la participation atteint 99,93 % pour 71 714 inscrits. M. Bongo y a recueilli 95,46 % des suffrages, selon ces résultats. L'opposition conteste ces chiffres et a demandé en vain un comptage des voix bureau par bureau.
Une demande aussi formulée par l'UE et Paris. "Les conditions de l'annonce des résultats de l'élection présidentielle au Gabon sont une source de préoccupation. La France réitère son souci de transparence. Nous estimons nécessaire que les résultats de tous les bureaux soient publiés", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault.
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