le Progrès du jeudi 21 mai 2015
TERRORISME - Dans la tête d'Oussama Ben Laden. Un chef de guerre obsédé par l'administration et l'ennemi américain. Lettres, mémos, directives... L'administration américaine a déclassifié hier une centaine de documents qui éclairent l'état d'esprit du chef d'Al-Qaida alors qu'il se terrait au Pakistan.
L'obsession américaine
Reclus depuis huit ans dans son complexe d'Abbottabad, au Pakistan, Oussama Ben Laden adjurait ses partisans de rester focalisés sur des attaques contre l'Amérique. "La priorité doit être de tuer et de combattre les Américains et leurs représentants", avait-il notamment écrit, estimant qu'Al-Qaida devait continuer à monter des attaques spectaculaires contre les Etats-Unis. Il souhaitait également célébrer le dixième anniversaire du 11 Septembre en lançant une grande campagne médiatique. Il n'en aura pas le temps : le 2 mai 2011, il était abattu lors d'un assaut des Navy Seals américains.
L'économie française ciblée
Ben Laden cherchait-il un moyen de mettre l'économie française à genou, et frapper par ricochet l'ensemble du monde occidental ? C'est ce que semble indiquer la présence à Abbotabbad d'une vingtaine de livres et de rapports consacrés à l'Hexagone.
Son fils pour héritier
Hamza, le fils préféré de Ben Laden, brûlait de devenir djihadiste et de marcher sur les traces de son père : c'est ce qu'indiquent plusieurs documents, qui révèlent que les responsables d'Al-Qaida essayaient aussi de le faire passer à AbboTABBAD. On ignore si Hamza, surnommé le "Prince héritier de la terreur" par un député britannique et aujourd'hui âgé de 27 ans, se trouvait au Pakistan le soir du raid. Il n'est pas réapparu depuis des années et l'endroit où il se trouve reste un mystère, selon de hauts responsables du renseignement américain.
Un administrateur inquiet
Ben Laden gérait son organisation comme un véritable DRH, indiquent les multiples formulaires retrouvés. "Nous ne devons pas négliger la science de l'administration", peut-on lire dans une note appelant à des formations professionnelles. Mais c'était également un chef de guerre anxieux : conscient du risque que les frappes de drones américaines faisaient peser sur ses cadres, il avait demandé de ne pas communiquer par e-mail et de ne pas se rassembler en groupes importants. Le chef d'Al-Qaida s'inquiétait " que la désunion dans le mouvement djihadiste entraîne sa perte". Dès 2007, il avait d'ailleurs reçu des messages de djihadistes dénonçant les crimes commis en son nom par la section irakienne d'Al-Qaida - qui accouchera finalement du groupe Etat islmaique.
Des directives pour les otages français
De sa cache d'Abbotabbad, Oussama Ben Laden continuait à superviser de près les activités des différentes branches d'Al-Qaida. Des documents révèlent notamment qu'en 2010, il avait donné des directives sur les négociations à mener sur les quatre Français enlevés par Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), ou les deux journalistes français en Afghanistan.
Dans les deux cas, il avait insisté sur la nécessité d'obtenir de la France un engagement de retrait d'Afghanistan - et une rançon pour le cas des otages d'Aqmi. Enlevés au Niger, ces derniers avaient été libérés en octobre 2013, après trois ans de captivité. La France a toujours nié avoir versé une rançon.
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