le Progrès du jeudi 27 septembre 2016
ISRAËL - DISPARITION - LE MONDE SALUE LA MÉMOIRE DE PERES
Une vague d'hommages a déferlé sur l'État Hébreu qui se prépare à recevoir des dirigeants du monde entier aux obsèques de Shimon Peres, décédé des suites d'un accident vasculaire et cérébral dans la nuit de mardi à mercredi.
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ous disons aujourd'hui, avec un profond chagrin, adieu à notre père chéri, le neuvième président d'Israël Shimon Peres", a dit son fils Chemi, les larmes aux yeux et au nom de tous les enfants, aux journalistes accourus à l'hôpital Tel-Hashomer de Ramat Gan, dans la banlieue de Tel-Aviv. Shimon Perres s'est éteint dans son sommeil, entouré de sa famille, dans la nuit de mardi à mercredi, des suites d'un accident vasculaire et cérébral.
Hommages d'Obama, Poutine, Hollande...
Shimon Peres était le dernier survivant de la génération des pères fondateurs de l'Israël. Il était aussi le dernier survivant des trois récipiendaires du Nobel de la paix 1994, dont "les efforts en faveur de la paix au Moyen-Orient" s'étaient concrétisés un an plus tôt par le premier accord d'Oslo, qui jetait les bases d'une autonomie palestinienne et offrait un espoir de règlement du conflit. Le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin a été assassiné en 1995 et le dirigeant palestinien Yasser Arafat est mort en 2004?
Les marques de l'immense respect inspiré par celui que beaucoup des grands de ce monde appelaient leur ami ont afflué. Shimon Peres "était de ces personnages qui changent le cours de l'histoire humaine", a salué le président américain Barack Obama. Un "génie au grand coeur", pour l'ex-président américain Bill Clinton, qui présida à la signature de l'accord de 1993 et à la poignée de main de Peres, Rabin et Arafat.
Mahmoud Abbas perce le silence du monde arabe
Parmi les autres hommages, le président russe Vladimir Poutine a fait l'éloge de son "courage et son sens de la patrie", tandis que François Hollande l'a évoqué comme l'un des "plus ardents défenseurs de la paix et un ami fidèle de la France". Le pape François a pour sa part "espéré que son héritage soit respecté avec des efforts accrus pour la paix".
Ses funérailles prévues demain matin à Jérusalem devraient attirer les dirigeants de la planète. Les présidents américains, français et allemand, Bill Clinton (mais pas son épouse en pleine campagne), le prince Charles, le Premier ministre canadien Justin Trudeau, sont attendus au mont Herzl. Des écrans retransmettront la cérémonie pour les anonymes. Et quid des dirigeants arabes ?
Ces derniers sont restés silencieux après l'annonce de son décès, à l'exception notable du président palestinien Mahmoud Abbas, qui a salué Shimon Peres comme "un partenaire courageux pour la paix, ayant mené des efforts soutenus et ininterrompus pour parvenir à la paix depuis Oslo et jusqu'à son dernier souffle".
Les autorités ont indiqué que les forces de sécurité, renforcées, seraient sur les dents. Le contexte est sensible. M. Peres est décédé juste avant les grandes fêtes juives qui font redouter aux autorités israéliennes un accès de violences palestiniennes.
Les Israéliens pleurent, pas les Palestiniens
Les Israéliens se sont réveillés hier en deuil, avec le sentiment d'avoir perdu un proche en la personne de Shimon Peres. Mais ce deuil, les Israéliens le vivent sans démonstration, sans bougie, ni rassemblement de militants politiques comme lors de l'assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin en 1995. Il s s'y étaient préparés à travers les nombreuses fausses alertes données à chacune de ses hospitalisations cette année.
Homme de guerre ou de paix ?
Dans les médias, les programmes se sont interrompus, alternant éditions spéciales et images d'archives des années 1950, sur fond de musiques composées dans les kiboutz ou par les "pionniers", arrivés à la création de l'État d'Israël en 1948. Avec elles, les Israéliens se replongent dans leur histoire, dont un pan disparaît avec la mort du dernier fondateur de l'État hébreu.
Chez les Palestiniens, les avis étaient aussi unanimes, mais diamétralement opposés. "Il a laissé son empreinte dans de nombreux massacres (guerre du Kippour ou de Six jours), il a rendu des femmes veuves, des enfants orphelins", assène Tamar Daraghmeh, 47 ans, à Ramallah, où siège l'Autorité palestinienne. Son président, Mahmoud Abbas a pourtant salué en Shimon Peres "un partenaire courageux pour la paix". En Palestine, il est bien isolé...
Que reste-t-il du rêve de paix ?
"Nous laissons derrière nous l'ère de la belligérance et marchons ensemble vers la paix", prophétisait Shimon Peres en recevant le Nobel de la paix en 1994. Pouvait-il envisager alors que la voie serait si ardue qu'à l'heure de sa mort, cet espoir est au point mort ?
Depuis, l'espoir a cédé la place à un profond pessimisme. Malgré l'endossement par la communauté internationale de la solution à deux États, malgré la reconnaissance par plus de 130 capitales, les Palestiniens attendent toujours leur État indépendant. Les Israéliens aspirent toujours à la sécurité. "
"Notre main reste tendue avec la volonté de faire la paix, disait récemment le président palestinien Mahmoud Abbas, mais la question qui revient sans cesse est la suivante : y-a-t-il des dirigeants en Israël, puissance occupante, qui désirent véritablement la paix ?"
"Soixante-dix ans après, les Palestiniens persistent à refuser l'existence d'un État juif, et ceci reste le véritable coeur du conflit, lui a répondu M. Netanyahou. Quand les Palestiniens diront enfin oui à un État juif, nous pourront mettre fin à ce conflit". Le fossé semble si grand que maints diplomates s'alarment que la solution à deux États ne devienne un mirage.
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