le Progrès du jeudi 3 novembre 2016
VIOLENCES - DE LA COUR DE RÉCRÉ AUX SMARTPHONES
L'école face au fléau du cyberharcèlement
Le ministère de l'Éducation nationale organise aujourd'hui la deuxième journée annuelle contre le harcèlement. L'accent est mis sur les cyberviolences diffusées par les réseaux sociaux notamment.
Moqueries, insultes, crochepieds... Les cours d'écoles n'ont jamais été pavées de bonnes intentions. Mais avec internet, les élèves ont trouvé un nouveau terrain pour se défouler... presque en toute impunité. Désormais, commentaires injurieux et menaces en tous genres ne connaissent plus de limites et plus de frontières dans le temps et dans l'espace.
"J'espère que tu vas crever" : un seul clic et moins d'une seconde suffisent pour transformer en enfer la vie d'un adolescent. Parfois jusqu'à l'issue finale. En septembre, France 3 a diffusé un téléfilm s'inspirant de l'histoire de Marion, 13 ans, qui s'était suicidée en 2013, victime d'insultes dans son collège et sur le réseau social Facebook.
"Ce mélange d'impunité et d'irresponsabilité est un cocktail explosif. Il est de notre devoir d'en prendre la mesure", explique la ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem. Aujourd'hui, la deuxième journée nationale "Non au harcèlement" vise plus spécifiquement ce fléau. "Ce ne sont pas les outils ou les réseaux sociaux qu'il faut combattre, mais les usages détournés qui sont faits des smartphones et tablettes et les propos qui se répandent en ligne", souligne la ministre, elle-même maman de deux écoliers de 8 ans.
Le nombre de "brimades" recule
En cette journée de sensibilisation, Najat Vallaud-Belkacem se veut toutefois optimiste. Car pour la première fois depuis vingt ans, le harcèlement à l'école est en diminution dans l'Hexagone. Entre 2010 et 2014, les "brimades subies ou agies" ont baissé de 15 % au collège, selon l'enquête internationale HBSC. Chez les élèves de sixième, la diminution atteint même 33 %. "En moins de cinq ans, un tabou a été brisé", se félicite Najat Vallaud-Belkacem mettant en avant les victimes qui ont osé parler et l'action politique menée en ce sens depuis 2012-13.
60 % de filles parmi les victimes
Mais la bataille est loin d'être gagnée : au collège, 42 % des élèves interrogés ont été victimes de cyberviolences et 6 % de cyberharcèlement, selon l'étude française de la professeure Catherine Blaya. Et en 2015, 5 000 signalements ont été reçus par l'association e-Enfance qui gère le numéro d'appel "Net écoute". Parmi les appels, 60 % concernaient des filles. Plus inquiétant encore : 12 % des victimes ont entre 8 et 10 ans.
"C'est un phénomène qui s'emballe vite contre lequel il faut se battre sans cesse", admet la ministre, jugeant encore fragiles les résultats. Deux plates-formes téléphoniques gratuites sont désormais accessibles au grand public (3020 et Net Écoute : 0 800 200 000) . Outre cette prise en charge, un travail de sensibilisation et de formation est mené dans les établissements. En dernier ressort, la ministre rappelle que le harcèlement, le cyberharcèlement et les cyberviolences à caractère sexuel sont devenus des délits contre lesquels il est possible de déposer plainte. C.B.
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