le Progrès du lundi 1er août 2016
MONDE - LES JEUX OLYMPIQUES DE RIO OUVRENT LE 5 AOÛT
Au Brésil, les Jeux de la déprime
Les JO vont débuter dans un pays sans président élu, et en pleine récession, très loin de l'euphorie qui avait permis en 2009 à Rio de convaincre le CIO.
"J |
e suis fatigué", a lâché vendredi Lula, 70 ans, apprenant son inculpation dans le scandale de corruption Petrobras. L'ancien président n'assistera pas vendredi à la cérémonie d'ouverture des JO. C'est pourtant lui qui, le 2 octobre 2009 à Copenhague, pleurait de joie après avoir emporté l'adhésion du Comité international olympique en faveur de Rio. Quelques années auront suffi à faire chuter l'idole - et son pays, passé dans le même temps de l'euphorie à la déprime.
Corruption à tous les étages
Le symbole de cette déconfiture est l'état déplorable du village olympique, découvert par les premières délégations : des travaux non finis, des toilettes bouchées... Plus de 600 travailleurs ont été dépêchés pour réparer les dégâts, qui seraient dus à des ouvriers en colère contre des retards de salaires.
Ironie grinçante : le village a été pour partie construit par une entreprise dont l'ancien dirigeant et principal actionnaire purge dix-neuf ans de prison pour corruption. Comme un rappel des scandales qui se multiplient depuis l'opération "lava jato" (lavage au jet) et l'affaire Petrobras.
Lula et Rousseff conspués
Ces scandales ont provoqué des manifestations toujours plus importantes d'une population excédée : plus de trois millions en mars dernier, conspuant les effigies de Dilma Rousseff et Lula en uniforme rayé de prisonnier... À cette heure, rien ne prouve qu'ils aient effectivement été informés de l'argent qui a arrosé leur Parti des travailleurs (PT). Le fait est que cela a entraîné un procès en destitution de Dilma Rousseff, aujourd'hui suspendue de la présidence au profit de Michel Temer. "Le paradoxe, souligne le politologue Gaspard Estrada, c'est que Temer est lui-même impliqué dans des scandales".
La guerre est ouverte entre Rousseff et Temer, accusé de "coup d'État". Et des manifestations sur le slogan "Fora Temer" (dehors, Temer) pourraient perturber les jeux.
"Erreurs économiques"
Tout n'irait pas si mal si l'économie allait mieux. Mais le Brésil est la principale victime du crash des pays émergents (Chine, Inde, Russie, Afrique du Sud...), que Lula ambitionnait d'inscrire "sur la nouvelle carte économique du monde", devant le CIO à Copenhague, où il avait obtenu les jeux, en 2009. Ils avaient échappé à la crise financière, elle les a rattrapés quand les États-Unis en sont sortis. Et "les erreurs de politique économique" de Dilma Rousseff, pour citer Cristina Terra (CEPII), n'ont pas aidé.
Évidemment, un rayon de soleil percera le brouillard si les Brésiliens brillent sur le terrain olympique. Si par exemple Neymar emmenait les footballeurs à la médaille d'or. Et encore : le temps à passé où les exploits de Pelé pouvaient faire oublier la dictature. F.B.
"L'heure du Brésil a sonné. Le Brésil fait partie des dix premières économies mondiales... Pour nous, ce serait une opportunité qui stimulera l'amour-propre des Brésiliens, qui rendra plus solides nos réussites récentes et qui inspirera de nouvelles" Luiz Inacio Lula da Silva à Copenhague, où viennent d'être attribués le JO, le 2 octobre 2009
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