le Progrès du lundi 1er février 2016
ETATS-UNIS - Premier test avant l'élection présidentielle du 8 novembre. Le duel Trump-Clinton résistera-t-il à l'Iowa ? La course à la Maison Blanche s'ouvre ce soir avec la première primaire dans l'Etat de l'Iowa. Place aux choses sérieuses après l'entrée en piste de douze candidats républicains et trois démocrates.
Un premier test national. L'Iowa, nombril des Etats-Unis... tous les quatre ans depuis 1972 pour ses "caucus" ! Mais c'est en 1976 que ce rendez-vous électoral a pris toute sa dimension médiatique : l'Iowa avait alors servi de rampe de lancement à Jimmy Carter, le candidat démocrate élu à la Maison Blanche. Désormais, le vote de l'Iowa a valeur de test national.
"J'ai rarement vu une campagne aussi ouverte"
Le casting de cette présidentielle ne manque-t-il pas de jeunes et d'idées nouvelles ?
En 2008, l'Amérique qui a choisi Obama avait été grisée par l'aventure, la jeunesse et une vision nouvelle du pays. Aujourd'hui, une forme d'inquiétude prédomine et s'incarne dans une envie de conservation plutôt que de progrès.
Quelles sont les préoccupations des Américains et donc les enjeux de ce scrutin?
La vie politique américaine ne se mobilise jamais sur des dossiers très précis, mais plutôt une image. Et cette impression, c'est celle de la faiblesse et du déclassement de l'Amérique dans le monde. Les Etats-Unis se voient comme une nation exceptionnelle qui doit être le leader, la première puissance mondiale.
Désormais, ils craignent d'être rattrapés par les Chinois, d'être moins respectés et écoutés sur la scène internationale et redoutent la menace islamiste. Ce décline est indiscutable : le taux de chômage est extrêmement bas, les Etats-Unis ont été à la manoeuvre dans la Cop21, ont su se rapprocher de Cuba.Mais le discours républicain est centré autour de cette idée. Pour les démocrates, c'est plus compliqué parce qu'ils doivent défendre le bilan d'Obama et proposer du neuf.
Hillary Clinton se fait rattraper sur la gauche...
Aux Etats-Unis, on a l'habitude de dire que sera président, celui avec lequel on aura envie de boire une bière ; or, on n'a pas forcément envie avec Hillary Clinton ! En tant que Première dame, elle était moins populaire que son mari au pouvoir : c'est unique dans l'histoire. Cela a changé avec l'affaire Lewinsky, car elle est apparue comme une femme humiliée mais courageuse. Mais pour une partie des Américains, elle reste froide, glaciale même, calculatrice, clivante. Le discours plus radical de Bernie Sanders plaît à la gauche de la gauche. Mais Hillary Clinton a des atouts dont il ne dispose pas : l'argent, l'organisation, le parti et un nom magique.
Et chez les républicains ?
Les deux candidats en tête - Donald Trump et Ted Cruz - sont "anti-establishment" et draguent un électorat extrêmement conservateur et religieux. Cela en dit long sur le rétrécissement du parti républicain qui est de plus en plus un parti d'hommes blancs de plus de 50 ans. Ces deux favoris peuvent gagner la primaire mais pas la présidentielle, comme on l'a vu avec Mitt Rommey en 2012. Car l'élection se gagne au centre. Les plus éligibles à la présidence - Jeb Bush et Marco Rubio - pèsent peu mais ils ne sont pas morts et peuvent ré-exister. J'ai rarement vu une campagne aussi ouverte. Recueilli par Christine Beranger
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