le Progrès du lundi 22 février 2016
Hollande se rend dans le Pacifique
En Polynésie aujourd'hui, le Président devrait aborder la délicate question de l'indemnisation des victimes des 193 essais nucléaires que la France a conduits de 1966 à 1996 sur les atolls de Mururoa et Fangataufa.
La question des essais nucléaires continue de polluer les relations entre Papeete et la métropole. Entre 1966 et 1996, 193 essais nucléaires, dont 46 atmosphériques, ont été réalisés sur les atolls polynésiens du Mururoa et de Fangataufa. Avec des conséquences sanitaires sur les habitants, notamment des cancers.
"La levée du secret défense, en 2013, sur près de 400 documents de la période des essais nucléaires permet de constater que depuis 1960 le Service de santé des armées, les ministres de la Défense et les présidents de la République successifs, étaient parfaitement informés, essai après essai, des risques sanitaires auxquels étaient exposés les populations et les personnels des sites nucléaires. Mais il n'y a eu aucune volonté de prévention et de suivi de la part des autorités sanitaires françaises", écrit Bruno Barrillot, ancien délégué pour le suivi des conséquences des essais nucléaires en Polynésie française, sur le site de l'Observatoire des armements.
Indemnisation des victimes
Cette levée du secret défense répond à une demande de transparence des populations touchées. Mais les habitants de Polynésie attendent encore beaucoup de l'Etat, qui a reconnu une part de sa responsabilité et mis en place une procédure d'indemnisation des victimes.
En 2010, la loi Morin a défini les règles d'indemnisation des victimes. Pour pouvoir prétendre à un dédommagement, il faut avoir développé une maladie radio-induite figurant sur une liste restrictive, qui comprend notamment 21 types de cancers. Il faut également prouver que l'on se trouvait dans les secteurs impactés par les essais à une période donnée.
La loi est un échec. Seuls une vingtaine de dossiers sur un millier ont fait l'objet d'une indemnisation. Selon le rapport parlementaire qui a précédé la loi Morin, le ministère de la Défense estime le nombre de personnels ayant séjourné sur le centre d'essais de Polynésie à 127 500. En ce qui concerne les populations civiles, 2000 personnes seraient concernées par les retombées, dont 600 enfants de moins de 15 ans, auquel il convient d'ajouter 8 000 personnes dans la zone de Tahiti.
"Dette nucléaire"
D'après l'Elysée, François Hollande devrait ainsi apporter une "réponse politique" aux Polynésiens qui considèrent que ces essais sont la cause de nombreux cancers dans l'archipel.
Pendant le séjour du chef de l'Etat, il devrait être aussi question de la "dette nucléaire", également surnommée "le milliard Chirac" (aujourd'hui 150 millions d'euros), une rente annuelle accordée par l'Etat à la fin des essais de 1996 mais dont le montant a été réduit à plusieurs reprises. Les élus polynésiens souhaitent qu'elle soit pérennisée. En reconnaissance d'un lourd tribut payé par les Polynésiens.
45 000 Après une étape à Wallis et Futuna hier, François Hollande s'arrêtera en Polynésie française avant de se rendre en Amérique latine, au Pérou, en Argentine et en Uruguay. Ce long voyage de plus de 45 000 kilomètres lui permet de tenir sa promesse de campagne. Le candidat Hollande avait promis de visiter, s'il était élu, les onze territoires d'outre-mer habités.
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