le Progrès du lundi 26 octobre 2015
EUROPE DE L'EST - Ukraine : dans les airs et dans les urnes, tension maximale. Raté électoral à Marioupol, avions cloués au sol entre Kiev et Moscou. Les électeurs de la grande ville de Marioupol ont trouvé portes closes, hier au moment d'aller voter. Et tout trafic aérien a été stoppé avec la Russie.
Ce n'est pas parce que l'Ukraine fait (un peu) moins parler d'elle, depuis quelques mois, que ça va mieux ! Hier, coup sur coup, deux événements sont venus rappeler que le conflit dans l'est du pays n'est en rien résolu, même si le vacarme des armes a baissé.
Elections annulées à Marioupol
Les élections locales, d'abord, qui devaient se tenir hier dans l'ensemble du pays sous contrôle de Kiev, ont été annulées le matin même du scrutin à Marioupol. Dans ce grand port de 500 000 habitants situé entre les zones tenues par les séparatistes et la Crimée annexée par Moscou, les pro-russes étaient donnés gagnants. Mais les électeurs ont trouvé porte close : les bureaux de vote n'ont pas ouvert, les autorités ukrainiennes craignant des "fraudes" sur les bulletins.
Pour l'analyste politique indépendant ukrainien Anatoli Oktyssiouk, cet échec "laisse une tache sur la réputation du pouvoir ukrainien, qui aura du mal à l'expliquer à ses alliés européens", et donne des arguments à la Russie dans le débat sur l'organisation des élections dans les territoires séparatistes. Celles-ci devraient avoir lieu l'année prochaine.
Kiev a également renoncé à l'organisation du scrutin dans 122 localités du Donbass contrôlées par l'armée ukrainienne mais situées sur la ligne du front. Outre Marioupol, les pro-russes sont bien placés pour réaliser une percée dans le régions industrielles de kharkiv et Dnipropetrovsk, frontalières de l'est rebelle, ainsi qu'à Odessa, au bord de la mer Noire, ce qui ravive les craintes de pulsions séparatistes dans ces territoires. Là au moins, le scrutin a pu avoir lieu.
Plus d'avions avec la Russie
Hier également, toute liaison aérienne a cessé entre l'Ukraine et la Russie. Comme a Marioupol, les deux camps se rejettent la responsabilité de ce blocage qui pèse sur les familles. Tout à commencé fin septembre quand les Ukrainiens ont mis à l'index à quatre compagnies aériennes russes, leur interdisant l'atterrissage en Ukraine au 25 octobre si elles continuaient a desservir la Crimée, toujours revendiquée par Kiev. En représailles, les Russes ont fermé leur espace aérien aux Ukrainiens, choisissant la même date d'entrée en vigueur de leur mesure : hier. Parole tenue des deux côtés : aucun avion ne relie plus Kiev ou d'autres villes ukrainiennes à Moscou, et vice-versa.
"A l'initiative du gouvernement ukrainien, les vols [....] entre la Russie et l'Ukraine ont cessé. Encore un brillant exemple de la lutte des dirigeants ukrainiens contre leur propre peuple, les trois quarts des passagers étant ukrainiens", a lancé le Premier ministre russe Dimitri Medvedev sur sa page Facebook, ajoutant en ukrainien : "Un acte fort". Il n'a y a pas que les chars et les roquettes pour se faire la guerre : en Ukraine on trouve chaque jour ou presque une nouvelle façon de maintenir la tension. L'imagination est au pouvoir. Patrick Fluckiger (avec AFP)
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