le Progrès du lundi 28 décembre 2015
SYRIE - Guerre. Les négociations menacées, Daech renforcé. Avec la mort d'un puissant chef rebelle syrien, farouche opposant à la fois de Daech et de Bachar Al Assad, les djihadistes perdent un ennemi de taille et les négociations de paix prévues par l'ONU menacées. Zahrane Allouche, à la tête de la puissante milice islamiste Jaich al-Islam, plus important groupe rebelle de la région de Damas soutenu par l'Arabie, a été tué vendredi dans des raids aériens revendiqués par les forces du président Bachar al-Assad.
Dans son bastion de la Ghouta orientale, à l'est de Damas, Jaich al-Islam combattait les forces du régime, mais aussi de Daech. "La mort d'Allouche pourrait temporairement aider le régime, puisqu'elle renforce la dichotomie Assad contre Daech", estime Karim Bitar, de l'Institut français des relations internationales.
Le régime, dernier rempart ?
Sur la scène internationale, le régime se présente en effet comme le dernier rempart contre les mouvements djihadistes qui se sont développés dans le pays, tirant profit de la guerre civile.
Les autorités syriennes qualifient ainsi de terroristes tous les groupes qui ont pris les armes contre le régime, ne faisant aucune différence entre les rebelles soutenus par les Etats-Unis ou les djihadistes de l'EI ou du Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda.
"Allouche occupait un espace entre les extrémistes et l'Armée syrienne libre, et c'était important pour bloquer le développement de Daech à court terme, et unifier les rebelles face au régime, sur le longterme", confirme Andrew Tabler, expert sur la Syrie au Washington Institute for Near East Policy.
Pour les experts, la disparition d'Allouche pourrait également porter un coup dur aux pourparlers que l'ONU souhaite organiser dès le 25 janvier. But affiché : mettre fin au conflit qui ravage la Syrie depuis 2011, faisant plus de 250 000 morts. Jaich al-Islam était en effet l'un des rares groupes islamistes avec Ahrar al-Cham, une autre puissante milice proche d'Al-Qaida, à avoir assisté le 10 décembre à Ryad à une réunion des principaux mouvements de l'opposition. Les participants à cette rencontre avaient annoncé leur accord pour des négociations, et devaient commencer à mettre sur pied une délégation les représentant.
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