le Progrès du lundi 28 mars 2016
DISPARITION - HISTOIRE
Decaux, narrateur de la marche du temps
Formidable conteur de l'Histoire dans ses livres comme à la radio et à la télévision, l'académicien et ancien ministre Alain Decaux est décédé hier à Paris à l'âge de 90 ans. Des milliers de gens savent raconter des histoires. Alain Decaux, lui, racontait l'Histoire. Pendant un demi-siècle pour des millions de Français, rivés et captivés face au petit écran qu'occupait son seul visage terminé par un long front dégarni au-dessus de grosses lunettes, Alain Decaux a été le narrateur des héros, des guerres, des mouvements qui guident la marche du temps, le vulgarisateur des intrigues royales, des péripéties républicaines, des événements imprévisibles qui bouleversent les ordres établis.
Historien sans diplôme prestigieux, ce fils d'avocat lillois est encore étudiant à la Sorbonne quand il publie son premier livre Louis XVII retrouvé. A 25 ans, il est lauréat de l'Académie française pour Letizia et crée à la radio la Tribune de l'histoire. Sa première émission. Suivront à la télévision la Caméra explore le temps (avec Stellio Lorenzi et André Castelot), Alain Decaux raconte, Alain Decaux face à l'histoire, le Dossier Alain Decaux. Une heure de récit entrecoupé d'images dans un français impeccable.
Biographe de Victor Hugo, d'Alexandre Dumas, de Jean-Paul II entre autres, auteur de 40 ouvrages historiques, d'une encyclopédie du XXe siècle en quatre volumes, créateur d'une revue, chroniqueur insatiable, il est élu à l'Académie française en 1979.
Ministre de Rocard
Pourtant, aux remises de médailles et de distinction dans les salons dorés, il préfère la popularité chez les humbles et les étudiants comme reconnaissance. Politiquement, Alain Decaux est classé en 1980 "homme de droite qui peut voter Mitterrand". Et c'est bel et bien dans un gouvernement de gauche, celui de Michel Rocard, qu'il devient ministre de la Francophonie (1988-1991). Son nom a d'ailleurs été donné au prix de la Francophonie : "Elle perd l'un des ses plus brillants défenseurs", déclarait hier soir André Vallini, qui occupe aujourd'hui son ministère : "Il fut un grand serviteur de notre langue et de notre culture". Pascal Jalabert
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