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SÉCURITÉ ROUTIÈRE - LES FRANÇAIS REDOUTENT LES ROUTES SECONDAIRES

Les routes nationales et départementales, zone de tous les dangers. C'est le constat qui ressort de l'édition 2016 du baromètre des comportements des Français au volant d'Axa Prévention.

C'est un constat à la fois logique et inquiétant. Mais c'est tout sauf une surprise : le sentiment d'insécurité sur le réseau routier secondaire, mesuré pour la première fois depuis l'existence de l'étude annuelle AXA-prévention, touche près d'un conducteur sur deux.

Ainsi, selon le 12e baromètre des comportements des Français au volant (TNS Sofres pour Axa Prévention a été réalisée par téléphone du 18 décembre 2015 au 5 janvier 2016 auprès d'un échantillon de 1 543 automobilistes) d'Axa Prévention, 41 % des automobilistes français redoutent les routes nationales et départementales.

C'est pourtant la route "de tous les jours", qu'on utilise pour aller au travail, pour se balader, pour aller faire ses courses. Ainsi, 83 % des automobilistes conduisent au moins une fois sur une route secondaire, pour, en moyenne, un trajet de 25 kilomètres parcourus en 26 minutes. "C'est le réseau le plus fréquenté", constate Céline Soubranne, secrétaire générale d'Axa Prévention.

C'est aussi sur ce million de kilomètre d'asphalte qu'on déplore le plus grand nombre de tués sur les routes. Les (mauvais) chiffres de la sécurité routière le rappellent avec une nouvelle hausse de plus de 14 % sur le mois de mars.

Les récents accidents dramatiques - Puisseguin (août 2015, 43 morts), Rochefort (février 2016, six ados tués) ou plus récemment dans l'Allier (12 morts) - tous survenus sur des routes bidirectionnelles, illustrent ce triste constat même si le bilan sur autoroutes n'est pas plus reluisant. "En 2015, on enregistre aussi une forte dégradation sur les autoroutes avec 55 tués supplémentaires. La vitesse moyenne y est en augmentation" relativise Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière.

Vitesse et infrastructures en cause

Les sondés avancent aussi d'autres raisons à la peur de rouler sur le réseau secondaire. 86 % mettent en cause le comportement des autres conducteurs et notamment leur vitesse. "Les gens ont pris l'habitude de rouler vite sur une infrastructure qui n'est pas adaptée, qui n'est pas conçue pour ça", déplore Céline Soubranne.

D'après le baromètre, 32 % avouent aussi adapter leur rythme à celui des autres : autrement dit, se les autres accélèrent, j'accélère aussi. Emmanuel Barbe note : "Le risque, beaucoup d'automobilistes le désignent chez l'autre conducteur, chez celui qui entretient la route. Mais 90 % des accidents sont provoqués par des comportements inadaptés en terme de vitesse, d'alcool, de respect du code, de fatigue..."

L'État des routes suscite également l'inquiétude chez les automobilistes. 59 % des personnes interrogées pointent le manque d'entretien. Bien avant la publication de ce baromètre, l'association 40 millions d'automobilistes avait pris les devants et lancé en novembre dernier le site "J'ai mal à ma route", permettant de signaler les routes que les conducteurs jugent dangereuses (nids-de-poule, revêtement abîmé, etc...). Enfin, 30 % des automobilistes regrettent la mauvaise signalisation des zones en danger.

À noter que ce sentiment d'insécurité ne se limite pas au réseau secondaire. Il existe aussi en ville - 47 % déclarent ne pas se sentir en sécurité - notamment à cause du trafic dense ou des "prises de risques liées à l'engorgement urbain". Néanmoins l'enquête d'Axa montre que les comportements s'améliorent en ville. À la différence du réseau secondaire, la mortalité en ville touche deux fois  sur trois un piéton ou un cycliste, usagers "vulnérables". Du coup, les Français préfèrent rouler sur l'autoroute : seuls 13 % des conducteurs ne s'y sentent pas en sécurité. Baptiste Marsal