le Progrès du mardi 27 décembre 2016
ASIE - ÉLEVAGE. EN CHINE, DES FERMES À 10 000 VACHES
Pour répondre à une demande de lait toujours grandissante, l'industrie chinoise a développé des fermes géantes, dont les rejets chimiques provoquent une importante pollution.
Les Chinois raffolent du lait. Malgré l'intolérance au lactose d'une grande partie de la population, la consommation explose en Chine, sous l'impulsion de la classe moyenne. Pour répondre à cette demande, l'industrie laitière locale a augmenté sa production de plus de 12 % par an depuis 2000, et représente actuellement un chiffre d'affaires de 38 milliards d'euros pour 1,4 milliard de consommateurs.
Naguère assurée par de petites exploitations, la production est désormais confiée à des fermes géantes, qui peuvent rassembler jusqu'à 10 000 vaches. On en comptait jusqu'à 56 dans le pays en 2014. Problème : les déchets générés par cette surexploitation menacent l'environnement.
Plus faciles à gérer ?
En 2008, les petits producteurs chinois avaient été accusés d'ajouter de la mélamine à leur lait pour gonfler artificiellement le taux de protéines, après un vaste scandale de lai infantile frelaté qui avait fait six morts et plus de 300 000 malades parmi les enfants. "Le gouvernement a alors pensé que des fermes géante seraient plus faciles à gérer et inspecter", explique David Mahon, fondateur d'une société d'investissement spécialisée dans le secteur.
Des terres polluées
Pas si sûr. Les dizaines de milliers d'effluents en tout genre rejetés par ces fermes géantes ont entraîné des problème de pollution dans plusieurs provinces chinoises. Si des règlements imposent aux fermes d'utiliser leurs effluents comme engrais, ils sont souvent ignorés. La promiscuité des animaux dans ces fermes de 10000 vaches augmente aussi le risque de maladies comme la brucellose. Provoquée par la bactérie Brucella, cette dernière peut se transmettre à l'homme par contact ou par ingestion de produits laitiers, et provoquer de l'arthrite.
Le groupe agroalimentaire Feihe a ainsi été accusé de pollution des riverains dans le district de Gannan : "impossible" selon l'entreprise, qui reconnaît que ses employés ne consomment pas le maïs qui pousse dans les terres polluées mais que celui-ci est revendu. "La Chine est en train d'apprendre, et son manque d'expérience en matière d'élevage laitier aboutit à ce genre de choses, commente David Mahon. Les autorités sont en train de vraiment repenser la politique laitière et ciblent de plus en plus l'objectif de fermes limitées à 350 têtes".
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