le Progrès du mardi 29 septembre 2015
ECONOMIE - Une étude de l'OFCE sur les faiblesses françaises. Croissance : pourquoi ça patine ? La chance de l'Allemagne ? la réunification et la modération salariale qu'elle a entraînée, estime l'OFCE, qui s'attend à un rebond de l'investissement en France.
Pourquoi la croissance est-elle si faible en France, à côté d'une Allemagne en pleine forme ? Parce que les coûts salariaux ont évolué moins vite en Allemagne qu'en France, estiment les économistes de l'OFCE, dans le dernier numéro de leur revue... Analyse classique, mais enrichie de quelques remarques originales.
Oui, l'Allemagne a bénéficié face à la France d'une évolution moins forte du coût du travail. Si la France avait suivi l'Allemagne, elle aurait 2 % de moins de chômeurs (elle serait donc autour de 8 %). Et cette divergence explique la moitié de l'énorme déséquilibre entre les deux pays en matière de balance commerciale - l'autre moitié venant d'une montée en gamme réussie, côté allemand.
Mais cela vient moins de la politique du chancelier Schöder que de la réunification avec l'ancienne RDA, a souligné hier Xavier Ragot, directeur de l'OFCE, lors de la présentation de la revue. La décentralisation des négociations salariales, décidée en 1994, a permis d'adapter les salaires à l'effort. Le mouvement inverse est d'ailleurs en cours, avec la mise en place d'un salaire minimum au niveau national.
Le poids de l'immobilier
Trois points encore à noter, dans ce registre franco-allemand. L'évolution des coûts salariaux français est dans la moyenne européenne, c'est l'Allemagne qui est l'exception (avec la Grèce, en sens contraire...). Le coût de l'immobilier en France (location comme achat) crée un écart de près de 10 % de pouvoir d'achat entre les ménages des deux pays. Enfin, la "gouvernance" des entreprises allemandes, en clair la plus grande implication des syndicats dans les décisions, a permis selon Xavier Ragot cette fameuse modération salariale, mais aussi des choix plus éclairés sur l'investissement.
Plus généralement, fidèle à sa tradition, l'OFCE plaide pour une politique plus équilibrée entre offre et demande. La relance de l'investissement par les baisses de charges et d'impôts serait ainsi payante dans cinq ans, mais "vouée à l'échec" à court terme, affirme Xavier Ragot. En revanche, soutenir la demande aurait des effets immédiats sur la croissance et l'emploi. Notons enfin que l'OFCE voit une reprise de l'investissement l'an prochain à 4 % - moins que le gouvernement. Francis Brochet
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