le Progrès du mardi 4 avril 2017
TERRORISME - UNE BOMBE EXPLOSE DANS LE MÉTRO AU CENTRE DE SAINT-PÉTERSBOURG
La Russie frappée au coeur par un attentat
Un attentat à la bombe dans une rame de métro de la deuxième vile du pays a fait une dizaine de mors et de très nombreux blessés. L'attaque aurait été menée par un kamikaze.
"Un fracas terrible d'explosion a résonné dans le tunnel, puis le métro est arrivé, s'est arrêté et les gens se sont tous mis à descendre en courant et en hurlant"... Ce retraité qui patientait sur le quai opposé de la station Tekhnologuitcheski Institout en plein centre de Saint-Pétersbourg témoigne "avoir vu quatre cadavres à travers la fenêtre de la rame".
Après l'annonce de dix puis 9 morts, le bilan hier soir était évalué à 11 morts dont sept personnes tuées dans la rame, trois décédées lors que transport et à l'hôpital. Sur les 37 blessés hospitalisés, six sont dans un état grave dont une adolescente.
La piste terroriste
Saisi, le Comité d'enquête russe, organisme chargé des principales affaires, a ouvert une enquête pour "acte terroriste" et semblait retenir l'hypothèse d'une attaque kamikaze. Peu après, une bombe artisanale a été "découverte et désamorcée à temps" dans une autre station du centre ville, Plotchad Vosstanïîa.
Hier soir, l'attentat n'avait pas été revendiqué. "Nous étudions toujours toutes les éventualités : accidentelle, criminelle et avant tout une action à caractère terroriste", a assuré, prudent, le Président Vladimir Poutine qui se trouvait à Saint-Pétersbourg, son fief, au moment des faits.
La Russie une cible
Les autorités ont annoncé le renforcement des mesures de sécurité dans le métro de Moscou et les aéroports. À Saint-Pétersboug, le métro est fermé et la municipalité a décrété trois jours de deuil. La Russie a été frappée plusieurs fois par les terrorisme ces dernières années. Sur son territoire comme à l'étranger notamment lors de l'attentat au-dessus du Sinaï contre un avion avec 224 à bord. Daech l'avait revendiqué comme une riposte à l'engagement depuis 2015 de l'armée en soutien au régime de Bachar Al-Assad en Syrie. Mais ce n'est pas la seule piste terroriste.
Conflits du Daghestan et de Tchétchénie, conflit avec l'Ukraine, acte isolé de djihadistes de pays d'Asie centrale. Faute de revendication authentifiée, l'enquête s'annonce large. À quelques mois du centenaire de la révolution d'octobre 1917 et à un an du Mondial 2018 de football, la menace est particulièrement élevée. Vladimir Poutine a reçu hier les condoléances et le soutien de tous les dirigeants occidentaux. Comme tant d'autres pays en Europe, la Russie pleurait ses morts.
"Écoute Poutine, nous allons venir en Russie et vous tuer dans vos maisons. Frères, menez le djihad, tuez-les, combattez-les". Ces menaces émanent d'une vidéo diffusée quelques jours seulement après l'attentat meurtrier de Nice en juillet 2016. Même si hier soir aucune revendication n'était encore tombée après l'attentat, on sait depuis longtemps que la Russie est dans le viseur des terroristes, et notamment de Daech. L'intervention de l'armée russe en Syrie, au côté des soldats de Bachar Al-Assad, a encore renforcé dans les rangs djihadistes cette volonté de frapper le pays de Vladimir Poutine.
Parmi les troupes de Daech, on compte un très fort contingent issu des ex-République soviétique : leur nombre aurait atteint jusqu'à 4 700 hommes l'an dernier, dont 2 400 originaires de Russie même, selon les investigations du Soufan Group, groupe international expert en stratégie militaire. Beaucoup sont originaires du Kirghizistan, Daghestan, Tadjikistan, Ouzbékistan...
La proportion de combattants de ces contrées - partis rejoindre Daech en Syrie et Irak relativement proches géographiquement - a largement augmenté ces derniers mois que celle des djihadistes d'Europe de l'ouest. Certains, parfois ex-soldats de l'armée russe, se sont reconvertis en consultants, marchands d'armes ou soldats d'élite au service du terroriste islamiste au Levant". "Ils sont d'ailleurs mieux équipés et mieux formés que les Syriens ou les Irakiens, pour avoir combattu dans les montagnes du Caucase dans les années 1990-2000", selon le Soufan Group, "ils ont même moins peur face à la mort..." Jusqu'à présent, excepté l'explosion de l'A321 russe au-dessus du Sinaï (224 morts), les services secrets russes (le FSB) avaient réussi à contenir la menace.
De nombreuses arrestations d'extrémistes ont eu lieu en 2016. En juin 2016, Vladimir Poutine avait aussi signé une nouvelle loi anti-terroriste qui restreint les libertés individuelles et élargit les possibilités pour les organes de sécurité d'intervenir dans les communications privées. X.F.
A découvrir aussi
- le Progrès du jeudi 17 novembre 2016
- le Progrès du lundi 26 décembre 2016
- le Progrès du vendredi 27 janvier 2017
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 59 autres membres