le Progrès du mardi 7 février 2017
TRAITÉ - MAASTRICHT : 25 ANS DE POLÉMIQUES
Anniversaire sans fanfare pour le traité ayant posé les bases de l'euro : il continue de diviser en France et en Europe.
La célébration est bien discrète, pour un événement qui a changé la vie de centaines de millions d'Européens ! Il y a 25 ans, le Traité de Maastricht lançait notre monnaie, l'euro. Il créait aussi une citoyenneté européenne, qui nous permet de voter et d'être élu partout dans l'Union. Il entrouvrait même le chemin vers une défense commune.
La discrétion doit sans doute au caractère toujours polémique de l'événement et de ses conséquences. Tout le quinquennat de François Hollande a ainsi été entravé par des "frondeurs", qui ont ouvert les hostilités dès l'automne 2012, sur l'Europe. Contre le traité sur la stabilité de l'euro, énième réécriture de Maastrich. Résultat : le PS a un candidat présidentiel, Benoît Hamon, qui garde l'euro mais rejette le critère des 3 % de déficit.
Et maintenant, la défense ?
Ces polémiques ne sont pas réservées à la France : en Allemagne, Angela Merkel voit monter la contestation des anti-euro de l'AFD, qui ne veulent pas "payer" pour l'Europe du Sud. En Italie ou en Grèce, on dénonce au contraire le joug allemand de l'austérité. En cause, la crise de 2008. Elle est née aux États-Unis, mais c'est la zone euro qu'elle a failli tuer, à travers le "Grexit" - la sortie de la Grèce un temps envisagée. Elle a tendu comme jamais le fil de la solidarité entre les États, et fait dire au prix Nobel Joseph Stiglitz : "L'euro menace l'avenir de l'Europe", car il "rend les pays faibles plus faibles, et les forts, plus forts".
Vingt-cinq ans après Maastricht, l'Europe paraît encore condamnée aux crises : l'euro, les migrations, le Brexit et maintenant l'hostilité du nouveau président américain. François Hollande et Angela Merkel s'emploient à construire des solutions, sans l'audace ni la capacité d'action de François Mitterrand et Helmut Kohl, aiguillonnés par Jacques Delors. Ils piétinent depuis des mois sur une "refondation" de l'euro qu'ils ne dessinent pas de la même manière. En compensation, ils devraient proposer le 25 mars à Rome, pour l'anniversaire de la Communauté européenne, de relancer la défense européenne. Justement le domaine maltraité à Maastricht, au profit de la seule monnaie unique. L'histoire bégaie, parfois. F.B.
■ Le traité de Maastricht en bref
Le traité crée une Union économique et monétaire, dotée de l'euro comme monnaie unique. S'ajoute un modeste volet social dont s'exonère le Royaume-Uni. L'UE devient compétente dans l'éducation, la formation, la culture, la santé publique, la protection des consommateurs, les réseaux trans-européens et l'industrie.
■ 9 et 10 décembre 1991
Le Conseil européen réuni à Maastricht (Pays-Bas) valide le projet de traité sur l'Union européenne.
■ 7 février 1992
Le traité est officiellement signé à Maastricht par les 12 États de la CEE, devenue l'Union européenne le 1er décembre 1993.
■ 20 septembre 1992
Les Français disent oui à 51,04 % au traité de Maastricht.
■ 1er janvier 1999
Taux de change bloqués dans les onze pays (ils sont aujourd'hui dix-neuf), qui entrent dans l'euro.
■ 1er janvier 2002
Pièces et billets en euros circulent.
■ 29 mai 2005
"Non" des Français au projet de Constitution européenne (54,7 %).
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