le Progrès du mardi 8 novembre 2016
ÉLECTION DU 45e PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS AUJOURD'HUI
Clinton-Trump : quand deux Amériques s'affrontent
Une première femme à la Maison Blanche ou bien un candidat en rupture avec le système politique y compris avec son propre parti ? Hillary Clinton ou Donald Trump : cette élection pour succéder à Barack Obama révèle les fractures de la première puissance mondiale et la défiance des Américains envers leurs élites.
Donald Trump est-il un repoussoir suffisant pour motiver tous les électeurs démocrates, les indécis, les hispaniques et quelques républicains très modérés à voter pour Hillary Clinton ? Le désenchantement, le rejet de l'élite en général et du clan Clinton en particulier, sont-ils assez forts pour porter à la Maison Blanche le candidat de l'anti-système venu de l'immobilier et de la téléréalité ? La réponse apportée à ces deux questions par les électeurs d'une dizaine d'États où se joue l'élection donnera demain, au petit matin l'identité du 45e président des États-Unis. Si un recomptage n'est pas nécessaire comme en 2000 lors du terrible final entre Georges Bush et Al Gore.
Duel de mal-aimés
L'accession d'une première femme à la Maison Blanche ne soulèverait, pourtant pas un enthousiasme débordant aux États-Unis et ailleurs. Celle d'un président républicain plus iconoclaste que le cow-boy d'Hollywood Ronald Reagan en 1980 hérisserait les cheveux d'une moitié de l'Amérique, des places financières et des dirigeants du monde occidental et sud-américain.
Les années Obama s'achèvent par un duel de mal-aimés. Deux Amériques qui à force de s'ignorer et de s'éloigner ont fini par se séparer et se détester s'affrontent dans les urnes ce mardi par candidats interposés. L'Amérique d'Hillary Clinton rassemblerait une population ouverte sur le reste du monde, sur l'univers numérique du XXI siècle et aussi sur les évolutions ethniques et culturelles de la société américaine.
Des cadres, des professions libérales et intellectuelles, des fonctionnaires, résidant dans les métropoles et sur les rivages des océans, des minorités noires à l'est et hispaniques au sud, plus la Californie, ce pays dans le pays.
Choix par défaut
L'Amérique de Donald Trump, blanche, rurale, continentale, repliée agrégerait les victimes de la désindustrialisation, les adeptes de la gâchette, les bâtisseurs de murs aux frontières, les mécontents de tous horizons, ceux qui au sud plantent encore le drapeau confédéré dans leur jardin et le Texas, cet autres pays dans le pays. Le clivage n'est pas nouveau, pas propre aux États-Unis. Mais comme tout le reste, il apparaît plus tôt, plus fort en plus grand et s'affiche de façon plus ostentatoire.
Ce choix par défaut entre la démocrate Hillary Clinton, 69 ans, pur produit d'un système politique au fond très dynastique et entre-soi, et le républicain Donald Trump, 71 ans, milliardaire, surdoué pour le show télévisé, résultat d'une crise à la fois sociale et identitaire résonne comme l'échec des réconciliations, des réductions d'inégalités promises par Barack Obama.
Comme s'il voulait minorer les renoncements, les blocages, les déceptions des huit années écoulées que placerait sous les sunlights une victoire de Trump, ce Président, objet de tant d'espoirs, jette ses forces et ses derniers points de popularité dans les ultimes meetings pour aider son ancienne rivale de 2008. Elle est ce matin légèrement favorite des sondages. Pour deux raisons : le vote hispanique, de plus en plus important dans les États clés, lui semble acquis, les remarques obscènes de Donald Trump contre les femmes risquent de le priver de voix décisives.
Mais contrairement aux deux précédents scrutins qui ont porté Obama à la Maison Blanche, le match n'est pas plié car Trump possède des réserves insoupçonnées chez les mécontents de tous bords. Les résultats en Floride et dans quelques autres États trancheront dans cette élection qui ne s'achèvera pas par un vote d'adhésion. La continuité démocrate avec Clinton ou la révolution républicaine incertaine avec Trump : Un vrai choc de deux Amérique. Pascal Jalabert
DEUX PROGRAMMES QUE TOUT OPPOSE
La présidentielle américaine n'est pas seulement un choc de personnalités. Presque tout oppose Hillary Clinton et Donald Trump, à commencer leurs programmes respectifs.
Les polémiques et les scandales ont fait passer leurs promesses au second plan. Pourtant, les deux candidats à la Maison blanche ont des visions radicalement différentes sur tous les grands thèmes de la campagne. Leurs points de convergence sont rares. Hillary Clinton et Donald Trump sont uniquement d'accord pour faire baisser le prix des médicaments et pour augmenter les investissements dans les infrastructures.
■ Impôts
Hillary Clinton veut s'attaquer aux inégalités en haussant les impôts des plus riches. Elle compte aussi taxer les entreprises qui délocalisent à l'étranger, mais réduire l'imposition des petites entreprises. Donald Trump annonce une baisse massive des impôts pour les ménages et les entreprises de 5 900 milliards de dollars (5 350 milliards d'euros) en dix ans. Il veut taxer plus les importations.
■ Immigration : le mur
Donald Trump en a fait l'argument massue de sa campagne. Le candidat républicain veut construire un mur de 1 600 kilomètres le long de la frontière mexicaine. Il a fait marche arrière sur l'expulsion de 11 millions de clandestins et sur l'interdiction d'enter aux États-Unis pour les musulmans, mais sans y renoncer totalement. Hillary Clinton veut au contraire régulariser les sans papiers, notamment les parents d'enfants nés aux États-Unis.
■ Politique étrangère
L'ancienne secrétaire d'État défend la place des États-Unis au sein de l'OTAN et souhaite une plus forte implication de l'armée américaine en Syrie. Beaucoup plus isolationniste, Donald Trump annonce "un plan secret" pour anéantir Daech et menace de sortir de l'Alliance Atlantique. Le candidat républicain prône un rapprochement avec la Russie, mais accuse la Chine d'être un adversaire commercial et d'avoir inventé la notion de réchauffement climatique pour nuire à l'industrie américaine. Il menace aussi de remettre en cause les accords de libre-échange.
■ Salaires
Hillary Cliton plaide pour une hausse du salaire horaire minimum au niveau fédéral et veut le faire passer de 7,25 dollars (6,60 euros) à 12 dollars (10,90 euros). Donald Trump était contre toute augmentation avant de proposer un salaire de base à 10 dollars (9 euros) mais en laissant chaque État décider.
■ Armes à feu
Donald Trump défend le droit des Américains à porter une arme, affirmant qu'il y aurait moins de tueries de masse si tous les Américains étaient armés. Hillary Clinton veut au contraire renforcer le contrôle des antécédents des acheteurs d'armes et bannir les fusils d'assaut mais sans toucher au deuxième amendement.
■ Santé :
Hillary Clinton veut étendre l'Obamacare, l'assurance-maladie universelle qui couvre déjà 20 millions d'Américains, et abaisser de 65 ans à 55 ans l'âge pour accéder au soins gratuits du programme Medicare. Donald Trump promet lui de supprimer l'Obamacare et de la remplacer par un compte-épargne santé.
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