le Progrès du mercredi 10 juin 2015
ECONOMIE - Retraites : pourquoi rien n'est réglé. Le rapport du Conseil d'orientation des retraites est publié aujourd'hui. Le Conseil d'orientation des retraites publie aujourd'hui ses projections actualisées sur l'avenir des régimes de retraite. Les problèmes de financements restent entiers et le niveau de vie des retraités va baisser pendant des décennies.
Balladur en 1993, Fillon en 2003, Sarkozy en 2008 et 2010, Hollande en 2012 : les réformes des retraites se succèdent... sans régler le problème. Le régime reste déficitaire et le dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR), qui sera publié aujourd'hui, n'est guère réjouissant : dans le schéma le plus optimiste, les caisses de retraite ne seront à l'équilibre qu'en 2030. Et n'y croyons pas trop fort : il faudrait pour cela une croissance de 1,5 % chaque année - on en est loin - et un taux de chômage ramené à 4,5 % de la population active. Rappelons qu'il est actuellement... de 10,3 %.
Tous les paramètres sont au rouge. Jusqu'en 2012, les gouvernements se sont gardé de toucher aux pensions. François Hollande a levé ce tabou en instaurant une taxe de 0,3 % sur les retraités imposables. Le résultat n'a pas tardé : selon une étude "Les retraités et les retraites" publiée le 11 mai par les ministères des Finances et des Affaires sociales, le niveau moyen des retraites a commencé à baisser. Et ce n'est qu'un début. Les pensions étant indexées sur l'inflation, qui progresse moins vite que les salaires, le fossé entre revenus salariés et retraites va se creuser... jusqu'en 2060 !
Manque d'actifs
Le régime par répartition, auquel les Français sont très attachés, a un gros avantage : il est indépendant du système financier, puisque les retraites sont payées par les actifs aux pensionnés, sans placement sur les marchés. Il a, hélas, également un gros handicap structurel : avec l'explosion du nombre de retraités (à cause du papy-boom et de l'allongement de la durée de vie) on manque d'actifs pour verser au pot. Il y avait quatre cotisants pour un retraité avant l'abaissement de l'âge de départ de 65 à 60 ans. Il y a aujourd'hui 1,7 actif pour un retraité. Et malgré le recul de l'âge de la retraite à 62 ans, il ne restera plus que 1,4 actif pour un retraité en 2040.
Recettes
Les recettes pour faire face au déséquilibre sont connues depuis le livre blanc commandé par Michel Rocard en... 1991. Elles ont été mises en œuvre de façon plus ou moins timide : baisse du montant des retraites par le calcul de la pension sur les 25 meilleures années (au lieu de dix), allongement de la durée des cotisations, recul de l'âge de la retraite.
Pas pour tous
Pourquoi cela n'a-t-il pas marché ? D'abord parce que les réformes ont consisté à colmater les brèches plutôt qu'à consolider l'avenir. Ensuite - et surtout - parce qu'elles n'ont visé, pour l'essentiel, que les salariés du privé. Les fonctionnaires voient toujours leur retraite calculée sur les six derniers mois d'activité et non sur les 25 meilleures années. Quant au régime spéciaux (SNCF, EDF, mineurs, Opéra de Paris, etc...) ils n'ont été égratignés qu'à la marge, par Xavier Bertrand en 2008. Ajoutons que les mesures "sociales" de 2012 (retraite à 60 ans pour les carrières longues, compte pénibilité) compliquent le redressement du régime général et creusent le trou des complémentaires obligatoires Argic et Arcco.
Y a-t-il des solutions ?
L'augmentation de la durée de cotisation va se poursuivre. D'après le COR, ce sera insuffisant pour maintenir le niveau des retraites. Les jeunes générations ne couperont certainement pas à l'épargne retraite privée. Et il faudra bien solder un jour le coût des régimes spéciaux. Patrick Fluckiger
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