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TURQUIE - COUP D'ÉTAT. L'ARMÉE ANNONCE AVOIR PRIS LE POUVOIR

L'armée turque affirme avoir pris les commandes du pays hier soir, à Ankara, pour "rétablir la démocratie". La loi martiale et le couvre-feu ont été décrétés sur l'ensemble du territoire turc.

es avions qui survolent Istanbul et Ankara des chars d'assaut dans les rues et devant les aéroports fermés, l'emblématique place Taksim contrôlée par les militaires... À l'heure où nous mettons sous presse, l'agitation était sensible à Ankara, la capitale et à Istanbul, la plus grande ville du pays.

À Istanbul, les ponts sur le Bosphore étaient fermés dans le sens Asie-Europe. Le métro était bloqué, et une explosion était entendue au commandement central de la police. Tous les vols étaient annulés hier soir.

À Ankara, une autre explosion a été entendue au centre d'entraînement des forces spéciales. Alors que le premier ministre turc dénonçait une "tentative illégale" par un groupe au sein de l'armée, une agence de presse pro-gouvernementale annonçait que le chef d'État-major des armées était "l'otage" de militaires putschistes.

Le président Erdogan serait actuellement en vacances à Bodrum, une station balnéaire sur la mer Egée. Hier soir, il se disait qu'il avait quitté le pays dans son jet privé.

L'armée, opposante laïque à l'islamiste Erdogan

L'armée a-t-elle profité de son absence pour régler une fois pour toutes ses comptes avec un chef d'État islamiste du parti AKP qui n'a cessé ces dernières années d'étendre son pouvoir ?

Depuis des décennies, l'armée turque se présente comme la dépositaire de l'héritage laïque et moderniste de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la Turquie moderne. Les militaires ont toujours vu d'un mauvais oeil les coups de canif, devenus de plus en plus profonds, assénés par Erdogan à la laïcité qui faisait la fierté de la Turquie.

L'armée était également en porte-à-faux sur le front syrien. Officiellement, la Turquie combat Daech mais en réalité Erdogan n'a jamais cessé de commercer avec les djihadistes, qui trouvent en Turquie la possibilité d'écouler leur pétrole.

Plus récemment, Erdogan a engagé un bras de fer avec l'Union Européenne sur la question des réfugiés, menaçant d'ouvrir les frontières pour laisser passer en Europe des centaines de milliers de Syriens.

Tout cela a créé en Turquie une situation délétère proche de la guerre civile. Si l'armée réussissait son putsch - ce qui n'était pas acquis hier soir - on assisterait à un changement diplomatico-militaire complet au Proche-Orient. Elle a peut-être mis fin à treize ans de pouvoir d'Erdogan. Patrick Fluckhiger