le Progrès du samedi 17 juin 2017
Père de l'unité allemande, pilier de la construction européenne et détenteur du record de longévité à la chancellerie après-guerre (1982-1998), Helmut Kohl est mort hier à 87 ans.
"Helmut Kohl était l'essence même de l'Europe", a commenté le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker en apprenant le décès de l'ancien Chancelier, survenu hier dans sa maison de Ludwigshfen. Il avait 87 ans. Helmut Kohl, en très mauvaise santé et cloué dans un fauteuil roulant.
■ Enrôlé de force en 1945
Il s'était mis en retrait de la vie politique allemande depuis l'actuelle chancelière, Angela Merkel, lui avait pris les commandes du parti à l'issu d'une bataille interne. La fin d'une longue et très riche carrière politique. C'est à la faveur d'une rupture de coalition provoquée par les libéraux du FDP que ce provincial un peu pataud issu d'un village paisible du Palatinat succède, en 1982, à l'énergique Helmut Schmidt à la tête de la Chancellerie.
Qui aurait cru, à l'époque, que seulement sept ans plus tard, Helmut Kohl se transformerait en architecte déterminé et habile de la réunification de son pays ? Adolescent, il avait connu les affres de la guerre. En mai 1945, âgé tout juste de quinze ans, il se trouve à l'extrême sud-est de l'Allemagne, à Berchtesgaden, où il a été envoyé de force avec les jeunesse hitlériennes. L'adolescent traverse à pied la moitié du pays pour rentrer chez lui.
Dans la crise des euromissiles qui opposait les SS-20 de l'Union soviétique au monde occidental, Kohl poursuit la politique de son prédécesseur Schmidt et prône la fermeté face à l'URSS. Il se trouve ainsi sur la même longueur d'ondes que le président français François Mitterrand. En 1984, Helmu Kohl multiplie les voyages à portée historique : il se rend en Israël et le 22 septembre, à Verdun, avec François Mitterrand.
Helmut Kohl en septembre 2012
■ L'unité
En 989, la population est-allemande augmente la pression sur le gouvernement à Berlin-Est, par des manifestations hebdomadaires pacifiques. Le 9 novembre, le Mur de Berlin tombe. L'heure de Kohl a sonné : en arrachant l'accord de l'URSS à Grbatchev, il saisit sa chance historique pour cette réunification et fonce. Ainsi, le 28 novembre, il prend tout le monde de court, amis politiques comme pays voisins, et présente "un programme en dix points" pour parfaire rapidement l'unité. Il accorde aussitôt des crédits aux régions de l'ex-RDA.
Contre la résistance de Margaret Thatcher et malgré la réticence de François Mitterrand, Helmut Kohl réussit ainsi "l'intégration de la République démocratique allemande" (RDA). L'unité de l'Allemagne est réalisée, la guerre froide touche à sa fin. Helmut Kohl entre dans l'Histoire comme le père de l'unité allemande. Peter Pfeil
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