le Progrès du samedi 18 juillet 2015
ENQUETE - Attentat déjoué dans les Pyrénées-Orientales. L'Etat islamique avait demandé de "frapper" la France. Après la révélation des préparatifs d'attentat au fort militaire Béar de Port-Vendres, dans les Pyrénées-Orientales, les profils des suspects et leurs motivations se précisent.
L'enquête sur l'attentat déjoué cette semaine au fort militaire de Port-Vendres, dans les Pyrénées-Orientales, avance. Hier, le procureur de la République de Paris a révélé qu'un djihadiste de l'Etat islamique avait demandé, depuis la Syrie, à l'un des trois suspects de "frapper" la France.
Trois jeunes hommes, Ismaël K. (17 ans), Djebril A. (23 ans) et Anoine F. (19 ans), ont été arrêtés dans le cadre de l'enquête sur ce projet d'attentat - un quatrième âgé de 16 ans a été relâché. Leur garde à vue de quatre jours s'est achevée hier matin. Le parquet a ouvert une information judiciaire du chef d'association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme. Il a requis le placement en détention de trois suspects, qui devaient être présenté à un juge d'instruction en vue de leur mise en examen, puis à un juge des libertés.
Ces trois suspects avaient été arrêtés en toute discrétion la veille du 14 juillet, près de Valenciennes (Nord), au Chesnay (Yvelines) et à Marseille. Mais François Hollande avait pris de court les responsables de l'anti-terrorisme en révélant mercredi que "des actes terroristes" avaient été déjoués "cette semaine".
Premiers contacts sur les réseaux sociaux
Selon les premiers éléments de l'enquête, les suspects se sont connus sur les réseaux sociaux et ont préparé ensemble leur départ en Syrie pour y mener le djihad. Mais la radicalisation du plus jeune, originaire de Beuvrages (Nord), repérée par le renseignement, a été signalée par un membre de sa famille. Dans l'impossibilité de se rendre en Syrie, il a alors reçu instruction d'un djihadiste se trouvant en Syrie de "frapper sur place en France".
Après des échanges avec les deux autres suspects, le choix s'est porté sur le sémaphore de Fort Béar, un camp militaire sur les hauteurs de Port-Vendres, où avait officié le plus âgé des trois. Djebril A. avait en effet été guetteur au sémaphore avant d'être réformé de la Marine "pour troubles d'adaptation au métier de militaire". Son contrat a pris fin en janvier 2015.
Les trois suspects auraient envisagé de tuer des militaires et de décapiter le chef du détachement, en filmant la scène pour la diffuser sur internet. L'exécution de ce projet aurait été planifiée pour fin décembre 2015 ou début janvier 2016, mais aucun des trois n'a indiqué, lors de sa garde à vue, avoir choisi cette période en référence à la date anniversaire des attentats de janvier 2015, a précisé le procureur de la République de Paris.
Les militaires sont des cibles récurrentes de djihadistes : Mohamed Merah en avait assassiné trois et très grièvement blessé un, en mars 2012.
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