le Progrès du samedi 23 janvier 2016
TUNISIE - Manifestations. La colère gagne du terrain. En proie depuis une semaine à un mouvement social pour demander plus d'emplois, la Tunisie s'enfonce dans la crise. Le ministère de l'Intérieur a instauré un couvre-feu de 20 heures à 5 heures sur l'ensemble du territoire.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, les manifestations se sont étendues à la banlieue de Tunis. Des commerces ont été pillés dans les quartiers populaires de la capitale. A Kasserine, à 300 kilomètres au sud de Tunis, la situation était toujours "critique" selon un habitant.
Fort taux de chômage
C'est dans cette ville que la contestation a débuté après la mort, samedi, d'un chômeur qui protestait contre le retrait de son nom sur une liste de personnes qui devaient être embauchées dans la fonction publique. Mais ce mouvement dépasse largement l'histoire d'une seule personne. Il s'agit du problème d'une génération entière, mal formée depuis l'effondrement du système éducatif tunisien dans les années 2000.
Cette génération subit à la fois un fort taux de chômage - 15,3 % au troisième trimestre 2015- et l'oubli des région intérieures d'où est justement partie la contestation. Et elle ne cesse, depuis cinq ans et le début de la révolution, de répéter ses revendications : développement des régions, décentralisation des pouvoirs, fin de la corruption... sans qu'aucune action ne soit mise en place. Les observateurs notent d'ailleurs un schéma comparable entre ce mouvement social et celui qui, en 2011, a provoqué le départ du dictateur Ben Ali. Le gouvernement actuel, lui, "ne sais pas ce qu'il doit faire" estime Messaoud Romdhani del 'ONG Forum Tunisien pour les Droits économiques et sociaux.
5 000 "embauches" annoncées par erreur...
Kamel Ayadi, le ministre de la Fonction publique, a certes annoncé la création d'une commission nationale pour enquêter sur les cas de corruption lors des concours de recrutement. Mais son collègue, Khaled Chaouket, porte-parole du gouvernement, a fait une bourde mercredi en annonçant le recrutement de 5 000 chômeurs. Slim Chaker, le ministre des Finances, a dû démentir jeudi : "Nous avons décidé que 5 000 chômeurs bénéficieront des différents mécanismes d'emploi et non l'emploi de 5 000 chômeurs". Un peu tard, puisque des milliers de jeunes s'étaient rassemblés devant les gouvernorats, pour obtenir des informations sur ces créations d'emploi.
Habib Essid, le Premier ministre, était hier à Paris. L'occasion pour François Hollande d'annoncer la mise en place d'un plan de soutien à la Tunisie d'un milliard d'euros sur cinq ans. "Un des axes majeurs vise à aider les régions défavorisées et la jeunesse, en mettant l'accent sur l'emploi", a indiqué la présidence française. Maryline Dumas
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