le Progrès du samedi 23 mai 2015
SYRIE-IRAK - Qui arrêtera Daech dans ses conquêtes ? Les sites archéologiques sont menacés, la coalition ne ralentit pas la progression des terroristes. Après Ramadi en Irak, Palmyre en Syrie. En s'emparant de ceux villes symboliques, Daech s'enracine, fait reculer les pouvoirs en place et défie la communauté internationale. Que peut-elle faire ?
200 000 C'est le nombre de victimes du conflit en Syrie depuis 2011. A Palmyre même, la bataille aurait fait 462 morts selon l'observatoire syrien des Droits de l'Homme : 71 civils (certains exécutés par l'EI), 241 membres des forces du régime et 150 djihadistes.
"Les ruines de Palmyre sont spectaculaires. Mais leur perte n'est pas aussi importante que la destruction d'une civilisation vivante". Nadim Houry, responsable de l'organisation non-gouvernementale Human Rights Watch au Moyen-Orient.
L'Etat islamique (Daech) est-il en train de réussir son pari de bâtir un "Etat" ? Si les fondations administratives sont loin d'être posées pour son projet "califat", le groupe terroriste, fort d'une arme multinationale de plusieurs dizaines de milliers de combattants, occupe, après la prise hier de la cité antique de Palmyre, un territoire à cheval sur la Syrie et l'Irak de plus en plus vaste.
La frontière entre ces deux pays est désormais caduque. L'"empire" de Daech s'étend sur 300 000 km2, soit "l'équivalent du Royaume-Uni avec l'Irlande, une population de huit millions de personnes, où il contrôle les ressources, prélève l'impôt", nous décrit Fabrice Balanche, expert reconnu de la Syrie. Palmyre, au-delà du symbole et du danger qui pèse sur son joyau patrimonial et sa prison emblématique, ouvre une nouvelle route vers l'Irak, et Ramadi, ville prise la semaine dernière par le groupe djihadiste. Palmyre représente aussi "un carrefour de communication, d'où Daech peut lancer des raids vers Homs, Deir-ez-Zor, ou même Damas.
Qui sont les combattants de Daech ?
Ils sont 457 Français actuellement recensés en Irak et en Syrie, dont 137 femmes et 80 mineurs (dont 45 adolescentes), et une centaine seraient morts au combat. Ce sont les chiffres dévoilés mardi à l'Assemblée nationale par Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur.
Si l'on compte quelques milliers d'Européens et d'Occidentaux, ils ne forment pas pour autant la majeure partie de Daech. "Il y aurait 10 000 combattants issus des pays arabes (Saoudiens, Marocains, Tunisiens...)", estime Fabrice Balanche, "mais aussi beaucoup de guerriers d'Asie centrale : des Tadjiks (près de 2 000), les Ouzbeks, ou les Tchétchènes qui gèrent tous les réseaux de recrutement en Russie et Asie centrale".
Occidentaux, Arabes et ces combattants d'Asie centrale formeraient ainsi le "noyau dur" de Daech, et autour graviteraient 50 000 à 60 000 Syriens et Irakiens. Parmi ces derniers, des "membres des tribus sunnites mis de côté par le pouvoir chiite irakien". La stratégie de Daech est clairement d'obtenir "un parti de masse" et le soutien de la population, en épousant le combat contre les chiites et les Kurdes.
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