le Progrès du samedi 27 mai 2015
KOWEIT - 27 morts dans l'attaque d'une mosquée. La mosquée chiite Al-Imam al-Sadeq, à Koweït City, a été la cible d'un attentat suicide, hier, au moment où les fidèles effectuaient la grande prière pour le deuxième vendredi du mois du jeûne sacré du ramadan.
Le groupe extrémiste sunnite, qui considère les chiites comme des hérétiques, a très rapidement revendiqué l'attaque qui a fait au moins 27 morts et plus de 200 blessés. La "province de Najd", qui s'est récemment manifestée comme la branche saoudienne de l'Etat islamique, a ensuite donné les motivations du kamikaze Abou Souleiman al-Muwahhid. Cette mosquée aurait donc été choisie car elle "répandait l'enseignement chiite parmi la population sunnite".
Anéanti, l'émir du Koweït, Cheikh Sabah al-Ahmad a élevé le niveau d'alerte. Les réactions et les condamnations n'ont pas tardé à fuser. Le principal groupe représentant l'islam sunnite, le mouvement islamique constitutionnel, s'est insurgé contre une "basse attaque criminelle contre une mosquée". Le principal leader religieux sunnite du pays, Cheikh Ajeel al-Nashmi, a jugé que l'attaque était un acte criminel visant à semer les graines de la discorde mais que "chiites et sunnites feront assurément ensemble échouer la conspiration des terroristes".
Il s'agit de la toute première attaque visant un lieu de prière fréquenté par des chiites dans ce riche émirat pétrolier à majorité sunnite, mais l'Arabie saoudite voisine a été secouée à deux reprises le mois dernier par des attaques semblables de l'organisation djihadiste, qui ont fait au total plus de 20 morts.
Les islamistes contre les musulmans
L'assassinat d'Ahmed Merbet par les frères Kouachi en avait été le symbole, après le militaire d'origine arabe tué par Mohamed Merah. La terrible journée d'hier en confirme la réalité : c'est parmi les musulmans que les islamistes font le plus de victimes - même s'il n'est pas question d'oublier ici les victimes juives de Merah ou d'Amedy Coulibaly. L'explication pourrait être dans l'opposition entre deux branches de l'islam, vécue par les fanatiques comme deux religions différentes, le chiisme et le sunnisme.
Mais Daech ne demande pas aux civils qu'il tue tue en Irak s'ils sont chiites ou sunnites. Les djihadistes "ne sont pas insérés dans la communauté musulmane, ni en France ni ailleurs, explique l'expert Olivier Roy. Il faut voir Daech non comme une frange radicalisée de l'islam, mais comme un ramassis de radicaux internationalistes, qui agissent contre les populations locales, avant tout musulmanes". F.B.
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