le Progrès du samedi 28 janvier 2017
IRAK - CONFLIT. À MOSSOUL, DAECH FAIT DE LA RÉSISTANCE
Le 17 octobre 2016 était lancée la bataille de Mossoul, deuxième ville d'Irak, aux mains de Daech. Si les Irakiens et leurs alliés progressent, les djihadistes continuent de résister.
Combien de temps peut durer la bataille de Moussoul déclenchée mi-octobre par l'armée irakienne? Des jours, des mois ? "Le temps de la victoire est venu", déclarait à cette période le Premier ministre irakien Haider al-Abadi. Alors que les Irakiens consolident leurs positions avant de s'engager dans la bataille finale à l'ouest, le point avec Stéphane Mantoux, agrégé d'histoire et spécialiste des conflits irako-syriens.
Quel état des lieux dresser de la bataille de Mossoul ?
Ces dernières semaines, l'armée irakienne a libéré l'est de la ville, et s'apprête à traverser le fleuve Tigre. "Elle a progressé dans cette zone rapidement, avec la Golden division (troupes d'élite), toutes les forces devaient avancer en même temps, au nord avec les Kurdes, à l'est et au sud avec les Irakiens, décrit Stéphane Mantoux. Mais le contexte militaire et politique est très complexe : le pouvoir politique s'était emballé sur la durée de la bataille, il avait sous-estimé la résistance de l'organisation État islamique, et a dû réviser sa stratégie". Les tensions - et intentions divergentes - entre Kurdes, milices chiites et Irakiens ne favorisent pas la cohésion de l'offensive.
Le groupe État islamique est-il affaibli ?
Une porte de sortie avait été laissée à l'ouest de la ville, mais les combattants de l'EI ne l'ont pas empruntée. "Il était évident que l'EI allait tenir Mossoul", assure Stéphane Mantoux. Les djihadistes ont, selon lui, amplifié "durant le siège, le réseau de tunnels". Daech a aussi beaucoup misé ces derniers mois sur une "arme de masse", les VBIED (véhicules-suicides, "jusqu'à 50 par semaine"), mais des ateliers de fabrication ont pu être détruits par les bombardements de la coalition. Alors le groupe terroriste s'est rabattu sur les drones armés, très efficaces. Les djihadistes seraient encore plusieurs milliers, "conservés pour la bataille finale". Les deux camps ont déjà subi "des pertes conséquentes", mais ce qui s'annonce à l'ouest, dans les ruelles de la vieille ville, "un combat urbain de fantassins, sera encore plus coûteux", prédit l'expert. "L'EI se battra jusqu'au dernier", pense-t-il.
Au milieu de cette bataille, comme vit la population ?
Plus de 130 000 civils (sur une population d'1,5 million) auraient déjà fui la ville, selon l'ONU. Il resterait 750 000 personnes dans la partie occidentale de Mossoul. En 2014, Daech avait été "plutôt bien accueillie" par la population. Il s'appuie d'ailleurs sur une grande partie de combattants (et de kamikazes) locaux, Irakiens, des étrangers (Marocains, Russes, Tchétchènes...), "mais peu d'Occidentaux", d'après Stéphane Mantoux. Le groupe d'Abou-Bakr al-Baghdadi a "élargi son vivier de recrutement forcé", utilise des Moussouliotes comme "bouclier humain" ou "de nombreux adolescents". Le plus grand défi de l'après-guerre sera de réconcilier ces populations à majorité sunnite avec le pouvoir central irakien chiite. Xavier Frère
2016
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